Renault produira en France des véhicules pour Nissan et Daimler dès 2014

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Sunderland et Paris  |   |  629  mots
Dieter Zetsche, patron de Daimler (à gauche), et Carlos Ghosn. Copyright Reuters
La décision formelle sera prise avant l'été prochain. La production de véhicules Nissan et Daimler en France devrait débuter l'an prochain dans l'Hexagone.

"Renault produira en France à la fois des Nissan et des véhicules de Daimler (Mercedes)", nous affirme une source bien informée chez Renault. "La décision sera prise avant l'été" et "la mise en production devrait démarrer début 2014". Nissan et Daimler ont déjà  "donné leur accord de principe". Les usines concernées pourraient être Sandouville (Seine maritime) ou Flins (Yvelines). Chez Nissan, on fait mine de ne rien savoir. "Nous n'avons pas  connaissance de plans pour faire des véhicules en France", affirmait jeudi, sur le site britannique Nissan de Sunderland, John Martin, patron des fabrications du constructeur japonais, allié de Renault,  en Europe... Un beau mensonge de la part du groupe nippon ? Il semblerait que, chez  Nissan, on n'ait pas le droit d'évoquer pour le moment  la question en public.

Echec à Douai pour le Qashqai

Après la signature de l'accord sur la compétitivité avec les syndicats, le 13 mars dernier, Renault réussit enfin ce qu'il n'avait pu concrétiser précédemment. "Il y a deux-trois ans, Nissan avait déjà fait ses calculs pour la fabrication du futur Qashqai. Mais il en avait conclu qu'il valait mieux pour lui augmenter les capacités à Sunderland, en Grande-Bretagne, que de produire chez Renault à Douai (Nord)", explique notre source. A la mi-janvier 2013, Renault a annoncé que la signature d'un accord (avec les partenaires sociaux) nous mettrait en mesure de prendre des engagements sur l'affectation de volumes de nos partenaires ». Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, avait affirmé peu avant que le PDG du constructeur français - et de Nissan - Carlos Ghosn  acceptait que son allié nippon (contrôlé à 43,4% par le français) vienne en aide aux usines tricolores en surcapacités.

80.000 unités en jeu

Signé par les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC et FO, l'accord de compétitivité est intitulé « Contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France ».  La firme automobile française s'est "engagée à produire un minimum de 710.000 véhicules en France à horizon 2016, contre un peu plus de 530.000 en 2012, ce qui portera le taux d'utilisation des sites français à plus de 85%". 80.000 unités doivent être générées par la localisation en France de véhicules des  partenaires de Renault. Le constructeur assure que ledit accord donnera "une visibilité sur l'activité de l'ensemble des sites français jusqu'au-delà de 2016, voire de 2020". Renault s'est engagé en échange à ne fermer aucune de ses cinq usines d'assemblage dans l'Hexagone.

Augmentation du temps de travail

"Si nous arrivons à un accord, la mise en oeuvre des mesures proposées nous fera gagner environ 300 euros par voiture produite en France", déclarait à la mi-février Gérard Leclercq, Directeur des opérations France de Renault, avant la signature de l'accord de compétitivité.  En contrepartie, l'accord prévoit une augmentation de 6,5% du temps de travail, une refonte des comptes épargne-temps, un gel des salaires en 2013 et 7.500 suppressions nettes d'emploi en France d'ici à fin 2016.

Participations croisées

Renault a pris le contrôle en 1999 du japonais Nissan alors en crise. Par ailleurs, en avril 2010, Daimler, propriétaire de Mercedes, et l'Alliance Renault-Nissan ont échangé des participations, chacun détenant 3,1% de l'autre. Plusieurs projets de coopération sont en cours. Après le lancement par Mercedes de l'utilitaire Citan - un Renault Kangoo restylé et rebaptisé - et l'achat par la firme de Stuttgart de petits diesels français pour la Classe A, la firme tricolore et le consortium d'outre-Rhin vont commercialiser en 2014 des véhicules communs. La Renault Twingo III et la Smart à quatre places partageront leur architecture et seront toutes deux produits chez le français en Slovénie. Par ailleurs, Mercedes fournira notamment des moteurs et une plate-forme à Infiniti, marque de luxe de Nissan.