Renault remet Alpine sur la ligne de départ

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  737  mots
En cas de décision positive, le nouveau véhicule, qui devrait donner lieu à une gamme, pourrait sortir en 2014 / Photo Reuters.
Le projet d'une petite voiture de sport légère, qui reprendrait un nom célèbre dans les années 70, doit être examiné dans les semaines qui viennent. En cas de feu vert, la voiture pourrait sortir en 2014.

Carlos Tavares en meurt d'envie. Passionné lui -même d'automobile, le directeur général délégué de Renault nous confirme le projet de "voiture de sport légère" qui recréerait la marque Alpine, championne du monde des rallyes dans les années 70! Le feu vert a failli être donné en fin d'année dernière, mais, devant la chute des ventes en Europe, Renault a reporté la décision. Les spécialistes du constructeur sont en train de recalculer le marché potentiel pour un tel véhicule de niche, avec les volumes de production que l'on peut raisonablement escompter, afin de vérifier sa rentabilité et donc sa faisabilité.  Le projet doit être examiné dans les prochaines semaines et une décision sera prise avant la fin du premier semestre, selon nos informations. En cas de décision positive, le nouveau véhicule, qui devrait donner lieu à une gamme, pourrait sortir en 2014.
 

Le savoir-faire de Nissan

Il accompagnerait la grande offensive préparée par le groupe dans le haut de gamme. Et, quoi de mieux pour souligner ce grand retour que de ranimer un label, dont les exploits sportifs firent naguère vibrer la France entière? Renault peut d'ailleurs profiter pour Alpine de l'expérience avérée de son allié japonais Nissan en matière de voitures de sport. En dehors d'une éventuelle Alpine, Renault va enfin réinvestir avant le milieu de la décennie les créneaux en deshérence des voitures "chères"... Il remplacera ainsi son monospace Espace en 2014 par un véhicule sur une plate-forme commune avec Nissan et Daimler (Mercedes). Deux autres modèles de moyenne gamme supérieure-haut de gamme sont prévus pour remplacer les Laguna et Vel Satis entre 2014 et 2015. Un modèle encore plus cossu, sur une plate-forme Mercedes, devrait en outre être lancé ultérieurement.

Une marque emblématique

Créée par un concessionnaire Renault, Jean Rédélé, à Dieppe (Seine maritime), Alpine a vécu quarante ans d'histoire passionnelle et... mouvementée. Tout démarre en 1955 avec un petit coupé, présenté au salon de Paris sous le nom de " Alpine Mille Miles" , qui repose sur une modeste base de 4CV avec une carrosserie en polyester légère et aérodynamique. Tout Alpine est déjà là. La Berlinette A108  est dévoilée pour sa part en 1960. Un véhicule-clé, qui servira de base à la très célèbre Tour de France A1 en 1962. Elle devient la voiture sportive française par excellence, chère, délicate à piloter, exiguë, mais d'une légèreté et d'une agilité phénoménales. Ce sont ces atouts qui lui permettront de contrer efficacement les Porsche, bien plus puissantes.  Alpine remporte enfin le titre mondial des rallyes en 1973. L'heure de gloire.
 

L'échec du Porsche à la française

Pour devenir le Porsche à la française dont on parle déjà, Jean Rédélé comprend vite qu'il lui faut sortir une voiture plus vaste, plus cossue, moins difficile à conduire. Ce sera l'A310, présentée au salon de Genève en 1971. Cette A310 héritera ensuite d'un moteur V6. Mal finie, dotée d'une motorisation moins noble que la concurrence, elle n'aura pas le génie de la Berlinette, malgré ses qualités indéniables. Le déclin s'amorce. L'A310 sera remplacée en 1985 par la GTA. Entre-temps, Renault aura repris Alpine et ajouté à la gamme une petite R5 Alpine, au milieu des années 70. Cette simple R5, juste plus puissante et légèrement modifiée, concurrencera (mal) la nouvelle Golf GTI, une bombinette qui deviendra fameuse, elle, dans le monde entier.

En 1991, Renault sort l 'A610 avec un V6 turbocompréssé de 250 chevaux. Las. Les ventes resteront confidentielles.  En France, ce marché des GT n'est pas porteur à cause d'une fiscalité dissuassive (déjà!) et des limitations de vitesses. Et, à l'étranger, le nom d'Alpine n'évoque plus rien, car la marque s'est retirée à la fin des années 70 de la compétition. Et puis, Renault a d'autres chats à fouetter... Pour ne rien arranger, la qualité et la fiabilité sont franchement mauvaises. Inacceptable à ces niveaux de prix, quand on veut rivaliser avec les labels mondiaux les plus prestigieux. Du coup, en 1995, Renault annonce la fin d'Alpine, dans l'indifférence générale! Vite, on attend une renaissance pour que l'automobile française fasse de nouveau rêver...