Vin : les producteurs en appellent aux politiques face aux exigences chinoises

Par latribune.fr  |   |  543  mots
60% des vins européens exportés en Chine sont français selon Bernard Farges, du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux.
Les exportateurs de vins français espèrent une "initiative politique forte " française face à l'enquête antidumping de la Chine. Mais le ministre de l'Agriculture les encourage plutôt à se plier aux volontés de Pékin...

Le feuilleton de la bataille entre Européens et Chinois sur les panneaux solaires nous avaient tenu en haleine en juin et juillet… place au vin. Si, le 2 août dernier, un accord a été trouvé pour mettre fin au contentieux commercial sur les panneaux solaires, Pékin n'abandonne pas pour autant son enquête antidumping sur les vins en provenance d'Europe officiellement ouverte début juillet.

Les autorités chinoises accusent des producteurs de vendre à perte. Dans leur viseur : six entreprises européennes, dont quatre françaises parmi lesquelles Castel et Grands Chais de France. Les autorités chinoises entendent les contraindre à faire preuve d'une transparence complète sur leurs comptes.

Les producteurs français sollicitent un soutien politique

Du coup, les producteurs de vin sont fébriles. Le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) sollicite le soutien des pouvoirs publics.

Son président Bernard Ferges a expliqué à l'AFP : "60% des vins européens exportés en Chine sont français et 60% des vins français sont des vins de Bordeaux. Il y a urgence à régler ce dossier avant que nos concurrents ne s'engouffrent définitivement dans la brèche". Il considère que "les volumes que nous ne commercialiserons plus en Chine viendraient alourdir nos marchés traditionnels et c'est toute la viticulture française qui en pâtirait".

Le Président de la FEVS Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux Louis-Fabrice Latour en appelle à une "initiative politique forte en réponse à un dossier qui a démarré sur un terrain politique".

En effet, l'enquête antidumping avait été décidée par la Chine en réponse à la décision de l'Union européenne d'instaurer des taxes provisoires sur les panneaux photovoltaïques chinois.

"La filière vin, deuxième exportateur français, a été négligée et prise en otage. Nous souhaitons ardemment que ce sujet soit traité très vite au plus haut niveau", a dit Bernard Farges.

Mi-juin, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait incité les producteurs français à se plier aux exigences chinoises en faisant preuve d'"une transparence totale" dans le cas où la chine ouvrirait une enquête. "Il n'y a pas de risque de découvrir des aides qui seraient des subventions directes à l'exportation" des vins européens, estimait-il alors.

>> Vin: le ministre de l'Agriculture appelle à "une transparence totale" dans le cadre de l'enquête antidumping de la Chine

3.500 entreprises françaises concernées

Selon Les Echos, cette montée d'un cran de l'inquiétude s'expliquerait par une pression accrue de la part de la Chine. D'après le journal, "environ 5.000 entreprises du secteur se sont enregistrées durant l'été auprès des autorités chinoises de la concurrence, dont 3.500 entreprises françaises, pour répondre aux exigences de la procédure".

Ces entreprises ont jusqu'à la mi-octobre pour fournir toutes les données demandées par Pékin pour mettre au clair leur comptabilité. Ensuite, la Chine décidera si elle met ses menaces de taxes douanières contre le vin et le champagne européen à exécution.

L'enquête antidumping a été ouverte début juillet pour un an. D'autres rebondissements sont donc à prévoir cet automne et durant l'hiver.