Prêt garanti par l'Etat : Conforama très inquiet du silence des banques

Par Latribune.fr avec AFP  |   |  789  mots
(Crédits : Reuters)
Le numéro trois français de l'ameublement a effectué une demande de Prêt garanti par l'Etat pour surmonter les difficultés économiques provoquées par le crise sanitaire. Celui-ci n'a pas été refusé mais les discussions avec les différentes banques partenaires (HSBC, Crédit du Nord, LCL et BNP Paribas) sont au point mort. Les syndicats dénoncent, en particulier, le désengagement de BNP Paribas dans ce dossier.

Les petites entreprises ne sont pas les seules à rencontrer des difficultés pour obtenir un Prêt garanti par l'Etat (PGE), dispositif commercialisé par les banques commerciales depuis le 25 mars dernier pour aider les sociétés à faire face à leurs problèmes de trésorerie provoqués par la crise du coronavirus. Les syndicats Force Ouvrière, CGT et CFE-CGC de Conforama ont alerté dans des communiqués distincts samedi 16 mai sur les difficultés d'accès de l'enseigne à un prêt garanti par l'État, une des quatre banques, BNP Paribas se faisant "tirer l'oreille".

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"Qui veut détruire Conforama et 30.000 emplois?" lance FO, qui note que "Conforama commençait à aller mieux après une restructuration lourde" lorsque le confinement "a mis à bas tous les efforts des salariés déjà traumatisés par un PSE pour 1.900 d'entre eux".

L'enseigne, qui compte 9.000 salariés en France (dont dépendent environ 20.000 emplois chez ses fournisseurs et fabricants) a fait appel à l'État à travers le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI) pour obtenir un prêt garanti par l'Etat, dispositif mis en place pour les entreprises ayant souffert de la crise sanitaire. Le montant de ce prêt (pouvant représenter trois mois de chiffre d'affaires) n'a pas été révélé, mais selon l'activité de Conforama avant le confinement, celui-ci pourrait tout à fait s'élever à plusieurs centaines de millions d'euros.

Exigence de "garanties incroyables"

"BNP Paribas s'est distinguée le 15 mai en ne participant pas, sans aucune explication, à une réunion organisée par le CIRI, preuve évidente d'un désengagement qui ne veut pas dire son nom", indique FO.

Pour sa part, la CFE-CGC souligne que "depuis le début des négociations cette banque fait défaut et exige des garanties incroyables et l'État fait le maximum", passant sa garantie de 80% à 90%. "Cette banque semble avoir oublié qu'elle a bénéficié de l'argent de l'État pour un sauvetage à plus de 5 milliards en 2008 !", proteste le syndicat des cadres.

Selon lui, "dans quelques jours et sans réponse favorable, la société Conforama devra passer par la cessation de paiement d'après ses dirigeants". "A quoi joue la BNP Paribas?", interroge la CGT. Le syndicat demande au gouvernement "d'agir afin de ramener BNP Paribas à la raison".

BNP Paribas rejette les accusations

Pour sa part, la banque a rejeté les accusations dans une déclaration envoyée à l'AFP. "Bien que BNP Paribas ne soit pas la banque de Conforama France, nous avions néanmoins récemment accepté de participer aux échanges à la demande du CIRI en support de ce dossier en restructuration depuis plusieurs années", rappelle-t-elle. "Si un nouveau projet industriel et commercial, de long terme et mobilisant les actionnaires actuels ou de nouveaux actionnaires, devait se dessiner, BNP Paribas l'examinerait", a-t-elle souligné.

La banque a assuré que ses équipes sont "mobilisées depuis les premiers jours de la crise afin de trouver des solutions pour ses clients" et qu'elle a traité à ce jour plus de 51.000 demandes de prêts garantis par l'Etat (PGE) pour plus de 12,4 milliards d'euros.

Des discussions au point mort avec les autres banques

Dans Les Echos, Marc Ténart, le directeur général du groupe, dénonce quant à lui, le mutisme des quatre grandes banques partenaires : HSBC, Crédit du Nord, LCL et BNP Paribas. "Marc Ténart s'alarme de la suspension des discussions. Tant du côté des quatre banques partenaires, HSBC, Crédit du Nord, LCL et BNP Paribas, que du Ciri c'est silence radio", écrit le quotidien économique.

La fédération CGT du commerce et des services rappelle que Conforma, "affaibli depuis 2017 à cause des difficultés financières de sa maison mère, le Sud-Africain Steinhoff" a mis en oeuvre un plan de sauvegarde de l'emploi homologué le 27 février dernier, qui "ne pourra être financé si le prêt n'est pas accordé".

"Sans ce prêt garanti, Conforama risque d'être livré à un repreneur rapace qui s'empressera de découper en tranches notre entreprise (...) la fin d'une entreprise plus que cinquantenaire plébiscitée par les Français", s'indigne FO. Interrogé, le ministère de l'Economie s'est refusé à tout commentaire.

Plusieurs grands groupes tricolores ont déjà obtenu un PGE. Les enseignes de bricolage Castorama et Brico Dépôt se sont vues accorder un prêt de 600 millions d'euros garanti par l'État français pour faire face aux conséquences du coronavirus. Touchée de plein fouet par la crise, Air France a aussi obtenu un PGE d'un montant de 4 milliards d'euros. La Commission Européenne a également donné son accord à l'octroi d'un prêt garanti par l'Etat à Renault de 5 milliards d'euros.