Le foie gras va coûter nettement plus cher

Par Sophie Lécluse  |   |  546  mots
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La coopérative Euralis, numéro un mondial du foie gras, entend répercuter la hausse des cours du maïs. Une stratégie qui va de pair avec une montée en gamme

A côté des pâtes, du sucre ou du café, même le foie gras devrait voir ses étiquettes s'envoler cette année. La coopérative Euralis, leader du segment en France et à l'international, négocie en ce moment des hausses de tarif de 12 à 13% avec la distribution. "Elles devraient être répercutées au consommateur, vu que les marges de la distribution sont faibles sur ce produit", explique le directeur général du groupe, Pierre Couderc. Au total, la hausse du maïs, qui représente 50 % du coût de production d'un palmipède à foie gras, va représenter sur 12 mois un surcoût de 22 millions d'euros pour la coopérative. Heureusement pour elle, la coopérative s'est couverte sur le marché à terme et via des contrats avec les agriculteurs.

Sur son exercice 2010-2011, débuté en septembre dernier, Euralis prévoit une croissance de ses ventes comprise entre zéro et 2 % et un résultat d'exploitation de 20,3 millions d'euros, en hausse de 12 millions. Sur l'exercice précédent, le chiffre d'affaires -de 1,2 milliard d'euros hors impact des cours du maïs et des engrais- a progressé de 2,1 % et le résultat net est redevenu positif, à 7 millions d'euros, après des pertes de 18 millions en 2008-2009. Une belle performance qui fait suite à la réorganisation de la coopérative autour de trois pôles (agriculture, semences, alimentation) avec un objectif clair : retrouver de la valeur.

Le haut de gamme privilégié, les marques distributeurs abandonnées

Dans le pôle alimentaire (marques Rougié, Montfort et Stalaven), les produits peu valorisés sont progressivement abandonnés au profit d'autres plus haut de gamme et les marques de distributeur (qui représentent encore 50 % des volumes de foie gras ou de salade traiteur vendus par la coopérative en grandes surfaces) sont réduites ou arrêtées lorsqu'elles ne produisent pas de marge suffisante. La marque Montfort a ainsi progressé de 13 % sur les quatre mois de la saison de noël, alors que le marché ne progressait de 2 %.

La stratégie est la même pour le nouveau pôle dit de "proximité" qui consiste à vendre des produits traiteurs (plats préparés, salades, charcuterie...) au réseau des boucheries, boulangeries, charcuteries, etc, mais aussi à tous les nouveaux "points de faim", tels que les Cojean ou Daily Monop. "Nous voulons faire croître les ventes de ce pôle, 140 millions d'euros aujourd'hui, de plus de 10 % cette année", déclare le directeur financier d'Euralis, Frédéric Pellegrin. Il faudra pour cela encore faire le ménage dans les centaines de références et proposer une gamme plus complète et haut de gamme en se lançant sur de nouveaux segments comme le sandwich tout prêt ou encore les plats traiteur à base de produits de la mer.

Une croissance moins rapide que prévue

Lors de l'annonce de la réorganisation de sa structure il y a un an, Pierre Couderc affichait l'objectif de passer le chiffre d'affaires de son pôle alimentaire de 500 millions à un milliard d'euros d'ici 2020, soit une progression moyenne de 7 à 8 % par an. Avec des hausses limitées à 2 % en 2010 et 2011, cela va donc prendre un peu plus de temps que prévu. Mais le résultat, lui, devrait en profiter.