Simca ou Talbot, future marque "low cost" de PSA ?

Par Pierre Kupferman  |   |  735  mots
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Le constructeur automobile français protège juridiquement depuis des années ces deux marques historiques afin d'éviter que ses concurrents s'en emparent. PSA pourrait donc être tenté de ressusciter l'une d'entre elles plutôt que de créer une nouvelle marque pour ses futurs véhicules à bas coûts produits en Chine. Une piste jugée crédible par les experts.

C'est la stratégie des petits cailloux. Jour après jour, PSA Peugeot Citroën égrène des bribes d'information sur son projet de voiture "low cost". Ce mardi, on a ainsi appris que si le constructeur se décidait à commercialiser ses futurs modèles à bas coûts chinois en Europe, il se contenterait de les vendre via un site internet. Cette stratégie lui permettrait évidemment de réduire les coûts de distribution.

Pour le choix de la marque sous laquelle seront vendus ces véhicules, PSA pourrait tout aussi logiquement être tenté de recourir à une stratégie "low cost". Il lui suffirait pour cela de puiser parmi celles dont il est déjà propriétaire. Un choix d'autant plus logique qu'il dispose dans son "portefeuille" de deux marques qui ont marqué l'histoire automobile : Simca et Talbot. "A première vue, reprendre un nom ancien, me semblerait le choix plus légitime, surtout en période de crise" observe Frédéric Stenz, un spécialiste de ce que les professionnels du marketing appellent le «naming». "D'autant, ajoute le fondateur de la société Naemes, que la mode est aux marques « revival », regardez ce qu'a fait Renault avec Gordini ou Citroën avec DS."

Petit rappel historique...

Simca (Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile) a été créée peu après la grande récession du début des années 30 avec le soutien de Fiat. Il s'agissait pour les fondateurs de cette marque de lutter contre les mesures protectionnistes en vigueur en Europe. Les Simca n'étaient alors ni plus ni moins que des Fiat made in France. D'origine franco-britannique, la marque Talbot, qui a vu le jour trente ans plus tôt, a été rachetée par Simca en 1958. Dans les années 60, Chrysler qui souhaite prendre pied en Europe entre dans le capital de Simca avant d'en devenir l'unique actionnaire dans les années 70.

En 1978, le constructeur américain est contraint pour des raisons financières de vendre ses actifs européens à PSA qui récupère ainsi trois usines dont celle de Poissy (France) mais aussi ces deux marques françaises que Chrysler a popularisé à l'international et notamment aux Etats-Unis. PSA tentera d'ailleurs à cette occasion de donner une seconde vie à Talbot en sortant quelques modèles dans les années 80, avec notamment la sortie de la Solara et de la Samba. Cette première résurrection sera interrompue en 1986. Voilà pour l'histoire.

Comment PSA a soigneusement protégé Simca et Talbot

Depuis, le groupe a cherché à protéger ces marques afin d'éviter que ses concurrents la récupèrent à bon compte en arguant qu'il ne les exploite pas. Il suffit pour cela de renouveler régulièrement les dépôts auprès des organismes compétents et, pour la forme, de continuer à assurer une production en relation avec la marque. En l'espèce des voitures miniatures pour collectionneurs suffisent à maintenir inattaquables sur le plan juridique ses droits de propriété

Cela dit, le groupe a manifestement davantage investi dans la protection de Simca. Cette marque a fait l'objet de multiples dépôts au niveau international, à commencer par le logo qui, inscrit à la World Intellectual Property Organisation, bénéficie d'une protection juridique sur les 5 continents. Et PSA n'a eu de cesse que de protéger cette marque. En 2007, un Allemand a ainsi tenté de la déposer à l'OHMI, l'office européen assurant une protection des marques au sein de l'Union. Sa requête fut immédiatement retoquée à la demande de PSA. Talbot, en revanche, ne figure pas parmi les marques déposées par PSA à l'OHMI. Elle est néanmoins protégée par une inscription au registre national de l'INPI de même que son logo.

L'hypothèse Talbot mentionnée sur un forum

Difficile néanmoins de dire aujourd'hui si la marque a tranché en faveur de l'un de ces deux noms. Le secret est bien gardé. Dans un forum regroupant des amoureux des deux marques, un internaute, s'appuyant sur des sources internes qu'il ne nomme pas, assure que Peugeot travaille sur l'hypothèse Talbot. Mais rien ne permet de valider cette information. En tout cas, les Chinois ont eux bien flairé le filon. L'an passé les deux marques historiques susceptibles d'être ressuscitées sont apparues sur la toile sous les noms de domaines talbot.cn et simca.cn.