Coca-Cola fait machine arrière : il investira bien en France

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  704  mots
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Suite à la taxe sur les boissons avec sucres ajoutés, le géant d'Atlanta avait menacé de suspendre son investissement. Devant la polémique qui enflait, Coca-Cola a finir par démentir l'information, pointant une "erreur de communication".

Le géant américain Coca -Cola s'est pris les pieds dans le tapis jeudi, annonçant puis démentant la suspension d'un investissement de 17 millions d'euros en France, en réponse au projet de taxe du gouvernement sur les boissons à sucres ajoutés que le groupe dénonce.

Jeudi matin, en annonçant la suspension de cet investissement, destiné à moderniser une ligne de production de canettes à l'usine des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), la filiale française de Coca -Cola Entreprise, l'embouteilleur de la boisson (qui n'apppartient pas à Coca -Cola Company), avait suscité l'ire de nombreux responsables politiques.

L'investissement devait être annoncé le 19 septembre, date marquant le 40e anniversaire de l'usine du sud de la France. Il n'est pas annulé mais "doit être réévalué dans le contexte d'incertitude créé par la taxe", avait précisé l'entreprise.

Mais jeudi soir, coup de théâtre: le président de Coca -Cola Entreprise Europe, Hubert Patricot, a démenti à la télévision une telle décision. Interrogé par téléphone sur LCI, M. Patricot a dit "regretter une erreur de communication", commise par la filiale française, "qui a semé la confusion sur l'engagement de Coca -Cola en France". La filiale française n'était pas immédiatement disponible pour commenter ces informations.

"Je tiens à le préciser ce soir: nous confirmons notre investissement de 17 millions d'euros sur notre site des Pennes-Mirabeau", a assuré Hubert Patricot. "L'investissement sur le site aura lieu, nous restons fortement engagés sur le marché français", a-t-il dit. "Mais je voudrais le dire de façon très claire: nous restons fermement opposés à une taxe qui vise injustement le pouvoir d'achat des Français et qui stigmatise une catégorie de boissons", a-t-il ajouté.
Selon lui, c'est cette taxe qui "a créé une grande émotion" dans les équipes de Coca -Cola, et qui est à l'origine de "cette erreur" de communication.
L'usine des Pennes-Mirabeau est l'un des cinq sites de production français de Coca -Cola Entreprise, qui fabrique et distribue les sodas mais n'appartient pas à Cola-Cola Company, le propriétaire de la formule de la célèbre boisson.

La taxe, justifiée par le gouvernement par la nécessité de lutter contre l'obésité, doit entrer en vigueur début 2012 et elle devrait rapporter 120 millions d'euros à l'Etat. Une fois qu'elle sera effective, le prix moyen d'une canette devrait augmenter d'un centime d'euro.

Au-delà de l'impact économique, ce sont aussi les conséquences en termes d'image contre lesquelles s'élève Coca -Cola.  "Nous entendons protester symboliquement contre une taxe qui sanctionne notre entreprise et stigmatise nos produits", expliquait le groupe jeudi matin, pour justifier la décision de suspendre son investissement.

Le géant américain avait immédiatement reçu le soutien de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). Son président, Jean-René Buisson, a dit "comprendre" cette décision et il s'attend à d'autres actions de producteurs. Les dirigeants de l'Ania se réuniront vendredi pour examiner d'autres actions.
Son président, Jean-René Buisson, avait dit "comprendre" cette décision et s'attendre à d'autres actions de producteurs. Les dirigeants de l'Ania se réuniront vendredi pour examiner d'autres actions.

La ministre du Budget, Valérie Pécresse avait dénoncé une "décision regrettable et incompréhensible", rappelant que la création de la taxe était "motivée par des considérations de santé publique". Interrogé jeudi soir, le ministère du Budget ne souhaitait pas réagir dans l'immédiat.

Le ministre du Travail et de la Santé, Xavier Bertrand, avait, lui, qualifié la première annonce de Coca -Cola d'"incompréhensible" et insisté sur la volonté du gouvernement de lutter contre l'obésité.

La député (UMP) des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer s'était, de son côté, dite "absolument choquée et scandalisée" par "le chantage" du groupe américain.
Jeudi matin, Coca -Cola Entreprise France avait aussi annoncé que la venue du président du groupe, John Brock, pour les 40 ans du site était annulée.
"Nous allons reprogrammer" sa visite, a assuré jeudi soir Hubert Patricot. "Je n'ai pas encore la date exacte mais il y aura la visite et nous célébrerons le 40ème anniversaire", a-t-il dit.