Confrontés à la baisse des cours, les céréaliers français demandent au gouvernement de « trouver des solutions »

Par latribune.fr  |   |  645  mots
Pour les céréaliers français, « les cours actuels ne permettront donc pas de couvrir les coûts de production ». (Crédits : Reuters)
Les céréaliers français, estimant être confrontés à « un profond changement de paradigme du commerce international » depuis la guerre en Ukraine, ont appelé le gouvernement à repenser son approche des marchés.

La guerre en Ukraine a bousculé l'équilibre du commerce internationale. C'est du moins ce sur quoi ont alerté les céréaliers français qui appellent le gouvernement à repenser l'approche des marchés.

« On est rentré il y a trente ans dans un système de mondialisation globale, avec des marchés à terme à Chicago et une Organisation mondiale du commerce sanctionnant les opérateurs ne respectant pas les règles », explique Eric Thirouin, président de l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), à l'AFP. Mais « l'OMC est devenue beaucoup moins active et la mondialisation s'est fragmentée tandis que la Russie est devenue beaucoup plus active sur la scène internationale en promettant par exemple de livrer gratuitement des céréales à six pays africains. » Dès lors, « le marché mondial et la mondialisation deviennent caduques » estime-t-il.

Aussi les céréaliers « appellent le gouvernement français à reconsidérer la situation et à trouver des solutions », indique le responsable. « Il faut se mettre autour d'une table et se poser la question de savoir comment on adapte les règles du commerce international et qu'on y apporte plus d'agilité. » Il ajoute : «  pour réussir les transitions et continuer à peser dans le concert des nations, il faut s'en donner véritablement les moyens ! L'Etat se doit de conjuguer l'ambition du cap fixé et les justes moyens à allouer. Nous demandons de la visibilité et de la cohérence dans les politiques agricoles pour nous permettre de soutenir notre compétitivité. »

Le blé bradé de la Russie

Avec une récolte estimée à 89,6 millions de tonnes (Mt) pour la prochaine campagne 2023-2024, qui serait la deuxième meilleure de son histoire, « la Russie confirme sa volonté de faire du blé une arme de diplomatie massive », pointe l'AGPB. « En 2022-2023, elle a exporté pas moins de 48,1 Mt en se déjouant des marchés classiques pour asseoir son influence auprès des pays tiers. Un blé bradé qui a remporté tous les premiers appels d'offres des pays tiers face à un blé français mécaniquement moins compétitif ».

Lire aussiPremier exportateur mondial de blé, la Russie pourrait être concurrencée par la France en Afrique du Nord

En un an, le cours du blé a chuté de 410 euros la tonne à 225 euros fin mai. « Les cours actuels ne permettront donc pas de couvrir les coûts de production, créant un effet ciseaux potentiellement dévastateur pour de nombreuses exploitations », affirme l'organisation dans un communiqué. Elle ajoute aussi que les céréaliers subissent « des hausses de charges de plus de 37% par rapport à la moyenne d'avant-guerre 2018-2021 ». Ainsi, « le coût des engrais, particulièrement éloquent car il s'agit du premier poste responsable de cette hausse, a bondi de 120 € /t par rapport à 2022. »

Un nouveau navire chargé de blé a quitté un port ukrainien

Un navire chargé de blé a quitté un port ukrainien à destination de l'Egypte, ont annoncé ce vendredi 22 septembre les autorités ukrainiennes, soulignant que c'est la deuxième fois cette semaine qu'un bateau emprunte un corridor maritime mis en place par Kiev pour contourner blocus et menaces russes. « Le vaisseau  'Aroyat' a quitté le port de Tchornomorsk chargé de 17.600 tonnes de blé ukrainien à destination de l'Egypte », a indiqué le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov, sur X (ex-Twitter).

Un premier navire chargé de blé avait déjà quitté sans encombre ce même port le 19 septembre, alors que l'Ukraine veut établir des voies maritimes sûres pour sa production agricole, Moscou ayant claqué en juillet la porte d'un accord permettant l'exportation par la mer Noire des produits agricoles ukrainiens, essentiels pour l'économie du pays et la sécurité alimentaire mondiale. Ces corridors maritimes, longeant les côtes des pays alliés jusqu'au Bosphore, défient les menaces russes de couler les navires entrant et sortant de ports ukrainiens.

(Avec AFP)