
C'est un soulagement. L'Ukraine a annoncé samedi que deux cargos, baptisés « Resilient Africa » et « Aroyat » naviguaient actuellement en mer Noire en direction de ses ports, une première depuis la fin de l'accord céréalier avec la Russie en juillet qui permettait jusque-là d'exporter les denrées ukrainiennes malgré l'invasion russe. « Ils sont prêts à prendre la route vers le port de Tchornomorsk pour charger près de 20.000 tonnes de blé à destination de l'Afrique et de l'Asie », a confirmé le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov.
Ce sont les premiers bateaux à naviguer en direction des ports au sud de l'Ukraine depuis mi-juillet, où la Russie avait décidé de ne pas prolonger l'accord céréalier qui permettait l'exportation des céréales malgré la guerre. Cet accord, signé en 2022 sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, a été rejeté par la Russie car aucune des demandes russes n'a été prise en compte lors des négociations selon le Kremlin.
Risques importants
Si ces deux cargos sont essentiels pour l'Ukraine ainsi que pour les pays du continent africains, qui dépendent de ces importations, les risques sont très importants. En effet, Moscou n'a cessé de menacer l'Ukraine si le trafic reprenait. La Russie a mené une campagne de bombardements visant les infrastructures portuaires et céréalières de l'Ukraine, un moyen, selon Kiev, d'empêcher toute tentative d'exportations. Moscou affirme de son côté toucher des cibles militaires.
« En un mois, 270.000 tonnes de céréales » avaient été détruites dans des frappes russes, avait pourtant indiqué M. Koubrakov le 23 août.
Selon les informations qu'il a publiées, les deux cargos « battent pavillon de Palaos et leur équipage est composé de citoyens de Turquie, d'Azerbaïdjan, d'Égypte et d'Ukraine ».
L'Europe veut lever les restrictions d'importations
Cette nouvelle intervient alors que la Commission européenne a annoncé la fin des restrictions d'importations de céréales ukrainiennes dans l'UE, sans parvenir à faire plier Varsovie et Budapest. En effet, après la levée des droits de douane de l'UE en mai 2022 en faveur de l'Ukraine, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie avaient vu affluer les céréales à prix bradé venues d'Ukraine, mais bloquées sur leur sol du fait de problèmes logistiques. Résultat : les prix bradés des céréales avaient mis en péril leur propre agriculture. Ces pays avaient décidé, en accord avec l'Union européenne d'interdir les importations venues d'Ukraine pour protéger leur marché.
Mais vendredi, l'Europe a décidé de lever l'interdiction. Une directive que ne veulent pas suivre la Pologne et la Hongrie.
« La Hongrie va fermer ses frontières à 24 produits ukrainiens », donc bien davantage que les quatre actuellement concernés, afin de « protéger les intérêts de nos agriculteurs », a déclaré le ministre hongrois de l'Agriculture Istvan Nagy. En Pologne, le gouvernement de droite en fait « une question fondamentale ». « Nous défendrons sans aucun doute les intérêts des agriculteurs polonais », a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki, dont le parti Droit et Justice bénéficie d'un fort soutien dans les régions agricoles.
De son côté, le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, menace de saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour exiger une compensation. Soucieuse de donner des gages aux pays de l'Est, l'exécutif européen précise qu'en contrepartie de cette levée d'interdiction, Kiev s'engage à prendre des mesures pour contrôler l'afflux de céréales.
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