SpaceX réussit pour la première fois à poser une fusée... en mer  !

Par latribune.fr  |   |  948  mots
Après cinq tentatives, la société californienne a réussi pour la première fois à faire poser en douceur le premier étage de sa fusée Falcon 9 sur une barge flottant dans l'océan Atlantique. De quoi conforter cette stratégie des lanceurs réutilisables qui pourraient révolutionner le marché des lancements spatiaux.

Après cinq tentatives, la société californienne SpaceX, détenue par le milliardaire américain Elon Musk, a pour la première fois réussi ce vendredi à faire poser en douceur le premier étage de sa fusée Falcon 9 sur une barge flottante, baptisée "Of Course I Still Love You" sur  l'océan Atlantique.

"Le premier étage s'est posé sur 'Bien sûr je t'aime toujours'", a écrit sur Twitter Elon Musk. "1st stage has landed on Of Course I Still Love You". Voir la vidéo : https://t.co/2BXzy20NSt

En décembre, SpaceX était déjà parvenue à poser le premier étage de son lanceur sur la terre ferme après un lancement à Cap Carnaveral, en Floride. Le président américain Barack Obama s'est empressé de féliciter SpaceX pour ce succès.

"Félicitations à SpaceX pour avoir posé une fusée en mer. C'est grâce à des innovateurs comme vous et la Nasa que l'Amérique continue à dominer l'exploration spatiale", a-t-il écrit sur Twitter.

Ce nouveau succès conforte davantage cette stratégie de développer des lanceurs réutilisables, lesquels, peuvent permettre de réduire fortement les coûts des lancements. Un défi pour l'Europe spatiale.

Comment ça marche

A l'aide de moteurs qui ont ralenti sa descente, le premier étage de la fusée, un engin de 70 mètres de haut, a atterri en douceur en position verticale moins de dix minutes après son décollage de Cap Canaveral. Le lanceur a d'abord propulsé la capsule de fret Dragon vers la Station spatiale internationale (ISS).

Deux minutes et demie après la séparation de la capsule Dragon du reste du lanceur, le premier étage de Falcon 9, qui était alors à plus de 100 kilomètres d'altitude, a commencé sa descente avec des moteurs en rétrofusée, se posant en douceur sur une petite plate-forme dans l'Atlantique, à environ 300 km au nord-est de Cap Canaveral.

 Explosion de la fusée en juin 2015

Ce tir, qui a eu lieu à 16h43 (20h43 GMT), marquait la reprise des missions de fret de la firme californienne vers l'ISS après l'accident de sa fusée il y a neuf mois. Fin juin 2015, une fusée Falcon 9 de SpaceX qui devait apporter une cargaison de près de deux tonnes et demie à la Station spatiale internationale avait explosé deux minutes environ après son décollage

Pour SpaceX, qui a passé un contrat de 1,6 milliard de dollars avec la Nasa, il s'agit de la huitième mission d'approvisionnement de l'ISS.

En mars dernier, le lanceur américain Falcon 9 avait lancé avec succès un satellite de télécoms de SES mais avait de nouveau échoué à faire ensuite poser le premier étage de son lanceur sur une barge dans l'Atlantique.

Marché révolutionnaire

L'entreprise californienne démontre ainsi ses capacités à récupérer cette partie du lanceur en le faisant revenir soit sur une plateforme en mer, soit sur la terre ferme. Récupérer le premier étage de ses fusées permettra à SpaceX, si elle peut le faire de manière régulière, d'effectuer de substantielles économies à l'avenir.

 Réduire les coûts de lancement

 Elon Musk, patron de SpaceX, s'est également félicité du succès de l'opération: "Je pense que c'est une bonne étape pour l'avenir des vols spatiaux car cela réduira les coûts" des lancements, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "On a prouvé que ça pouvait marcher".

Elon Musk a expliqué que le carburant de la fusée pour un lancement coûtait 300.000 dollars mais que le coût de production du lanceur était de 60 millions de dollars.

"Si on peut le récupérer et le réutiliser rapidement on réduit cent fois le coût du lancement", a-t-il estimé.

Ce premier étage de Falcon 9 va subir des tests statiques de ses moteurs avant de décider s'il peut voler de nouveau, a indiqué le milliardaire.

Si les tests sont concluants il pourrait être réutilisé dans deux ou trois mois pour un lancement commercial: "A l'avenir, nous espérons que nous pourrons relancer quelques semaines après", a-t-il avancé.

Un autre milliardaire, Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et de la société Blue Origin, avait été le premier en 2015 à faire atterrir sa fusée "New Shepard" après un vol suborbital, jugé moins difficile par les experts. Il a répété l'exploit à trois reprises.

ISS

 La capsule Dragon s'est quant à elle placée sur orbite sans problème vendredi. Elle doit rejoindre l'ISS dimanche à 11H00 GMT pour y livrer 3,1 tonnes d'approvisionnement, des matériels scientifiques et un module habitable gonflable de 1,4 tonne fabriqué par la société américaine Bigelow. Il sera attaché à l'avant-poste orbital, une première.

Cette capsule gonflable est inspirée de concepts inventés par la Nasa dans les années 1990 et développés par la firme créée par l'homme d'affaires Robert Bigelow.

En 2013, il a conclu un contrat de 17,8 millions de dollars avec la NASA pour construire cette nouvelle capsule afin de tester ces habitats spatiaux plus légers.

Amarré à l'ISS à l'aide du bras télémanipulateur, la capsule en kevlar se déploiera grâce à des réservoirs d'air internes pour atteindre quatre mètres de longueur pour un diamètre de 3,2 mètres, lui donnant un volume de 16 mètres cube, soit la taille d'une petite chambre.

Dragon transporte également de la nourriture et de l'eau pour les six membres d'équipage de l'ISS, ainsi que des équipements et du matériel d'expériences, dont 20 souris. Elles permettront d'étudier l'atrophie musculaire et la perte de densité osseuse en microgravité.