Sur fond de crise, le Mondial de l'automobile donne la priorité au Vert

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1318  mots
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<b>Mondial de l'auto - </b>L'industrie tricolore est en crise. Dans ce contexte morose, le Mondial de l'automobile, qui ouvre ses portes aux professionnels ce jeudi, sera centré sur la traque des émissions polluantes. Petites voitures, moteurs à trois cylindres, électricité et hybrides sont au programme. Mais aussi les voitures pour l'international.

Le Mondial de l'automobile parisien ouvre ses portes ce jeudi aux professionnels et samedi au public porte de Versailles, dans un climat extrêmement morose. N'en déplaise au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et à ses discours lénifiants, l'auto française est en danger. La crise économique et la saturation structurelle des débouchés en Europe sont certes des facteurs clé. Mais elles n'apparaissent pas seules en cause. Menacée par les entraves à la circulation imposées par les municipalités qui multiplient les embouteillages pour écoeurer les automobilistes, la politique ultra-répressive avec des radars tous azimuts perçus comme autant de taxes supplémentaires, la fiscalité discriminante pour le moyen et haut de gamme, l'industrie tricolore se retrouve acculée, exclue des segments des grosses voitures à fortes marges et de plus en plus concentrée sur les petits véhicules d'entrée de gamme hyper-concurrentiels, souvent produits... hors de France pour des raisons de coûts.

Victimes aussi de l'insuffisante compétitivité de l'entreprise France dans son ensemble, les usines tricolores de Renault et PSA ont fabriqué moins d'un million d'unités (957.604 unités à peine, voitures particulières et utilitaires légers) au premier semestre, soit une chute de 13,8%. PSA a reculé de 12,6% et Renault de 16,3%. PSA produit encore 41% de ses véhicules dans l'Hexagone, mais Renault 21% seulement! La baisse ne date pas d'hier. En 2005, les deux constructeurs avaient assemblé sur le territoire national 3,2 millions de véhicules. L'an passé, leur production atteignait moins de 2 millions à peine ! Et ce sera pire encore cette année.

Les usines tournent d'ailleurs en sous-régime. Le taux d'utilisation des sites de petits modèles de PSA en Europe dépasse à peine les 60%. Le constructeur a annoncé en juillet 8.000 suppressions de postes et la fermeture du site d'Aulnay en région parisienne d'ici à 2014. Certes, Opel (GM), Ford, Fiat sont également en surcapacités chroniques en Europe. Les français ne sont donc pas les seuls à affronter ces problèmes. Il n'empêche.

Dans ce contexte franco-français pour le moins difficile, le Mondial de l'automobile sera quand même la fête de l'automobile, y compris chez les constructeurs tricolores ! Mais les inévitables et douloureuses restructurations seront forcément présentes dans les discours, en toile de fond. Car les marchés sont en berne. Renault a ainsi de nouveau revu à la baisse ses prévisions pour les marchés français et européen lors d'une présentation à des analystes. Le groupe au losange table à présent sur un recul des immatriculations de 13% en France, au lieu d'une baisse comprise entre 8 et 10% précédemment. Pour l'Europe, il prévoit un recul de 8% au lieu d'un effritement entre 6 et 7% jusqu'ici.


Voici, en avant-première, les thèmes-clés de ce Mondial, qui restera ouvert jusqu'au 14 octobre :

Les petites voitures au programme

Au Mondial, ce sera un festival de citadines. Et les français seront en position de force. La petite Renault Clio IV, livrable dès octobre, sera en effet l'une des attractions primordiales du salon. Tout comme la gamme de petites berlines Peugeot 208 - commercialisées depuis le printemps - avec la dernière version sportive GTi. Deux modèles fabriqués pour partie en France, et, pour l'autre en Turquie (Renault) et en Slovaquie (Peugeot). Les petites, les marques tricolores savent faire. Renault vise carrément 350 à 400.000 unités de sa Clio IV, même si l'aggravation de la crise en Europe a obligé la firme de Boulogne-Billancourt à revoir légèrement à la baisse ses objectifs initiaux.

 

Des dérivés de ces deux braves petites françaises sont prévus, avec notamment des (faux) 4x4  - dont la version Peugeot sera visible au Mondial sous forme de concept pour une fabrication prévue dans l'Hexagone -, un break pour la Clio, un cabriolet pour la 208. La firme au losange dévoilera aussi sa petite Sandero II à bas coûts. Chez PSA, Citroën s'apprête pour sa part à lancer une Citroën DS3 cabriolet à l'assaut des Fiat 500 et Mini décapotables, tout en restylant son minispace C3 Picasso. Mais les concurrents seront aussi là en force, avec notamment la « mini » Opel Adam, une Ford Fiesta profondément remaniée et la Fiat 500L ainsi que Panda 4x4, bientôt mises sur le marché.

La traque du C02 avec des petits moteurs

Ce sera indubitablement un thème majeur de l'exposition parisienne, corrélé en partie aux petits véhicules. Bruxelles a en effet fixé un objectif de 95 grammes de C02 au kilomètre pour les émissions de véhicules neufs en moyenne en 2020, contre 135 grammes aujourd'hui, toutes marques confondues. Rude gageure. Sur ce thème, les deux groupes tricolores sont très bien placés. Renault comme PSA montreront au salon des petits moteurs innovants à trois cylindres, pour les Clio IV et 208, qui devraient rivaliser avec les motorisations équivalentes sorties ces derniers temps chez Volkswagen ou Ford. L'américain va même monter son trois cylindres dans ses monospaces compacts C-Max , mais aussi dans ses nouvelles familiales Mondeo. PSA rappelle d'ailleurs qu'il était le champion des plus faibles émissions moyennes de gaz à effets de serre des constructeurs en Europe au premier semestre 2012.

Les voitures vertes électrique et hybrides

Qui dit réduction du C02 dit nouvelles technologies. En-dehors des moteurs thermiques à trois cylindres, le Mondial sera une vitrine pour les électriques et hybrides. Clou du salon : la Zoé électrique de Renault. C'est en en effet le premier vrai véhicule conçu exclusivement pour une traction électrique, après la Leaf de son allié japonais Nissan. Les autres voitures « zéro émission » étaient à ce jour des adaptations de véhicules thermiques. Sur la Zoé, qui devrait coûter grosso modo le prix d'une Clio grâce au super-bonus gouvernemental, tout a été optimisé pour l'électricité, avec notamment un substantiel accroissement de l'autonomie, talon d'Achille habituel des modèles « zéro émission ». C'est sur ce véhicule, dont la production vient de commencer à Flins (Yvelines) pour une commercialisation en toute fin d'année, que repose l'essentiel du pari électrique de Renault. Les capacités potentielles de production sont de 150.000 unités.

Mais l'hybride sera aussi largement présent  avec la gamme thermique-diesel de PSA, mais surtout thermique-essence de Toyota, qui dévoile notamment la nouvelle compacte Auris II avec une version hybride spécfique. Les hybrides rechargeables, que PSA semble abandonner pour le moment, seront présents sur les stands Toyota (Prius), Mitsubishi (Outlander) ou Volvo (V60 Plug-in) et livrables prochainement.

Les modèles pour l'international

La voiture mondiale pour pays émergents sera aussi au programme, avec aussi une préooccupation environnementale en ligne de mire, dont le plus bel exemple est la Dacia Logan II (mais aussi Sandero II) du groupe Renault, un véhicule produit en Roumanie, mais aussi à terme en Russie, au Brésil, voire en Colombie. Le modèle destiné aux pays émergents par excellence. Renault va d'ailleurs produire près d'un million de véhicules de sa gamme « Entry » (entrée de gamme sous les marques Renault ou Dacia) cette année (Logan I, Sandero I, Duster, Lodgy, Dokker).

Dans un registre plus modeste, PSA exposera durant les journées professionnelles du Mondial ses Peugeot 301 et Citroën C-Elysée. Ces deux nouveaux véhicules produits en Espagne ne seront pas commercialisés en France. Ils seront réservés aux pays émergents, avec une production prévue aussi en Chine. 200.000 unités par an sont prévues. Toutes les stratégies sont possibles. Ford part ainsi du principe opposé. Le constructeur de Dearborn mise  au contraire sur  la voiture mondiale unique, telle la nouvelle familiale Mondeo, produite sous la même forme aux Etats-Unis, en Europe et en Chine. Vive la diversité automobile


 

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