PSA, en mal d'argent frais, envisage une nouvelle augmentation de capital

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  937  mots
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Au sein de la famille Peugeot et du groupe automobile, on discute activement d'une éventuelle augmentation de capital. Le constructeur a avalé 2,5 milliards d'euros de cash en un an. Et il devrait en consommer 1,5 milliard en 2014. PSA a donc besoin d'argent, alors que s'ouvrent les négociations avec les syndicats sur la compétitivité.

"On discute activement chez PSA, et évidemment au sein de la famille Peugeot, d'une éventuelle augmentation de capital", affirme à latribune.fr une source proche du dossier. Car, "il va falloir procéder à une telle augmentation".  Le problème, c'est que "la famille Peugeot n'a pas les moyens de suivre. Ca s'agite sur la question. Des discussions ont lieu dans la famille sur le pourcentage acceptable de dilution", indiquent nos informateurs."Nous ne commentons pas cette nouvelle rumeur", a juste relevé un porte-parole officiel de l'entreprise ce mercredi dans la matinée.

Alors que s'ouvrent ce mercredi les négociations avec les syndicats sur la compétitivité, PSA Peugeot Citroën est donc dans une situation financière délicate. Le constructeur automobile a "consommé environ 2,5 milliards d'euros de cash en un an, depuis la dernière augmentation de capital", souligne un expert. Le deuxième groupe automobile européen a donc  " déjà mangé le milliard d'euros de l'augmentation de capital, scellée fin mars 2012, et le produit des cessions d'actifs, de 1,5 milliard depuis un an". Du coup, PSA se "retrouve grosso modo dans la situation de mars 2012" !

1,2 milliard de cash

"En 2013, il faudra que le groupe prenne des décisions", reconnaissait mardi un porte-parole du consortium sans donner plus d'indications. Des précisions pourraient être officiellement données fin juillet prochain, lors de la présentation des résultats financiers semestriels du groupe. Philippe Varin, président du directoire du constructeur, a indiqué que le groupe consommerait 1,5 milliard d'euros sur l'ensemble de l'année 2013. Et ce n'est pas fini. PSA en consommera également en 2014, puisque, selon Philippe Varin lui-même, le retour à l'équilibre n'est pas prévu avant la fin de l'an prochain. Dans le meilleur des cas. L'agence de notation Fitch affirmait d'ailleurs récemment que les objectifs de PSA devraient être reportés à 2015 au mieux.

Pas de quoi renflouer

Problème, il ne reste plus beaucoup d'actifs à vendre. Parmi ceux à priori encore cessibles, il demeure notamment la Banque PSA Finance. Seulement, voilà. Elle a in extremis bénéficié l'an passé d'un sauvetage financier de l'Etat français, sous forme d'une garantie de 1,2 milliard d'euros pour une durée de six mois, expirant en août prochain d'après l'accord avec la Commission européenne. La cession est quasiment impossible en l'état !  Il demeure également les 57,4% dans l'équipementier Faurecia. Mais, ce n'est pas vraiment le moment de vendre. Cette opération ne rapporterait pas plus, de toutes façons, que 900 millions environ. Quant aux reliquats d'actifs immobiliers, il y en a pour 200 millions environ prévus cette année, selon PSA. Bref, pas de quoi renflouer vraiment les caisses, au rythme où PSA perd de l'argent.

La famille Peugeot premier actionnaire

Reste une question : une augmentation de capital, mais avec qui ? Le groupe familial Peugeot demeure le premier actionnaire de PSA, avec 25,2% du capital et 37,9% des droits de vote. La famille fondatrice avait souscrit pour un montant d'environ 140 millions d'euros à l'augmentation de capital de mars 2012.  "Il sera difficile de trouver une modalité d'augmentation de capital qui permette de trouver des candidats tout en n'étant pas trop négative pour l'actionnaire de référence", souligne un fin connaisseur de la situation.

7% pour GM aujourd'hui

GM va-t-il monter ? Pas certain du tout que le constructeur américain y tienne. Deuxième actionnaire de PSA avec 7% du capital depuis l'an dernier, déficitaire depuis plus de dix ans dans ses activités européennes, il a toujours été plutôt enclin à se désengager au moins partiellement de l'Europe. Grâce à l'alliance nouée l'an passé avec PSA, il espèrait avoir enfin trouvé une solution pour sa filiale allemande Opel en crise structurelle, avec le développement de plates-formes communes de véhicules. Il apparait imporbable que le groupe de Detroit souhaite s'engager davantage... en Europe à travers PSA.

Un autre constructeur?  Délicat, alors même que GM est au capital... Et qui? A priori, on ne voit pas. Fiat, qui avait voulu reprendre Opel en 2009, est aujourd'hui pleinement engagé dans le processus de fusion avec son partenaire américain Chrysler... D'ailleurs, une alliance entre les trois malades européens (PSA, Fiat, Opel) ne serait pas l'idéal...

L'Etat français?

L'Etat français pourrait-il entrer au capital ? Pourquoi pas, mais pour y faire quoi ? Et pas sûr que la famille Peugeot apprécierait beaucoup. Et l'Etat français détient toujours 15% de Renault... Un peu incompatible, non ? Restent des investisseurs étrangers, des fonds chinois ou du Golfe. Pourquoi pas ? Abu Dhabi n'est-il pas le deuxième partenaire de l'écurie de rallye Citroën Racing ?  

Crise grave

Toutes les solutions imaginables sont d'autant plus difficiles à mettre en place que PSA est dans une crise grave. Le constructeur, qui a prévu de supprimer 11.200 postes entre 2011et 2014 en France et de fermer son usine d'Aulnay-sous-Bois en 2014, a affiché en 2012 une perte nette de 5,01 milliards d'euros, dont 4,19 milliards pour le second semestre. Celle-ci inclut des dépréciations d'actifs massives, à hauteur de 4,7 milliards. Le groupe a aussi vu son résultat opérationnel courant plonger dans le rouge de 576 millions l'an passé. Dans la seule division automobile, PSA affiche un déficit opérationnel de 1,5 milliard, soit une marge négative de 3,9%. Les ventes mondiales du groupe avaient chuté l'an dernier de 8,8% à 2,82 millions (véhicules montés). Sur le premier trimestre 2013,  le chiffre d'affaires trimestriel du constructeur français a chuté de 6,5% à 13 milliards d'euros, et même de 10,3% pour la seule la division automobile à 8,72 milliards. Sur trois mois, les ventes de PSA ont fléchi de 14,6% à 674.600 véhicules  dans le monde.