Pour faire des économies, Renault annule sa grande conférence de presse pour la présentation mondiale de la nouvelle Clio IV, fer de lance de sa reconquête. Après avoir lancé les invitations, la firme automobile se rétracte. Cette manifestation à grand spectacle prévue avec 500 journalistes (dont 200 français) le 4 juillet au Palexpo, centre des expositions de Genève, coûte trop cher. "Confronté à un contexte économique contraignant", Renault la remplacera par un communiqué de presse, des photos et vidéos mis en ligne sur le site. Un "chat" sera également réalisé sur le site www.media.renault.com . Une première!
"Frugalité ingénieuse"
Carlos Tavares, directeur général délégué de Renault, rappelait en effet mardi que "le début d'année est inquiétant sur le Vieux continent" avec "des marchés européen et français en recul respectif de 6 % à fin mai et 16 %. Alors que nous prévoyions en début d'année - 3 % en Europe et - 6 % en France". Le patron revendique du coup la mise en place à tous les étages de l'entreprise, de la "frugalité ingénieuse". En période de crise, "c'est faire beaucoup avec peu". Carlos Tavares précise sans ambages : "je demande aux collaborateurs de proposer des économies" ! La majorité des versions produite en Turquie La future Clio IV est un modèle crucial pour Renault. Cette "petite" sera ouverte aux commandes en juillet (berline). Les premières livraisons interviendront fin septembre. Le break sera livrable pour sa part en mars-avril 2013 ainsi que la sportive RS. Une version à carrosserie de 4x4 (mais en deux roues motrices) arrivera par ailleurs au printemps 2013. la Clio IV sera produite "en majorité" dans l'usine turque de Bursa, reconnaît le Directeur général délégué du groupe. Le site de Flins, en région parisienne, produira le solde, notamment les déclinaisons à plus forte valeur ajoutée. Mais le break sera, lui, entièrement assemblé à Bursa... Carlos Tavares avait récemment affirmé qu'une Clio IV produite à Flins coûterait 1.300 euros de plus que son homologue turque! L'idée initiale du constructeur était de produire la totalité ou presque des Clio IV en Turquie, réservant Flins à la fabrication de la Zoé électrique, prochainement commercialisée. Mais, devant les levées de boucliers des pouvoirs publics et les perspectives pour le moins alétoires du futur modèle électrique, la firme a dû se raviser. "La production de la Clio IV démarrera en juillet, simultanément à Flins et à Bursa. Nous visons 350 à 400.000 Clio IV par an", nous affirmait récemment le directeur de la gamme A et B (petites voitures) de Renault, Benoît Bochard, lors d'une présentation en petit comité du futur modèle. L'actuelle Clio III avait atteint les 650.000 unités en 2006. Mais, depuis, la concurrence s'est élargie singulièrement. 83 grammes de C02 seulement Clio IV reprend la plate-forme de l'actuelle Clio III. Le véhicule conserve globalement les dimensions de la précédente génération. Il mesurera en berline 4,05 mètres de long, mais pèsera une centaine de kilos de moins que son aînée, assure-t-on au sein du constructeur. La Clio IV bénéficiera des moteurs dernier cri, avec un tout nouveau trois cylindres à essence de 0,9 litre de cylindrée développant avec un turbo 90 chevaux, un quatre cylindres 1,2 turbo, un diesel 1,5 en plusieurs puissances. La Clio la plus "verte" émettra 83 grammes de CO2 au kilomètre, selon Renault. Des valeurs très basses, comparables à la Toyota Yaris hybride. Moins de 10.000 euros La Clio IV, qui arrivera juste après sa principale rivale la Peugeot 208 lancée fin mars-début avril, se placera sur un segment très populaire en Europe, le premier du marché, qui représente 4 millions d'unités annuelles. La Clio IV aura du travail, car la Clio actuelle n'était, en 2011, que la quatrième petite voiture la plus vendue sur le Vieux continent, derrière la Volkswagen Polo, la Ford Fiesta et l'Opel Corsa. Les prix "s'aligneront sur la concurrence", souligne Renault. La gamme Clio III démarre aujourd'hui à moins de 10.000 euros (hors promotions). L'investissement pour la Clio IV aura été "réduit de moitié par rapport à la précédente Clio III", indique le groupe tricolore. Il devrait donc tourner aux alentours du demi-milliard d'euros. La Clio III avait requis 950 millions. Carlos Tavares en attend une "meilleure rentabilité". En 2011, Renault a perdu de l'argent sur ses petites voitures (Twingo, Clio), de l'aveu même de Carlos Ghosn, le PDG.