Alstom/Siemens : vers la naissance d'un Airbus du rail

Par latribune.fr  |   |  548  mots
L'accord négocié prévoit l'absorption du pôle ferroviaire de Siemens par Alstom, spécialisé dans le rail depuis la cession de son pôle énergie à General Electric, pour former un groupe installé et coté à Paris mais dont l'Allemand prendrait la moitié du capital.
Deux ans après une première tentative de mariage, les deux fleurons français et allemand devraient annoncer leur union dans les heures à venir. Un accord qui scellerait la première alliance franco-allemande depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron, qui milite pour une plus grande intégration économique européenne.

L'annonce devrait intervenir ce mardi soir. Ou mercredi. Après un premier rapprochement évoqué puis avorté en 2014-2015, Alstom et Siemens devraient annoncer leur fusion, dans les heures à venir. Pour les deux géants, qui réalisent respectivement 7,8 et 7,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, il s'agit officiellement de s'unir face au géant chinois CRRC, issu d'une fusion pilotée par Pékin et qui lorgne désormais sur les marchés européens en discutant avec le tchèque Skoda Transportation.

Le conglomérat allemand réunit mardi son conseil de surveillance, tandis que le groupe français tiendra un conseil d'administration dans le même temps. En parallèle, donc, les deux entreprises se prononceront sur le projet, avant de vraisemblablement communiquer ensemble sur leurs décisions.

Un groupe installé et coté à Paris

D'après le Handelsblatt, journal économique allemand, l'accord déjà négocié prévoit l'absorption du pôle ferroviaire de Siemens par Alstom, spécialisé dans le rail depuis la cession de son pôle énergie à General Electric, pour former un groupe installé et coté à Paris mais dont l'Allemand prendrait la moitié du capital.

Les autorités françaises, qui plaident pour un tel rapprochement, insistent sur la nécessité d'une fusion "équilibrée". Dans le cadre des discussions actuelles, le président non exécutif de la future entité serait choisi par Siemens et le directeur général serait l'actuel président d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, qui serait aussi administrateur. Le conseil compterait 11 membres, dont 6 nommés par Siemens.

S'il devait se concrétiser, cet accord scellerait la première alliance franco-allemande depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron, qui milite pour une plus grande intégration économique européenne. Les opposants du chef de l'Etat, cependant, ont commencé à faire pression sur le gouvernement en critiquant la manière dont un nouveau "fleuron industriel français", et non des moindres puisque le TGV fabriqué par Alstom est de longue date une des fiertés françaises, passerait sous pavillon allemand.

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L'Etat ne devrait pas lever son option d'achat

D'autant que, d'autres intérêts français sont concernés par l'opération. Le groupe Bouygues détient en effet 8,3% du capital d'Alstom et est propriétaire de 20% supplémentaires qu'il a prêtés à l'Etat français en 2014 pour faciliter la cession à General Electric des activités d'Alstom dans l'énergie. Selon des sources contactées par l'agence Reuters, l'Etat n'exercera pas son option d'achat sur ces 20% au prix du marché, qui expirera le 17 octobre. Dans ce cas, Bouygues disposera de 28,3% du capital d'Alstom et en sera le premier actionnaire, mais il verra cette participation diluée de moitié dans le cadre d'un accord avec Siemens.

Enfin, outre un accord entre les deux groupes, la fusion devra ensuite recevoir le feu vert de la Commission européenne, ce qui pourrait impliquer des cessions d'actifs pour éviter des abus de position dominante. Les autorités françaises ne sont pas inquiètes concernant ces questions anti-trust, un aspect que, selon les analystes de Barclays, le Pdg d'Alstom Henri Poupart-Lafarge a cependant cité à plusieurs reprises comme un élément de préoccupation dans le cadre d'une consolidation européenne du secteur ferroviaire.

(Avec AFP)