L'aéroport de Londres-Heathrow en piste pour un développement historique

Après des décennies de tergiversations, le gouvernement britannique a donné son feu vert à la construction d'une troisième piste sur l'aéroport de Londres-Heathrow, saturé depuis des années.
Fabrice Gliszczynski
British Airways, solidement installée à l'aéroport de Londres-Heathrow, doit d'ores et déjà se préparer à affronter, d'ici à une dizaine d'années, une concurrence beaucoup plus vive.

Les verrous sautent. Après des décennies de tergiversations, l'extension de l'aéroport londonien d'Heathrow est en piste, malgré l'opposition des riverains et des défenseurs de l'environnement. Mardi 5 juin, le gouvernement britannique a donné son feu vert à la construction d'une troisième piste sur l'aéroport de Londres-Heathrow, saturé depuis des années. Cette décision ouvre la voie aux parlementaires pour se prononcer sur le sujet dans les 21 jours. Selon une enquête réalisée le mois dernier par le cabinet de recherche ComRes, la plupart des parlementaires ont l'intention de voter en faveur de la troisième piste, qui permettra au Royaume-Uni de rattraper son retard sur ses concurrents européens. Paris et Francfort disposent de quatre pistes et Amsterdam en a six, mais est saturé. Cette décision est loin de faire l'unanimité. Ancien maire de Londres, l'actuel ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, y était opposé.

14 milliards

Cette troisième piste sera la première à être construite dans l'agglomération de Londres en 70 ans. Elle sera financée par le secteur privé et non par l'État britannique. La facture est salée. Avec les expropriations, la construction de parkings..., le coût du chantier s'élèvera à 14 milliards de livres (16 milliards d'euros). Aéroport le plus cher d'Europe loin devant, Heathrow risque donc de voir ses redevances augmenter pour le financer.

« L'expansion à Heathrow représente une opportunité unique d'apporter une impulsion de plusieurs milliards de livres à notre économie, de renforcer nos liens mondiaux et de maintenir notre position de leader mondial dans l'aviation », a déclaré le ministre des Transports Chris Grayling, devant le Parlement.

Pour apaiser les craintes des protestataires, il a déclaré que la nouvelle piste serait livrée conformément aux obligations existantes en matière de qualité de l'air et comprendrait une interdiction de vol de nuit, ainsi qu'une indemnisation pour les résidents et une nouvelle commission de surveillance du bruit.

Connectivité

Cette nouvelle piste devrait ainsi permettre d'augmenter de 260.000 le nombre mouvements annuel (décollages, atterrissages) et d'accueillir un trafic de 135 millions de passagers par an. En 2017, Heathrow a enregistré 474.000 mouvements d'avions. Ce qui est énorme avec une capacité de deux pistes. À titre de comparaison, Roissy et ses 4 pistes a enregistré 475.000 mouvements.

Mais, si une troisième piste à Heathrow ne fera pas les affaires de British Airways, il permettra en revanche au Royaume-Uni d'améliorer sa connectivité avec le reste du monde, notamment en Asie, aujourd'hui mise à mal par les compagnies du Golfe et leur hub du Moyen-Orient.

Une commission indépendante a recommandé Heathrow comme site pour une nouvelle piste en 2015, estimant que l'ajout de capacité procurerait au pays d'importants bénéfices économiques. Le gouvernement a basé une partie de sa politique sur cette infrastructure. Des patrons et des responsables politiques font valoir qu'une extension de Heathrow est encore plus importante depuis que la Grande-Bretagne a décidé de sortir de l'Union européenne, car cet aéroport va permettre de renforcer les liens commerciaux et stimuler la croissance.

Selon une étude réalisée par une commission indépendante, une nouvelle piste à Heathrow permettrait la création de 70.000 emplois nouveaux d'ici 2050 et augmenterait la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,65 à 0,75 point sur la même période, ce qui représenterait une contribution économique de 147 milliards de livres (165 milliards d'euros) sur 60 ans.

L'aéroport d'Heathrow, dont le capital est détenu, entre autres, par le groupe espagnol Ferrovial et les fonds Qatar Investment Authority et China Investment Corp, devra ensuite obtenir un permis d'urbanisme, avant le premier coup de pioche début 2021 et une entrée en service d'ici 2026. Des groupes locaux et l'association Greenpeace pourraient cependant essayer de déposer un recours juridique.

Coup dur pour British Airways

Cette annonce constitue en revanche une mauvaise nouvelle pour British Airways. Solidement installée à l'aéroport de Londres-Heathrow et relativement protégée de la concurrence par la saturation dont souffre cet aéroport depuis plus de 20 ans, la compagnie britannique doit d'ores et déjà se préparer à affronter, d'ici à une dizaine d'années, une concurrence beaucoup plus vive.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 07/06/2018 à 7:50
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Les Belge n'ont pas hésité à détruire tout un village pour agrandir le port d'Anvers ! Les anglais sont prêts à accepter encore plus d'avions qui survolent Londres (les touristes et ceux qui vivent à Londres savent de quoi je parle)... Orly est un aé...

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