Bergère de France, dernière filature française, est placée en redressement judiciaire

Par latribune.fr avec Reuters et AFP  |   |  437  mots
Bergère de France fabrique du fil à tricoter depuis près de 70 ans, qu'elle vend principalement par correspondance via Internet et des catalogues.
L'entreprise de vente de laine à tricoter s'était déclarée mercredi en cessation de paiement. Elle emploie 300 personnes.

La dernière filature de laine française joue sa carte décisive. L'entreprise de vente de laine à tricoter Bergère de France, qui possède l'une des dernières filatures industrielles vouée à ce produit dans l'Hexagone, a été placée vendredi 27 février en redressement judiciaire, a annoncé le greffe du tribunal de commerce de Bar-le-Duc (Meuse).

Le tribunal a ainsi donné droit à la demande de la société, qui s'était déclarée en cessation de paiement mercredi. La période d'observation a été fixée à six mois.Une procédure de sauvegarde a aussi été ouverte pour Bradfer Investissement, la holding familiale placée sous administration provisoire depuis 2007 en raison d'un différend entre les deux fils et héritiers de Robert Petit, qui a fondé l'entreprise en 1946.

Un déficit de 1,9 million d'euros en 2014

Bergère de France, qui emploie aujourd'hui 300 personnes, fabrique du fil à tricoter depuis près de 70 ans, qu'elle vend principalement par correspondance via Internet et des catalogues. De la vingtaine de boutiques achetées dans les années 1970, cinq sont encore dans le giron de l'entreprise, qui distribue ses produits aussi par le biais de franchisés et de magasins multi-marques.

L'entreprise a accusé en 2014 un déficit de 1,9 million d'euros pour un chiffre d'affaires de 32 millions d'euros, et prévoit pour 2015 des pertes de 1,7 million d'euros pour un chiffre d'affaires revu à la baisse, à hauteur de 30 millions d'euros, avait expliqué mercredi dans L'Est républicain le Pdg de la société, Jean-Louis Petit.

La diversification dans le prêt-à-porter récemment tentée ces dernières années, via la filiale Wega, s'est soldée par un échec: l'entité a été vendue l'an dernier pour un euro symbolique.

"C'est sûr qu'il y aura un plan social", selon les syndicats

"Cette procédure de redressement permettrait le gel des dettes actuelles auprès de ses fournisseurs puis l'étalement de leur remboursement ultérieurement", avait expliqué mercredi le Pdg Jean-Louis Petit lors d'un comité d'entreprise extraordinaire au cours duquel la direction a annoncé avoir déposé le bilan, selon le procès-verbal consulté par l'AFP.

Les syndicats jugent pour leur part qu'un plan de départs sera inévitable. La veille du jugement, Nelly Floczek, déléguée CGT, avait déclaré à Reuters:

"C'est sûr qu'il y aura un plan social, on a eu de grosses pertes, on a vendu le patrimoine et il n'y a plus d'argent dans les caisses."

Premier employeur privé du département, Bergère de France compte parmi ses salariés 80% de femmes, d'une moyenne d'âge de 40 ans.