Volvo se lance à l'assaut des compactes allemandes d'Audi et BMW

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Vérone  |   |  777  mots
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La firme automobile de Göteborg commercialise fin juin une berline compacte de haut de gamme. Elle vise 90-100.000 unités annuelles. Audi et BMW n'ont qu'à bien se tenir.

"Nous visons plus de 800.000 voitures à la fin de la décennie, dont 25% en Chine",  confirme à latribune.fr Doug Speck, Directeur des ventes et du marketing de Volvo, en marge des essais en Italie du nouveau fer de lance de la firme suédoise, la compacte V40. Soit un quasi-doublement par rapport aux 448.680 unités vendues par le constructeur de Göteborg l'an dernier (+19,5%). En attendant, "malgré des marchés difficiles en Europe, nous ferons mieux en 2012 que l'an passé", précise le dirigeant.

Pour cela, la firme suédoise mise aujourd'hui beaucoup sur sa nouvelle berline haut de gamme, rivale des Volkswagen Golf, Peugeot 308, mais aussi et surtout des BMW 1 et Audi A3. Les premières livraisons en France interviendront fin juin. Doug Speck vise 90.000 exemplaires par an de sa V40, dont une version 4x4 "baroudeuse" sera présentée au prochain Mondial de l'automobile parisien en octobre pour une commercialisation début 2013. Doug Speck admet que certains objectifs en interne, plus ambitieux,  font état "de plus de 100.000". Mais il préfère rester prudent. La France devrait en écouler 5.000 ou plus par an. 

Production en Belgique

Ce véhicule de 4,37 mètres de long  est produit à Gand, en Belgique. Il  reprend la plate-forme de la Ford Focus, la berline compacte de l'ancien actionnaire de Dearborn. Avec le diesel le moins puissant de 115 chevaux, le 1,6 litre développé par... PSA dans le cadre de sa coopération sur les moteurs à gazole avec Ford, la V40 n'émet que 94 grammes de C02 au kilomètre. Très bien... sur le papier, car ce n'est certainement pas la plus agréable conduire. Loin de là. 

Heureusement pour les amateurs de compactes haut de gamme à fort tempérament, Volvo a prévu d'autres diesels jusqu'à 177 chevaux  et un moteur à essence sportif de 180.. Les tarifs s'échelonnent de 24.980 euros à 37.220. C'est bien plus qu'une Peugeot 308 (de 18.650 à 30.350 euros) et à peu près autant qu'une BMW 1. Volvo justifie ses tarifs assez élevés par ses qualités routières - que nous avons pu constater en essayant la voiture sur les routes sinueuses près de du lac de Garde -, une belle finition et un arsenal sécuritaire de premier plan avec notamment un "airbag" piéton et un système de détection d'obstacles avec freinage automatique! Une belle investion théorique, car, dans la pratique, les bips-bips incessants sont vite exaspérants! 

Ce modèle, qui pourrait vite devenir le plus vendu de la marque suédoise en détrônant le 4x4 compact XC60 lui-même très réussi, "ne sera pas vendu aux Etats-Unis. Il n'est pas non plus prévu à ce stade en Chine". En tous cas... pas sous cette forme de berline à cinq portes, prisée surtout des européens. L'actionnaire chinois s'intéresse d'ailleurs moins aux compactes qu'à une grande limousine de luxe pour concurrencer les grandes Audi ou Mercedes, fort populaires dans l'ex-Empire du milieu. Des rumeurs ont du reste fait récemment état à ce sujet de quelques différends stratégiques entre Geely et les responsables de Volvo...

Trois usines en Chine, une en Amérique du nord

Pour nourrir l'expansion intercontinentale programmée, "nous avons déjà annoncé deux usines de production en Chine et une troisième est à l'étude. Un site de production en Amérique du nord est aussi en discussion. Pour être un vrai acteur sur le marché américain, il faut y être implanté industriellement", souligne cet...américain.

Aujourd'hui, Volvo Car (rien à voir avec les camions d'AB Volvo) produit en Suède et en Belgique. Il dispose aussi d'une usine d'assemblage en Chine, mais qui résulte d'un ancien accord entre son ex-actionnaire Ford et le groupe chinois Changan. Désormais propriété du groupe chinois Geely, Volvo est en train de planfier pour 2013 un transfert de production dans l'ex-Empire du milieu sur un site situé à Chengdu (centre de du pays), grâce au soutien de sa société-mère.

Objectifs à long terme

Quand on lui demande ce qui a changé avec le passage en 2010 d'un propriétaire américain comme Ford à un chinois, Doug Speck répond: "Volvo a manqué d'investissements, car Ford n'avais pas assez d'argent frais disponible". Maintenant, "on a un actionnaire avec une vision et des objectifs à long terme". Geely  respectera-t-il la personallité très particulière de Volvo? "Les chinois veulent que Volvo soit une marque scandinave, sans compromis", rétorque le Directeur des ventes. 

Début avril, Volvo avait annoncé qu'il prévoyait d'investir 11 milliards de dollars (8,42 milliards d'euros) dans le développement de nouveaux produits et de nouvelles capacités de production au cours des prochaines années.