
L'histoire se répète. Le transporteur de colis Mory Global, qui emploie 2.200 salariés dans 50 agences en France, a été placé mardi 10 février en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny, avec une période d'observation de trois mois. Il s'était déclaré vendredi en dépôt de bilan.
L'entreprise était née il y a un an sur les cendres de Mory Ducros au prix d'un plan drastique de 2.800 suppressions de postes (sur 5.000 salariés), présenté par le fonds Arcole Industries, son propriétaire et repreneur.
A la recherche d'un "actionnaire solide et pérenne"
Le tribunal de commerce de Bobigny avait le choix entre ouvrir une procédure de redressement judiciaire et la liquidation pure et simple. A l'audience, toutes les parties, y compris le procureur, avaient sollicité la première solution, a souligné Me Jean-Marie Hyest, avocat de MoryGlobal, interrogé par l'AFP.
Le Pdg de Mory Global, Jean-Louis Demeulenaere, a dit espérer le redressement judiciaire afin de "trouver un actionnaire solide et pérenne", se disant "tout à fait confiant" dans l'avenir de l'entreprise. La situation présente de l'entreprise est, selon lui, le résultat de "vicissitudes liées à la mise en place du PSE [plan de sauvegarde de l'emploi]" de Mory Ducros, il y a un an, et qui "n'ont rien à voir" avec l'activité de Mory Global.
Des promesses non tenues, selon les syndicats
MoryGlobal visait un retour à l'équilibre en 2016. Mais, selon Jean-Louis Demeulenaere, "les financements promis à la création de la société n'ont pas été au rendez-vous".
Les syndicats accusent pour leur part Arcole d'avoir retiré il y a quelques mois de la trésorerie de Mory Global 7,5 millions d'euros sur les 17,5 millions qu'il avait injectés pour remettre à flot l'entreprise en 2014.
Le Comité d'entreprise et la CFTC ont annoncé qu'ils déposeraient une plainte dans la semaine auprès du parquet de Bobigny pour demander des "éclaircissements sur cette rétrocession".
Des ventes d'actifs immobiliers en attente d'autorisation
Une "prochaine étape" décisive pour la survie de l'entreprise se jouera le 25 février, cette fois devant le tribunal de commerce de Pontoise. Celui-ci doit décider d'autoriser, ou pas, des ventes d'actifs immobiliers qui pourraient donner une bouffée d'air à l'entreprise (12,5 millions d'euros dans un premier temps, 25 millions d'euros au total).
Pour la faillite de Mory Ducros, le régime de garantie des salaires (AGS) a déjà déboursé plus de 83 millions d'euros (dont 13 millions récupérés). Et plus de 1.000 salariés licenciés ont déjà déposé des recours aux prud'hommes (pour un montant de dommages demandés de 66 millions d'euros).
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