Vente de tabac aux mineurs : la responsabilité des buralistes pointée du doigt

Par latribune.fr  |   |  436  mots
Le tabac est tenu pour responsable d'environ 200 morts par jour dans l'Hexagone.
Une étude réalisée auprès de 1.800 élèves des collèges et lycées de Paris met en cause la responsabilité des buralistes. La Confédération des buralistes en contestent les conclusions.

Trois-quart des jeunes fumeurs quotidiens de 12 à 15 ans et plus de 94% de ceux âgés de 16 à 17 ans se procurent leurs paquets de cigarettes chez les buralistes. Un chiffre particulièrement élevé "alors même que les buralistes, investis d'une mission de service public, ont l'interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs", souligne le Pr Bertrand Dautzenberg, un pneumologue fortement impliqué dans la lutte contre le tabac, qui a supervisé l'étude*, dont les résultats préliminaires ont été rendus publics jeudi 5 mai.

Toutes catégories confondues (fumeurs occasionnels, quotidiens et ex-fumeurs), le taux est toutefois moindre puisque seule la moitié des jeunes de 12-15 interrogés reconnaissent avoir obtenu leurs cigarettes dans des bureaux de tabac. Le taux s'établit à 80% chez les 16-17 ans, le même que celui observé chez les fumeurs majeurs âgés de 18 à 19 ans. Les autres façons de se procurer du tabac sont l'achat sur internet, le recours à des membres de la famille ou des amis plus âgés.

Pour le Pr Dautzenberg, "ralentir l'entrée en tabagisme des adolescents est une mesure majeure de santé publique" dans la mesure où "plus l'initiation au tabagisme est précoce, plus la dépendance tabagique est forte".

Contestation de la Confédération des buralistes

"Je conteste formellement les conclusions de l'enquête", a réagi dans un communiqué Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes, qui questionne les "conditions de réalisation" du sondage, "effectué uniquement à Paris et basé sur la simple interprétation de déclarations faites par des mineurs".

Un plan de réduction du tabagisme a été voté le mois dernier par les députés en première lecture. Il prévoit que les jeunes devront à l'avenir présenter une pièce d'identité pour prouver leur majorité chez le buraliste et que des policiers municipaux seront habilités à faire appliquer la législation sur le tabac.

Selon la dernière enquête réalisée entre décembre 2013 et mai 2014 par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, le tabagisme régulier a légèrement reculé en France, sauf chez les jeunes, malgré les campagnes de prévention lancées ces dernières années.

Le tabac est tenu pour responsable d'environ 200 morts par jour dans l'Hexagone.

*Cette enquête, réalisée par l'association Paris sans tabac que préside le Pr Dautzenberg, a été menée cette année auprès d'un échantillon représentatif de 2% des élèves des collèges et lycées de la capitale, soit 1.776 fumeurs (occasionnels ou quotidiens) et ex-fumeurs.

 (Avec AFP)