Quand les constructeurs auto chinois délocalisent en Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye (avec AFP)  |   |  436  mots
Présentation par le constructeur Great Wall du "concept car" Spyker C8 Aileron lors du Shanghai Auto Show 2011 - Photo Reuters.
Great Wall démarre l'assemblage de deux véhicules en Bulgarie. C'est la première fois qu'un constructeur chinois s'implante dans l'Union européenne.

La Chine s'attaque à l'Europe, dans l'automobile. Les débuts sont certes modestes. Il n'empêche. Le plus grand constructeur automobile chinois privé Great Wall Motors (GWM) va assembler des véhicules en Bulgarie. "C'est la première usine d'un constructeur automobile chinois qui produira en Europe pour l'Europe", a déclaré le directeur du marketing de Litex Motors - le partenaire bulgare de GWM -, Ivo Dekov, dans une interview à l'AFP, à la veille de l'ouverture de l'usine le 21 février.

Le site de Bahovitsa, dans le nord du pays, emploie 150 salariés, qui peuvent produire 4.000 unités par an, à travers l'assemblage de pièces chinoises. "La production augmentera avec le développement des marchés ici et dans d'autres pays européens. En fonction de la demande, nous pouvons produire 50.000 véhicules par an avec 2.000 personnes travaillant en deux équipes ou même 71-72.000 si on fait les trois huit", a estimé Ivo Dekov. La main-d'oeuvre à bon marché et les faibles impôts ont notamment dicté le choix de la Bulgarie.

Dix modèles en 2016

Litex Motors compte sur une part d'environ 30 % du marché en Bulgarie. L'usine assemblera des modèles de la marque Great Wall : la citadine Voleex C10 et le pick-up Steed 5, dont les tarifs seront situés entre 8.200 et 12.800 euros. Plus de 200 véhicules importés de cette marque ont déjà été vendus en Bulgarie de la mi-octobre à la fin 2011, a indiqué Ivo Dekov.

Trois autres modèles doivent s'ajouter à la palette de l'usine bulgare cette année alors que Great Wall compte proposer en Europe dix modèles au total à l'horizon 2016. La société chinoise vend déjà dans 120 pays, dont l'Italie depuis 2006. Des ventes en Grande-Bretagne et dans les pays scandinaves doivent commencer l'année prochaine.

Des véhicules rustres... qui s'exportent

L'industrie automobile chinoise démarre prudemment en Europe. Les dirigeants savent que leurs véhicules rustres et à la qualité médiocre sont très loin des niveaux occidentaux. Mais les coréens n'ont-ils pas aussi commencé modestement il y a trente ans ? Les constructeurs chinois préfèrent pour l'instant s'installer dans les pays émergents, où le facteur prix est essentiel. ils se sont ainsi implantés en Asie, en Afrique et démarrent en Amérique latine.

Selon les estimations de la branche automobile de la Chambre chinoise de commerce pour l'import-export des produits mécaniques et électroniques (CCCME), les exportations de véhicules de l'ex-Empire du milieu devraient bondir de 50 % en 2012, après avoir enregistré une progression similaire l'an dernier et atteint près de 850.000 unités (pour une valeur de plus de 10 milliards de dollars).