Comment Mercedes dope ses ventes avec les loueurs

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  569  mots
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Le constructeur allemand réalise 20% de ses ventes en France avec des loueurs de courte durée. Soit le double de la moyenne nationale. Et sa filiale Smart 31%. Honda, mais aussi Skoda et Hyundai forcent eux sur les véhicules de démonstration. Des immatriculations... peu rentables.

Vraies ou fausses immatriculations? Le marché automobile français a plongé de 20% (voitures particulières et utilitaires) au premier trimestre. Une forte chute, certes. Et encore ces chiffres recouvrent-ils les ventes aux particuliers, mais aussi les  livraisons aux loueurs ou les véhicules de démonstration, aux marges faibles voire nulles. Car, pour limiter la casse, certains groupes n'hésitent pas à gonfler artificiellement leurs chiffres de ventes! Histoire de faire tourner les usines, coûte que coûte. 

Le prestigieux constructeur allemand Mercedes est ainsi... le roi des ventes aux loueurs de courte durée, à la rentabilité problématique ! La célèbre firme à l'étoile réalise 20% de ses ventes trimestrielles totales (au premier trimestre) avec ces loueurs, contre 15,5% l'an dernier à la même époque. C'est beaucoup, la moyenne toutes marques en France étant de 10% environ. Sa filiale Smart spécialisée dans les micro-véhicules fait encore mieux, puisque les loueurs à courte durée absorbent carrément 31% de ses volumes. Aïe ! Le groupe de Stuttgart est celui qui réalise le plus fort pourcentage de ses immatriculations hexagonales avec lesdits loueurs... 

Véhicules d'occasion "zéro kilomètre"

Autre canal de ventes traditionnellement peu profitables, c'est le moins qu'on puisse dire : les véhicules de démonstration. Il est logique qu'un certain nombre de voitures soient mises chez les concessionnaires pour les essais clients. En moyenne, cela représente 10,5% des immatriculations totales en France. Au-delà de cette proportion, il s'agit souvent d'un moyen habile d'immatriculer des voitures... sans clients derrière, c'est-à-dire des véhicules d'occasion "zéro kilomètre". Le coréen Hyundai réalise ainsi 21% de ses ventes totales par ce biais. Enorme, alors qu'il fait déjà 18% de ses immatriculations avec les loueurs de courte durée.

Le nippon Suzuki en est à 22%, le tchèque Skoda (groupe Volkswagen) à 24%, l'américain Jeep (groupe Fiat) à 24,5%... Honda atteint pour sa part la proportion record de 34%! Cette firme nippone est aussi, simultanément, la championne des ventes en interne (c'est-à-dire à elle-même) qui représentent plus de 4% de ses volumes totaux (2% pour la moyenne des constructeurs). Une autre façon de gonfler les chiffres de ventes...

Les marques tricolores s'en tirent bien

Dans ce contexte, les marques françaises sont plutôt vertueuses dans leurs ventes, privilégiant la rentabilité à la quantité. Renault, qui vendait naguère beaucoup aux loueurs, a sérieusement réduit ces fournitures, qui non seulement rapportent peu mais perturbent aussi le marché de l'occasion, puisque les constructeurs s'engagent à reprendre ces véhicules au bout de quelques mois. Cet afflux d'occasions presque neuves fait souvent chuter... la cote à la revente des modèles de la marque. Les loueurs de courte durée represéntent 12% des ventes de Renault, 9,5% de celles de Peugeot, voire 7,3% de celles de Citroën.

Dacia très vertueux

Du coup, les ventes "nobles" (clients particuliers et aux sociétés hors automobiles), les plus profitables, pèsent pour 66,4% dans les volumes totaux de Renault et Peugeot, 70,5% dans ceux de Citroën, pour une moyenne tous constructeurs de 67,3%. Ce souci de préserver les canaux les plus rentables explique en partie la forte dégringolade des immatriculations des marques tricolores. La marque qui réalise le plus fort pourcentage de ventes "nobles"... reste toutefois le roumain Dacia, marque à bas coûts de Renault. 81% de ses immatriculations sont réalisées auprès des seuls clients particuliers. Un record.