Le plan auto renforce les superbonus pour voitures électriques et hybrides

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  968  mots
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7.000 euros de prime pour les électriques, 4.000 pour les hybrides. Voilà des mesures qui pourraient aider - partiellement - Renault et PSA Peugeot-Citroën... mais aussi le japonais Toyota, numéro un mondial de l'hybride.

Le gouvernement français, qui a dévoilé ce mercredi son plan auto , va renforcer les bonus écologiques pour les véhicules électriques ou hybrides.  Ce plan, qui doit aider (un peu) PSA Peugeot Citroën en grave crise mais aussi  Renault, prévoit un super bonus pour véhicules électriques de 7.000 euros (contre 5.000 euros actuellement) et de 4.000 (contre 2.000 euros aujourd'hui) pour les hybrides (thermiques-électriques). Selon le plan, le gouvernement prévoit également que 25% des nouveaux véhicules achetés par les pouvoirs publics seront électriques ou hybrides. "On réinvente l'automobile française, accessible à tous", a lâché Arnaud Montebourg lors d'une conférence de presse. Le ministre du Redressement productif, très lyrique, a du coup vanté "la voiture propre et populaire". Populaire? Voire.

Les bonus pour les "véhicules thermiques faiblement polluants seront augmentés de 100 ou 150 euros selon les cas". Jusqu'à présent, les véhicules à essence ou diesel émettant entre 91 et 105 grammes de CO2 par kilomètre étaient subventionnés à hauteur de 100 euros et ceux émettant entre 61 et 90 grammes à hauteur de 400 euros. Ces mesures seront valables jusqu'à la fin de l'année puis "précisées" dans la loi de finances pour 2013, souligne l'AFP. Le plan ne mentionne pas de renforcement du malus, de 200 à 3.600 euros actuellement  imposé aux acquéreurs des véhicules les plus émetteurs de C02. Pour l'instant. Car le ministre a annoncé un "doublement du malus pour les véhicules émetannt plus de 180 grammes de CO2" à partir de 2013. Le bonus malus écologique avait été mis en place dans la foulée du Grenelle de l'Environnement de la fin 2007 et vise à favoriser les ventes des véhicules les moins émetteurs de gaz à effets de serre, notamment les diesels qui ne sont pas pourtant les moins polluants, puisqu'ils rejettent des particules que diverses études voient comme cancérigènes... Les contradictions des mesures à préentention écologique sont flagrantes!

Mesures pour PSA et Renault... à double tranchant

Ces mesures sont clairement destinées à soutenir l'automobile française, qui fabrique des petits véhicules urbains, lesquels par définition consomment moins et donc émettent moins de C02,  mais sans pour autant passer pour des aides "protectionnistes" qui encourraient les foudres de Bruxelles. Ces aides, si elles se confirment, sont toutefois ambivalentes. N'oublions pas que Fiat, Toyota, Ford, Volkswagen, vendent aussi des petits modèles émettant peu de gaz à effets de serre. Les super bonus sont eux aussi à double tranchant. 

Si Renault est le roi incontestable de l'électrique  - mais le marché est quasi-inexistant aujourd'hui -, il est absent des hybrides, domaine dans lequel a investi PSA. Mais... le numéro un mondial de l'hybride, et de très loin, est... le japonais Toyota. Avec une large gamme de véhicules, à des tarifs beaucoup plus accessibles que ceux de PSA ( 18.500 euros pour une Toyota Yaris hybride, contre 37.600 pour une Peugeot 3008 diesel-électrique), c'est la firme nippone qui risque de bénéficier priroitairement de cette manne, et notamment la toute nouvelle et réussie Yaris hybride, une citadine "Made in France"! Pas sûr que... ça soit le but de la manoeuvre. Etrangement, on voyait d'ailleurs une photo de cette Toyota Yaris dans le document remis aux journalistes par le gouvernement. Quant aux super bonus pour électriques, ils peuvent aussi favoriser des Renault Twinzy ou Fluence, produites à l'étranger! Seuls l'utilitaire Kangoo et la future citadine Zoé (dont le prix de base sera du coup de 13.400 euros a précisé le ministre) sont prévues pour un assemblage dans l'Hexagone. Pas si commode de soutenir ses champions nationaux! De toutes façons, ces super bonus seront à effets extrêmement limités. Les modèles électriques ont représenté en France  2.630 ventes en 2011, soit 0,1% du marché, et les hybrides 13.200, soit 0,6% des immatriculations totales.

Une mise en sommeil du libre-échange avec la Corée nuirait à GM

Selon le plan, le gouvernement prévoit également de demander la mise sous surveillance de l'accord de libre échange UE-Corée, qui laisse entrer les voitures coréennes en Europe, alors que Séoul applique traditionnellement des barrières non tarifaires sur les produits étrangers qui pénètrent en Corée. Ceci dit, la majorité des Hyundai et Kia vendues en Europe sont produites en Europe de l'est... Une suspension, qui reste à négocier, ne retreindrait qu'à la marge la déferlante coréenne du groupe Hyundai-Kia. En revanche, une remise en cause gênerait considérablement l'américain GM , allié à PSA, qui est un très gros importateur de véhicules produits en Corée. Ses Chevrolet sont en effet pour l'essentiel assemblées là-bas. GM risque donc de tout faire pour que le traité de libre-échange Europe-Corée ne soit pas remis en cause. Difficile pour le gouvernement français de montrer GM du  doigt et de lui nuire, alors qu'il a pris 7% de PSA.

Aides à la filière

Côté production automobile, le projet prévoit des facilités de financement pour les équipementiers et constructeurs en difficulté face à la baisse des ventes automobiles en Europe, et de réorienter des investissements déjà prévus vers la recherche et le développement (R&D). Au total, 350 millions d'euros de crédits "d'investissements d'avenir" seront "réorientés" pour aider les constructeurs à innover, ainsi que des aides pour les sous-traitants et les distributeurs, dans le cadre de son plan d'aide à la filière. Concernant les sous-traitants, la banque des PME Oseo devrait mobiliser 150 millions d'euros pour "soutenir leur trésorerie", et ils pourront "solliciter plus de 450 millions d'euros de financement dédiés à la modernisation des sites et l'investissement industriel".

Enfin les PME sous-traitantes "stratégiques" profiteront de 260 millions d'euros de crédit disponible immédiatement pour leur développement auprès du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, qui sera prolongé.