Lait : face à la mobilisation, le gouvernement veut traiter "la question du juste prix"

Par latribune.fr  |   |  594  mots
Les producteurs de lait français continuent à voir leur lait rémunéré en-dessous de leurs coûts de production, car l'Europe détient un stock de 350.000 tonnes de poudre de lait, ce qui pèse sur les prix.
Les éleveurs, qui vendent en moyenne les 1.000 litres de lait entre 300 et 310 euros, réclament une revalorisation de 20 à 30 euros afin de couvrir leurs prix de revient et de dégager une rémunération minimale. Le ministre de l'Agriculture Jacques Mézard a déclaré qu'il allait faire appel à un médiateur pour inciter les enseignes de la grande distribution à "tenir compte de l'évolution de la conjoncture dans les négociations en cours".

Les rassemblements de producteurs de lait dans l'Ouest ont poussé le gouvernement à agir. Le ministre de l'Agriculture, Jacques Mézard, a jugé les prix payés trop bas, mardi, à l'issue d'une rencontre avec le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Thierry Roquefeuil.

"Le niveau des prix n'est pas à l'heure actuelle à un niveau suffisant", a indiqué le ministre dans un communiqué, ajoutant que "la question du prix payé, du juste prix, sera traitée en priorité" lors des prochains états généraux de l'alimentation qui doivent avoir lieu dans quelques semaines.

"Le ministre va faire appel au médiateur des relations agricoles pour prendre contact avec chacune des enseignes de la grande distribution pour les inciter à tenir compte de l'évolution de la conjoncture dans les négociations en cours", peut-on également lire.

Les éleveurs, qui vendent en moyenne les 1.000 litres de lait entre 300 et 310 euros, réclament une revalorisation de 20 à 30 euros afin de couvrir leurs prix de revient et de dégager une rémunération minimale.

"Nous demandons une meilleure répartition des marges"

Pointant la difficulté de travailler avec des trésoreries depuis des mois dans le rouge, Régis Louazon, producteur d'Ille-et-Vilaine, venu avec une quarantaine d'autres éleveurs bloquer le site industriel de la coopérative Agrial, à Cesson-Sévigné, près de Rennes, explique ainsi à Reuters :

"Nous demandons une meilleure répartition des marges pour que tout le monde y gagne, les grandes surfaces, les transformateurs, mais aussi les paysans qui sont toujours en bout de chaîne."

Lors d'une conférence commune, mardi matin, Serge Papin, Pdg de l'enseigne de grande distribution Système U, et Thierry Roquefeuil, de la FNPL, dénonçaient ensemble "la loi du plus fort" pour mettre la pression sur les autres distributeurs, les coopératives et les pouvoirs publics:

"Il faut modifier la loi LME (qui régit les négociations commerciales entre distributeurs et industriels, Ndlr)", ont-ils réclamé.

La pâtisserie dénonce la hausse de 92% du prix du beurre

D'un côté, les producteurs de lait français continuent à voir leur lait rémunéré en-dessous de leurs coûts de production car l'Europe détient un stock de 350.000 tonnes de poudre de lait, ce qui pèse sur les prix.

De l'autre, le prix bas du lait a entraîné un recul de la collecte laitière en Europe, et encore plus en France, ce qui, couplé à une demande intérieure et internationale dynamiques et à l'insuffisance de stocks, ont affolé les cotations du beurre depuis mai 2016. Autre argument avancé par les coopératives : la nécessaire consolidation de leurs résultats, qui ont été affectés par la crise du secteur laitier en 2016.

Sur un an, les prix du beurre se sont envolés de 92%, et davantage encore pour les spécialités, pour un ingrédient qui peut représenter jusqu'à un quart de la recette, a indiqué Fabien Castanier, secrétaire général des fabricants de biscuits et gâteaux de France, dans un communiqué mardi.

"Sur la base du prix actuel, le surcoût annuel est évalué à 68 millions d'euros pour les fabricants de biscuits et gâteaux par rapport à 2016", précise-t-il, dénonçant une "pression économique insoutenable".

Associée à la Fédération des entreprises de boulangerie, elle appelle à la responsabilité de tous les acteurs de la filière et notamment la grande distribution et le secteur de la restauration pour que les fabricants puissent rapidement répercuter dans leurs prix cette hausse.

(avec AFP et Reuters)