Les premières voitures électriques en libre-service circuleront à Paris ce dimanche

Par Alain-Gabriel Verdevoye, mis à jour par Latribune.fr  |   |  680  mots
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Lancement d'Autolib, ouverture des commandes de Renault Kangoo électriques, décisions sur l'achat de 25.000 véhicules "zéro émission" par l'Etat, la fin de semaine doit marquer le vrai coup d'envoi des véhicules "verts". Mais le maintien des "superbonus" incitatifs n'est pas assuré à terme. Autolib sera rentable pour Bolloré d'ici à 7 ans.

Les premières voitures électriques en libre-service circuleront à Paris ce dimanche, prochain, la veille du lancement officiel d'Autolib'. Soixante-six véhicules Bolloré Bluecar devraient être mis à disposition et 33 stations ouvertes dans la capitale. Par ailleurs, « ce vendredi, les décisions devraient être prises sur la commande de 25.000 véhicules électriques au moins, dont 10.000 pour La Poste et 5.000 pour l'État », affirme à La Tribune Jean-Louis Legrand, coordinateur interministériel du plan véhicules décarbonés. Renault doit ouvrir, en outre, ce même vendredi, les commandes pour sa première voiture électrique. Il s'agit de l'utilitaire Kangoo, dont les premières livraisons interviendront fin octobre. La firme au losange espère en vendre 20.000 à 30.000 unités sur l'année 2012. En novembre, ce sera au tour de la berline Fluence, puis, en décembre, du quadricycle Twizy. PSA vient de franchir, quant à lui, la barre des 5.000 commandes de véhicules électriques, essentiellement des Citroën C Zéro et Peugeot Ion conçues et produites par son allié japonais Mitsubishi, dont 3.000 sont déjà aux mains des clients. Enfin, le groupe livrera, entre fin novembre et début décembre, les premières voitures diesel hybrides de série au monde, les Peugeot 3008 Hybrid4.

Le coup d'envoi de la voiture « verte » est donc donné ! Et ce, paradoxalement, alors que s'amorce un débat budgétaire placé sous le signe de la rigueur, qui vise clairement la suppression des... niches fiscales. Question : au moment où ils arrivent enfin sur le marché, les véhicules « décarbonés » continueront-ils d'être fiscalement privilégiés, comme ils l'étaient quand ils n'existaient pratiquement pas et ne coûtaient donc rien à l'État ou presque ? « Le maintien des bonus de 5.000 euros (pour les véhicules électriques) et de 2.000 (pour les hybrides) figure dans la proposition du gouvernement », assure Jean-Louis Legrand. Certes, pour l'accès au superbonus de 5.000 euros, le seuil d'éligibilité « devrait être durci, passant de 60 grammes (de rejets de CO2 au kilomètre) à 50 ». Pour l'accès au bonus de 2.000 euros, on passerait d'un maximum « de 110 grammes de CO2 à 100 ou 105 ». Pour les véhicules électriques « zéro émission », cela ne changerait... rien. Pour les hybrides, en revanche, la question du seuil est un sujet sensible. Les émissions d'une Peugeot 3008 Hybrid4 varient entre 99 et 104 grammes, selon la monte pneumatique... La question du maintien de ces montants n'est « pas encore définitivement tranchée », nuance-t-on toutefois au ministère du Développement durable. Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée, refuse pour sa part de s'engager sur les montants (voir interview page 4). Bref, rien n'est sûr.

Or, les surcoûts des véhicules « verts » sont tels qu'ils ne peuvent se passer d'aides publiques. Du moins avant que l'effet de masse n'en abaisse les prix de revient. N'oublions pas qu'une Citroën C Zéro est facturée à un prix catalogue de... 35.350 euros, trois fois plus élevé que celui d'une C1 de taille équivalente. Une Peugeot 3008 Hybrid4 affiche, elle, un surcoût de 5.000 euros par rapport à une 3008 thermique comparable. Ce qui semble certain, en tout cas, c'est que, au fur et à mesure de la montée en puissance des modèles électriques et hybrides sur le marché, les mesures de soutien coûteront logiquement de plus en plus cher à l'État et sont donc appelées à être réduites, voire supprimées !

« Nous sommes en faveur de la prolongation du superbonus de 5.000 euros en vue d'accompagner la montée en puissance progressive du véhicule électrique », martèle-t-on évidemment chez Renault, intéressé au premier chef.

Un service profitable à partir de 80.000 abonnés-Bolloré

Ce vendredi, Vincent Bolloré, PDG du groupe diversifié en marge du lancement du libre-service parisien de voitures a déclaré en marge d'une conférence de presse : "Nous estimons qu'à partir de la septième année, ce sera rentable, et un groupe industriel comme le nôtre a l'habitude de n'avoir des rentabilités qu'au bout de six ou sept ans". Vincent Bolloré a également estimé que le service serait rentable à partir de 80.000 abonnés.