Bientôt un chèque fruits et légumes pour contrer la flambée de prix ? L'association Familles Rurales le demande pour la santé des Français

Par latribune.fr  |   |  665  mots
La campagne de Santé publique France vise à convaincre la population d'améliorer son alimentation en délaissant les produits nocifs pour la santé, gras et salés, et en privilégiant la consommation quotidienne de fruits et légumes. Mais aujourd'hui, l'association Familles Rurales, qui a mesuré l'augmentation des prix pour ces deux types de denrées, juge que cette inflation est une menace pour la santé des familles à "petit budget". (Crédits : Santé Publique France)
L'inflation dans l'assiette une menace pour la santé publique ? Alors qu'en France, la hausse de l'inflation a été globalement contenue à +2,8% en 2021, certains produits comme ceux de l'énergie ont vu leur prix exploser: mais les fruits et légumes aussi se sont considérablement renchéris (+9% en deux ans), révèle Familles Rurales qui réclame, à la suite du chèque énergie, un chèque « fruits et légumes ». Pour l'association qui défend les consommateurs et les familles, le Plan national nutrition santé est menacé, c'est une question de santé publique. Explications.

Santé publique France finance régulièrement des campagnes publicitaires visant à convaincre la population d'améliorer son alimentation en délaissant les produits nocifs pour la santé, gras et salés, et en privilégiant la consommation quotidienne de fruits et légumes. Or aujourd'hui, l'association Familles Rurales, qui a mesuré une très forte augmentation des prix pour ces deux types de denrées, juge que cette inflation est une menace pour la santé des familles à "petit budget".

Dans son dernier "Observatoire des prix de grande consommation" qu'elle publie aujourd'hui pour la 15e année consécutive, la "3e association de défense des consommateurs et 1er mouvement familial" explique avoir mesuré une augmentation des prix des fruits et légumes de +9% en deux ans", de septembre 2019 à septembre 2021, dans un contexte d'inflation contenue à 2,8% en 2021 (après 0,5% en 2020 et 1,1% en 2019).

C'est l'inflation dans l'assiette, un "chèque fruits et légumes" est urgent

Cette inflation dans l'assiette inquiète particulièrement l'association, notamment parce qu'elle risque de détourner de ces produits bons pour la santé, les ménages les moins riches:

"Affichant près de 10% d'augmentation en deux ans, il n'est pas étonnant de voir certains consommateurs s'en détourner, notamment ceux disposant de petits budgets", regrette l'association

Pour contrer ce creusement des inégalités qui touche ici non plus au revenu mais à la santé même des personnes, Familles Rurales demande au gouvernement de mettre en place un "chèque fruits et légumes" en 2022, comme il vient de le faire pour le chèque énergie, afin de "ne pas détourner les familles aux budgets les plus modestes de ces aliments bons pour la santé".

Entre 450 et 1.148 euros, le grand écart pour manger sain (4 pers.)

Familles rurales a en outre calculé que s'alimenter conformément aux préconisations du plan national nutrition santé coûte , pour une famille de quatre personnes (deux adultes, un ado et un enfant) entre 450 euros en variant moins les produits mais en respectant la diversité des catégories et la saisonnalité, et 1.148 euros pour une famille "adepte du bio". Il s'agit du budget global mensuel pour l'alimentation d'une famille.

"Selon les résultats de notre observatoire 2021, une famille de 4 personnes devrait y consacrer entre 450€ (panier premiers prix avec une moindre variété de produits) et 1.148€ (panier composé de produits bio avec une plus grande variété de produits) par mois soit entre 36% et 93% d'un SMIC net mensuel avant impôt (1237,51€1)", détaille Familles rurales

Le bio, mode d'alimentation toujours élitiste

"A ce prix-là, le tout bio est loin d'être à la portée de toutes les bourses", commente Familles rurales", qui, "pour rassurer les familles, (rappelle) que, pour rester en bonne santé, l'essentiel demeure de consommer suffisamment de fruits et légumes peu importe qu'ils soient bio ou non".

De manière générale, "Familles Rurales appelle les pouvoirs publics à développer une politique beaucoup plus ambitieuse promouvant une saine alimentation en permettant à tous d'y accéder". Elle estime qu'"investir dans un programme nutritionnel associant prévention et aide aux plus précaires constitue la clé pour freiner le développement de trop nombreuses pathologies liées à la consommation de produits trop gras, trop sucrés, trop salés en trop grande quantité".

L'association note en outre "l'écart de prix substantiel entre le même panier de courses acquis en métropole et celui acheté en Outre-mer", des relevés de prix ayant été opérés sur les mêmes produits que ceux effectués en métropoles à la Réunion, à Mayotte, en Guadeloupe et en Martinique. Verdict: "le même panier de produits y coûte près de 50% plus cher qu'en métropole".

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Méthodologie:

L'enquête de Familles rurales a été réalisée sur quatre périodes, février, avril, juin et octobre 2021 dans 148 magasins (hypermarchés, supermarchés, enseignes à dominante marques propres type hard-discounts, spécialisés bio), par une équipe de 107 "veilleurs consommation" sur 37 départements.