Fillon ou Macron ? Le groupe Paul-Ladurée s'entre-déchire

Par latribune.fr  |   |  736  mots
"Le Président de la Maison Ladurée, Mr. David Holder, ne s'associe en aucun cas à l'annonce politique faite ce matin sur le Figaro.fr par Mr.Francis Holder."
À la tête du groupe Paul-Ladurée, Francis Holder a affiché publiquement son soutien à François Fillon. Il s'oppose à sa femme, Françoise Holder, militante de Macron, ainsi qu'à son fils, David Holder, président des macarons Ladurée.

Des divergences politiques brisent l'unité de la Maison Paul-Ladurée. Le fondateur des boulangeries Paul, Francis Holder a appelé ce week-end à voter François Fillon pour la présidentielle, se démarquant de son épouse, soutien actif d'Emmanuel Macron, et suscitant la réprobation de son fils... président de la Maison Ladurée.

Porte-parole de ses 14.000 salariés ?

Dans une courte vidéo relayée samedi sur le compte Twitter "Fillon 2017", le créateur et propriétaire de la célèbre chaîne de boulangeries a justifié son soutien au candidat "Les Républicains" par sa vision du travail, s'attribuant le rôle d'"ambassadeur" des 14.000 salariés de l'entreprise.

"Quand Monsieur Fillon nous parle de la libération du travail, c'est la demande que font l'ensemble du personnel de pouvoir libérer le travail, de pouvoir travailler quand on a envie de travailler plus", déclare le chef d'entreprise, âgé de 78 ans.

Ce message a suscité des réactions agacées de la part des salariés des enseignes du groupe, mais également de la part d'internautes, qui ont moqué l'annonce de Francis Holder sur Twitter. Un hashtag #BoycottPaul a ainsi été lancé, appelant à ne plus fréquenter les boulangeries du groupe familial.

Désolidarisation au sein même de la famille Holder

Dans une déclaration transmise à l'AFP, le fils de Francis Holder, David Holder, lui-même présidents des magasins Ladurée, a pris ouvertement ses distances avec son père lundi après-midi, affirmant n'être "en aucun cas" associé à cette annonce, relevant uniquement de "la sphère privée".

"David Holder souhaite faire savoir qu'il ne prendra jamais position politiquement au nom des employés de la Maison Ladurée [...] La Maison Ladurée respecte la liberté de penser de l'ensemble de ses collaborateurs", a-t-il assuré, en rappelant l'image de Ladurée, uniquement lié[e] à la douceur et à la gourmandise."

Dans la foulée, Francis Holder lui-même a finalement fait marche arrière, expliquant "ne pas [avoir voulu] parler au nom des collaborateurs du Groupe Holder mais exprimer [s]on opinion personnelle". "Mon intention n'était en aucun cas de toucher les salariés des  enseignes du groupe", a-t-il ajouté.

Au-delà de cette polémique, la prise de position du président du groupe Paul augure des discussions animées à la table de la famille Holder: l'épouse de Francis, Françoise Holder, co-fondatrice du groupe, milite en effet activement dans la campagne d'Emmanuel Macron, qu'elle a rejoint l'automne dernier. Elle est l'une des neuf délégués nationaux du mouvement de l'ancien ministre de l'Economie.

"Ce qui m'a le plus séduit chez lui, c'est qu'il est novateur, qu'il est réformiste, qu'il veut en finir avec les conformismes, les clivages qui nous ont tués", déclarait-elle en novembre sur BFMTV. Elle précise soutenir le candidat d'En Marche! "pas pour (elle-même)" mais pour ses "enfants" et "petits-enfants".

Les salariés craignent pour la réputation du groupe

Tandis que Francis Holder proclame son soutien pour Fillon, et que Françoise Holder participe à la campagne de Macron, leurs salariés eux s'inquiètent de la réputation du groupe. Henri Fakih, délégué CFDT de Paul a expliqué sa surprise face à l'annonce vidéo et a écrit a la direction du groupe en demandant des explications.

"J'ai appris ça dimanche après-midi, grâce aux médias, alors que nous n'avons jamais été mis au courant de ce choix en interne. Depuis ce matin, nous avons rencontré de nombreux salariés qui se sentent frustrés de ne pas avoir été informés. Le problème n'est pas de soutenir François Fillon, mais plutôt de parler au nom de 14.000 personnes.

Cité Il ajoute se sentir manipulé: "On est un peu surpris qu'il parle à notre place. Chacun est encore libre en France d'avoir ses opinions libres. Vous savez, ici chez Paul, on a une grande majorité de personnes issues de l'étranger et je ne pense pas que M. Fillon fasse partie de leur cœur."

(Avec AFP)