Alger pourrait annoncer l'arrivée de Renault après le 6 mai

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  612  mots
Renault en Algérie Copyright AFP
Alger accuse Renault de faire traîner les négociations sur l'implantation d'une usine de voitures dans le pays. Mais le constructeur français et le gouvernement algérien auraient trouvé un accord. Ils ont préféré différer l'annonce officielle après le 6 mai pour ne pas interférer sur la campagne électorale.

La confusion règne sur le projet d'implantation d'une usine Renault en Algérie. Le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi, avait accusé le 25 avril le constructeur français de faire traîner les négociations et de refuser le site de Jijel, sur la Méditerranée à 360 km à l'est d'Alger (voir latribune.fr). "Les discussions ont pris plus de temps que prévu. Le partenaire étranger (Renault) a considéré que le lieu proposé pour l'implantation de l'usine est loin du bassin d'emploi approprié et qu'il n'offrait pas les opportunités nécessaires", avait déclaré Mohamed Benmeradi.

La presse algérienne avait tout de suite conclu à l'échec des négociations entre les deux parties. Deux jours plus tard, le 27 avril, coup de théâtre. Une source anonyme de chez Renault assurait à Reuters qu'en Algérie, "la signature d'un accord pourrait intervenir début mai". La direction du constructeur français refuse de confirmer, en précisant que les discussions se poursuivaient avec Alger. Toutefois, Renault a bel et bien refusé le site proposé par le gouvernement algérien jugé trop "excentré et marécageux". Le constructeur automobile attend officiellement une nouvelle proposition de lieu des pouvoirs publics algériens.

Un accord annoncé après le 6 mai

Selon nos sources, Renault et le gouvernement algérien auraient trouvé un accord pour l'implantation d'une usine de fabrication de voitures de la marque au losange mais ils auraient différé l'annonce officielle après le second tour de l'élection présidentielle française le 6 mai. Le contexte électoral et de crise économique en France n'est pas favorable à l'annonce d'une nouvelle délocalisation de Renault dans un pays du Maghreb. Le constructeur français a déjà inauguré sa première usine africaine d'une capacité de 400.000 voitures par an à Tanger au Maroc en février dernier. Renault avait été critiquée en France après cette inauguration.

Pour le constructeur français, refuser d'installer une petite usine de 75.000 unités par an en Algérie risque de lui coûter cher. Pour trois raisons. La première est liée à l'importance du marché. Le constructeur français détient 25 % du marché local (400.000 nouvelles immatriculations en 2011), en pleine croissance, en raison des augmentations de salaires octroyées aux fonctionnaires depuis 2011, de la forte demande et des aides gouvernementales destinées à aider les jeunes à créer de petites entreprises. Ainsi, durant les trois premiers mois de 2012, les importations algériennes de véhicules ont progressé de 17 % pour atteindre 102.720 véhicules. En valeur, le marché a fortement progressé de 21,55 %, passant de 800 millions d'euros durant le 1er trimestre 2011 à 977 millions d'euros durant la même période de 2012.

Représailles du gouvernement algérien

Par ailleurs, en cas de refus, Renault ne sera pas à l'abri de représailles de la part du gouvernement algérien qui soupçonne déjà sa filiale locale de laisser ses bénéfices en France en surfacturant ses voitures importées. "Renault pourrait être poursuivie pour surfacturation de ses voitures importées dans le cas où il refuserait de répondre favorablement à la demande du gouvernement algérien d'installer une usine de fabrication en Algérie", explique une source proche du dossier.

Enfin, dernière raison, le gouvernement compte durcir davantage les conditions d'importation des véhicules et autoriser le crédit automobile uniquement aux voitures fabriquées localement. L'allemand Volkswagen a présenté en octobre 2011, un projet d'installation d'une usine de fabrication en Algérie. Ce qui pourrait représenter une grave menace pour Renault en Algérie si ce projet concurrent voyait le jour. Pas sûr pour autant qu'il y ait la place pour deux usines surplace.