Avec le low cost, Renault fait des étincelles...

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  632  mots
« Renault a relevé tous les défis auxquels il était confronté en 2011 », a souligné jeudi le PDG de Renault, Carlos Ghosn. Photo : Reuters
Le constructeur réalise une « marge opérationnelle largement supérieure à 6% » sur ses Logan, Sandero ou autres Duster à bas prix. Renault affiche des résultats financiers positifs au titre de 2011 et une faible dette.

La gamme « Entry » (modèles à bas coûts) « avait un objectif de marge opérationnelle de 6%. Nous l'avions fixé dans le scepticisme général. Or, aujourd'hui, la marge est largement supérieure à 6%. C'est la gamme la plus profitable de l'entreprise », soulignait fièrement Carlos Ghosn jeudi matin. Après les mauvais résultats de PSA dévoilés mercredi, le PDG de Renault a annoncé des résultats financiers honorables au titre de 2011. « Renault a relevé tous les défis auxquels il était confronté en 2011 », a-t-il souligné. Renault a réalisé plus de deux fois son objectif en matière de « free cash flow » (flux de trésorerie) opérationnel dans l'automobile, à 1.084 millions d'euros. Une performance de taille, au regard de celle de son rival PSA qui a enregistré l'an dernier un « free cash-flow » négatif de 1,6 milliard d'euros.

Une marge en très légère baisse

Renault, l'anti-PSA ? La comparaison entre les deux groupes tricolores n'est évidemment pas flatteuse pour le second. Carlos Ghosn a en outre prévu un « « free cash-flow » automobile positif pour 2012 », une prévision que PSA n'a pas été en mesure de faire hier.
Le constructeur français a également maintenu son bénéfice opérationnel l'an dernier, à 1,1 milliard d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 9,4% à 42,63 milliards. La marge ressort à 2,6% (2,8% en 2010). Sur la seule activité automobile, le bénéfice opérationnel a légèrement baissé à 330 millions l'an passé, avec une marge de 0,8% (contre 1,1% précédemment). La marge est restée positive sur le second semestre, contrairement à PSA qui a enregistré une lourde perte.

Avtovaz est sorti du rouge

Le résultat net du groupe au losange a quant à lui baissé de 38,7% à 2,14 milliards d'euros. A ce résultat, l'allié Nissan a toutefois contribué pour 1,33 milliard, le suédois AB Volvo dont Renault est actionnaire de référence pour 136 millions. Même le russe Avtovaz, dont Renault détient 25% du capital et s'apprête à passer à 50% (avec Nissan), a eu une contribution positive de 49 millions (contre une perte de 21 millions l'année précédente). Carlos Ghosn a mis en exergue le niveau de profitabilité de régions comme l'Amérique latine ou la Russie, où PSA perd de l'argent, mais aussi du Maroc. « A part la Corée, il n'y a pas de pays significatif où nous avons perdu de l'argent l'an dernier », a expliqué le PDG.

Le plus faible endettement depuis 1998

Alors que la dette de PSA a triplé à plus de trois milliards d'euros, celle de Renault a décru singulièrement, passant en un an de 1,43 milliard à 299 millions à peine ! Et ce, malgré la crise. « C'est notre plus faible endettement depuis 1998 », a précisé Dominique Thormann, le directeur financier du constructeur. Les « réserves de liquidités dans l'automobile sont de 11,4 milliards, un haut niveau » , a-t-il ajouté. Le constructeur proposera un dividende de 1,16 euro par action au titre de l'an dernier.

Un marché européen qui s'annonce très médiocre cette année

La crise en Europe n'est toutefois pas finie, et elle continuera de peser sur les volumes et les prix. S'il prévoit une hausse des marchés cette année en Eurasie (+9%), en Asie-Afrique (+6%), dans les Amériques (+3%), Carlos Ghosn pronostique un recul de 3 à 4% en Europe, avec un plongeon de 7 à 8% en France, dont une dégringolade de 15% sur le seul premier semestre. Du coup, Renault fait tourner ses capacités sur le Vieux continent à 80-85% des capacités (en deux équipes). Malgré les perspectives négatives en Europe, Renault vise pourtant de nouvelles ventes record dans le monde cette année. Le PDG s'est refusé à faire des pronostics de résultats. Néanmoins, il a confirmé les objectifs de rentabilité ambitieux fixés dans le cadre du plan actuel pour 2013. « Nous sommes aujourd'hui dans cette perspective ».