Volkswagen renouvelle son emblématique Golf, une saga à succès depuis 1974

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1236  mots
Golf VII / DR
Dévoilée mardi soir à Berlin, la Golf VII sera commercialisée à la mi-novembre à partir de 17.000 euros. Digne successeur de la Golf de 1974, qui avait sauvé le groupe alors en grave difficulté, ce modèle compact, rival des Peugeot 308 et Renault Mégane, sera produit dans l'usine historique de Wolfsburg.

« Das auto », la voiture ! Elle ? La Volkswagen Golf. Le premier constructeur automobile européen a dévoilé mardi soir à Berlin la septième mouture de son modèle fétiche, produite toujours à Wolfsburg et commercialisée à la mi-novembre. La signature publicitaire du groupe allemand, d'une folle arrogance dans sa simplicité, est... justifiée. La compacte Golf s'est vendue en effet à 29 millions d'exemplaires à ce jour en 38 ans et six générations ! Plus encore que la légendaire Coccinelle, la voiture la plus populaire (avec la même carrosserie) de l'histoire avec 21,5 millions.

Nouvelle plate-forme

Bénéficiant d'une toute nouvelle plate-forme modulaire permettant d'abaisser le poids et les coûts, la Golf VII pèse 100 kilos de moins que sa devancière et consomme 23% de moins, selon le constructeur. La Golf TDi Blue Motion parvient même à de très basses émissions de 85 grammes de CO2 au kilomètre. Prix de départ en France un peu supérieur à 17.000 euros. Cette redoutable concurrente des Peugeot 308, Renault Mégane, Citroën C4, Ford Focus, Opel Astra, n'en reste pas moins fidèle à la recette qui a réussi à ses devancières : une esthétique sage, d'une élégance indémodable qui rend la Golf immédiatement identifiable, une qualité de finition à l'allemande, des mécaniques éprouvées. Elle donnera lieu à de multiples variantes sur la même base : berline à coffre séparé, monospace, break, 4x4, sans parler des extrapolations pour le marché chinois.

Première vente en Europe

La Volkswagen Golf VI actuelle aura encore été la voiture la plus vendue en Europe l'an dernier (484.547 unités), selon la banque de données Jato. Et ce, pour la troisième année consécutive. La compacte de Wolfsburg devançait en 2011 une autre... Volkswagen, la petite Polo (356.490), la Ford Fiesta (348.465), l'Opel Corsa (313.325), la Renault Clio (294.172). Pas mal pour un véhicule en fin de parcours.

Le modèle fétiche qui a sauvé la firme

Cette brave Golf, Volkswagen lui doit (presque) tout sur les dernières décennies ! C'est elle qui a en effet largement contribué à faire du groupe de Wolfsburg le troisième constructeur automobile mondial, après avoir carrément sauvé le consortium, frappé par une grave crise, en... 1974 ! Si l'on caricature, l'histoire de Volkswagen peut se résumer en deux modèles phare, la Coccinelle originelle du Troisième Reich au milieu des année 70, puis la Golf.

Le constructeur du Troisième Reich

Fondé sous l'égide d'Adolf Hitler, Volkswagen s'est imposé après guerre comme un grand constructeur automobile grâce à l'indestructible Coccinelle à moteur arrière de 1938. C'est l'occupant britannique qui, en 1945, donne l'ordre de reprendre l'assemblage. En 1947, le site de Wolfsburg, créé de toutes pièces par le régime nazi, produit 9.000 voitures seulement. Mais, dans les années cinquante, les Allemands, qui commencent à s'enrichir grâce à la reconstruction de leur pays, se ruent sur ces voitures laides, à la silhouette déjà surannée, mais simples et d'une formidable robustesse. Les clients d'outre-Rhin ne sont pas les seuls. Car la voiture commence à s'exporter à travers le monde. Même les Etats-Unis s'entichent de ce modèle spartiate, minimaliste, complètement à contre-courant des énormes Chevrolet, Ford ou Chrysler dégoulinantes de chromes de l'Amérique triomphante des "Fifties". Un modèle pour toutes les latitudes. Née dans la grisaille de la Basse-Saxe, la Coccinelle sera aussi plébiscitée au Brésil, au Mexique... Un dérivé fourgon, le fameux Combi qui fera plus tard la joie des Hippies, apparaît dès 1950.

La crise de plein fouet

La production de Volkswagen dépassera, du coup, le million d'unités par an en 1962 (dont 877.000 Coccinelle). La gamme, toujours centrée essentiellement sur la vieille Coccinelle et le Combi, s'étoffera au fur et à mesure avec des dérivés sur cette même plate-forme. Seulement, voilà : malgré sa réputation mondiale, Volkswagen finira par souffrir cruellement de... l'obsolescence technique de son offre. Au début des années 70, face aux rivales plus récentes et aux petites japonaises qui démarrent outre-Atlantique, la Coccinelle, bien qu'améliorée au fil des ans, est certes solide, mais dangereuse (tenue de route aléatoire), peu confortable, étriquée, avec des moteurs refroidis par air bruyants, peu performants et voraces... Un peu comme si Renault produisait encore en 1973 sa 4 CV (arrêtée en 1961). Après avoir longtemps travaillé sur une nouvelle Coccinelle à moteur central, trop chère à produire et finalement abandonnée, Volkswagen se retrouve donc au bord du gouffre au moment du premier choc pétrolier...

Une date clé: le 29 mars 1974

Heureusement, le 29 mars 1974, démarre la production de la première Golf. Une vraie révolution : cette traction avant compacte, carrée, dessinée par le déjà célèbre designer italien Giorgetto Giugiaro, représente un vrai bouleversement pour Volkswagen. Certains esprits sont même sceptiques face à une telle rupture avec la tradition. La Golf est d'ailleurs un véhicule qui doit beaucoup aux compétences de NSU puis d'Audi, deux marques d'Auto Union, que le groupe de Basse-Saxe a repris dans les années 60. En 1974, le groupe ne fabrique encore que 189.890 Golf et encore 791.000 Coccinelle, sur une production totale de 2 millions de véhicules. Pourtant : le succès sera au rendez-vous. La millionième Golf sortira ainsi des chaînes deux ans et demi plus tard ! Elle sera même fabriquée aux Etats-Unis, en Afrique du sud.

Multiples dérivés

Et la firme saura créer sur cette Golf des dérivés mythiques, comme la petite sportive GTI de 1976, bientôt coqueluche des jeunes (et des moins jeunes) branchés, puis le cabriolet en 1979. En passant par la première diesel, également en 1976, ancêtre du TDi. Avec 6,72 millions d'exemplaires de la première génération vendus sur tous les continents (incluant les variantes comme la Jetta à coffre séparé), la Golf s'affirmera dès sa première génération comme le digne successeur de la Coccinelle. Et son aura est telle que Elle marchera si bien que Volkswagen tardera à la renouveler et se trouvera à nouveau confronté à des difficultés au début des années 80. La Golf II, dessinée dans un style plus rondouillard, ne sortira qu'en 1983.

Insolents résultats financiers

Son lointain successeur, la Golf VI, lancée en 2008 et reprenant les bases de la Golf V, aura été produite encore à 2,85 millions d'exemplaires en moins de quatre ans à peine. D'une Golf à l'autre, la firme allemande aura donc su créer un modèle emblématique, que tous ses concurrents lui envient. Un véhicule qui plaît, quel que soit le milieu social, aussi prisé dans les quartiers chic que dans les communes rurales ou les banlieues "sensibles". Un "Best seller" qui contrbue fortement aux insolents résultats financiers du groupe. Volkswagen a ainsi affiché une hausse spectaculaire de son bénéfice net semestriel de 36 %, à 8,83 milliards d'euros. Le constructeur germanique, à qui tout semble réussir, a amélioré son chiffre d'affaires de 23 %, à 95,4 milliards d'euros sur les six premiers mois de 2012 et son résultat d'exploitation de 7 %, à 6,5 milliards d'euros. Soit une marge confortable de 6,8 % du chiffre d'affaires. Et encore ce profit d'exploitation semestriel ne comprend-il pas le bénéfice de 1,8 milliard d'euros tiré des co-entreprises chinoises!


> VOIR notre DIAPORAMA : Golf, 38 ans d'existence et 29 millions d'exemplaires vendus

 

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