La Chine dénonce la concurrence déloyale de l'Europe dans le vin

Par MCL (avec AFP)  |   |  577  mots
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Les viticulteurs chinois demandent une enquête sur les importations de vins européens. Bruxelles avait en juin demandé un renforcement de la lutte contre la contrefaçon.

L'Association chinoise de l'industrie des boissons alcoolisées a demandé au gouvernement d'enquêter sur les importations de vin en provenance d'Europe, estimant que les subventions européennes portaient préjudice aux producteurs nationaux, a rapporté lundi l'agence officielle Chine Nouvelle. L'association professionnelle chinoise a exhorté le ministère du Commerce à vérifier si le vin en provenance de l'Union européenne (UE) constituait un préjudice pour le marché intérieur.

"Presque chaque producteur de vin chinois a subi l'impact de l'Union européenne", a déclaré Wang Zuming, un responsable de l'association, cité par Chine Nouvelle. "L'UE accorde diverses subventions à son industrie vinicole, mettant les producteurs chinois dans une situation désavantageuse", a ajouté M. Wang. Ce dernier a confirmé à l'AFP que son association avait formulé une demande officielle auprès du gouvernement, tout en refusant de faire de plus amples commentaires. Personne n'était joignable dans l'immédiat au ministère du Commerce.
 

La consommation de vin en Chine a été multipliée par 11 en un an

Jusqu'à récemment, l'essentiel du vin chinois était issu d'une production de masse et de faible qualité, mais de plus en plus de bons vins chinois font leur apparition sur le marché, relèvent les experts du secteur. Tandis que la consommation domestique explose. Selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin, la Chine a consommé 17 millions d'hectolitres en 2011, contre 1,5 million d'hectolitres l'année précédente.
 

Cette demande d'enquête chinoise peut ressembler à une réponse du berger à la bergère. Bruxelles a lancé en juin les hostilités en s'irritant des contrefaçons dont est victime, en Chine, le vin européen. "Je pense qu'en septembre nous serons en mesure de signer un protocole de coopération dans la lutte anti-contrefaçon. C'est particulièrement important pour nos vins et nos spiritueux, qui représentent la part la plus importante de nos exportations (de produits agricoles) vers le marché chinois", a déclaré mi juin à Pékin Dacian Ciolos, commissaire européen à l'Agriculture.
 

30 propriétés du Bordelais rachetées par des Chinois

Le marché chinois est inondé de contrefaçons de grands vins. Les premières victimes de ce vaste trafic sont les crus français, les plus réputés, en particulier les châteaux du bordelais. Le montant annuel des exportations de vins et spiritueux européens vers la Chine dépasse 1 milliard d'euros et, même s'il est difficile d'évaluer les pertes dues à la contrefaçon, certains estimations évoquent des centaines de millions d'euros.
 

Le château Lafite, célébrissime en Chine où il évoque tradition et raffinement à la française, est particulièrement copié. Selon Romain Vandevoorde, un importateur de vin à Pékin, "il y a plus de Lafite 1982 en Chine qu'il n'en a été produit en France". Les autorités de Shanghai ont récemment saisi plus de 4.000 fausses bouteilles de château Lafite, selon un responsable du ministère chinois du Commerce.
 

Chinois et grands crus français ne se font pas toujours la guerre. Fin juin, le géant chinois de l'agroalimentaire Bright Food a annoncé son entrée à hauteur de 70% au capital du négociant indépendant en grands vins de Bordeaux Diva Bordeaux. Depuis quatre ans, les investisseurs chinois s'implantent dans le vignoble bordelais. Plus d'une vingtaine de propriétés bordelaises sont d'ores et déjà passées sous la coupe de fortunes chinoises, et ce nombre devrait être porté à 30 fin 2012.