BMW vise profits et ventes record… CO2 ou pas, crise ou pas

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Munich  |   |  1422  mots
Le futur monospace compact Série 2 Active Tourer arrivera à la rentrée avec des moteurs trois cylindres. / DR (Crédits : Reuters)
Le constructeur bavarois prévoit de nouveaux profits et ventes historiques cette année. Avec une floraison de véhicules inédits. La marge opérationnelle dans les activités automobiles avait toutefois fléchi l’an dernier mais restait très honorable.

Une floraison de nouveautés. Du jamais vu. Après avoir lancé la petite i3 électrique en fin d'année dernière (avec 11.000 commandes), la firme de Munich va livrer prochainement ses premières nouvelles Mini avec une toute nouvelle plate-forme et des moteurs trois cylindres inédits. Sur cette même plate-forme innovante à traction avant, BMW commercialisera à la rentrée un monospace compact inédit, la Série 2 Active Tourer, un concurrent des Renault Scénic et Peugeot 3008.

Avant cela, arrivera en mai-juin une berlinette i8 révolutionnaire hybride rechargeable à très hautes performances dotée d'un moteur tricylindre de 231 chevaux couplé à une motorisation électrique de 131 chevaux. Avec un tarif autour de… 140.000 euros.

BMW, qui fêtera dans deux ans son centième anniversaire, ne néglige pas pour autant ses créneaux traditionnels, avec un coupé sportif conventionnel Série 2 début mars, en même temps qu'un cabriolet Série 4. Un 4 Gran Coupé à quatre portes sera commercialisé en juin, un 4x4 coupé X4 sera vendu, lui, en juillet. Ouf.

Nouvelles technologies pour abaisser le CO2

Et le constructeur ne compte pas s'essouffler. N'a-t-il pas investi rien qu'en recherche et développement 6,3% de son chiffre d'affaires, soit 4,7 milliards d'euros, l'an dernier ? Il est vrai que, avec des liquidités de 10,7 milliards d'euros au 31 décembre dernier, le constructeur a de quoi voir venir… En 2014, le pourcentage d'investissement en recherche et développement devrait tout de même baisser autour de 5,5%. Mais ce ne sera pas mal non plus !

La firme allemande, connue pour ses voitures sportives, investit notamment dans les technologies « Efficient Dynamics » qui permettent de réduire les consommations et donc les rejets de CO2 qui leurs sont corrélées. Tout en maintenant les performances des véhicules. En-dehors de la gamme « i », les nouveaux moteurs modulaires d'une cylindrée unitaire de 500 centimètres-cubes, déclinables en trois, quatre, puis six cylindres, permettront notamment au groupe d'abaisser encore les émissions.

BMW rappelle que les émissions moyennes des BMW sont passées de « 210 grammes de CO2 au kilomètre en 1995 à 133 en 2013, avec un objectif en 2020 d'une division par deux par rapport à 1995 », soit 105 grammes. Un sacré effort, vu que BMW vend beaucoup de gros véhicules très puissants. Mais BMW compte il est vrai beaucoup pour cela sur sa tout nouvelle gamme « écologique » baptisée « i ». Sans les électriques, la tâche serait impossible, reconnaît la firme. D'où les énormes investissements dans une gamme dont la rentabilité n'est pas prévue pour tout de suite, à tout le moins. Mais, quand on a les moyens… 


La i3 électrique a reçu 11.000 commandes, soit six mois de production.

Excellente année 2014 en vue

« Nous avons enregistré en 2013 de nouveaux records de ventes ainsi que de bénéfices et ainsi atteint les objectifs que nous nous étions fixés », souligne Norbert Reithofer, lors de la conférence de bilan ce mercredi au siège du groupe dans la capitale du Land de Bavière.

Et, « en 2014, nous livrerons plus de deux millions de véhicules avec deux ans d'avance sur l'objectif, avec un bénéfice avant impôts sensiblement supérieur à l'an dernier », pronostique le Président du directoire de BMW.

En 2013, les indicateurs n'ont pas été cependant tous en hausse lorsqu'on se plonge dans le détail des comptes… Le premier constructeur automobile de voitures de haut de gamme, qui avait failli disparaître à la fin des années cinquante, a enregistré ainsi un chiffre d'affaires en légère baisse (-1% à 76 milliards d'euros). Toutefois, son bénéfice avant impôt (EBIT) a augmenté de 1,4% pour atteindre effectivement un record de 7,91 milliard.

Néanmoins, celui-ci a baissé de 12,4% dans les seules activités automobiles, à cause des investissements dans les nouvelles technologies, l'élargissement de la gamme et la hausse des coûts  de lancements selon le constructeur bavarois.

La marge opérationnelle pour les activités automobiles - BMW est aussi un grand fabricant de motos - atteint 9,4%. Avec la Chine (non incluse dans les chiffres publiés), celle-ci frise les 10%, assure BMW. Elle est toutefois en baisse (10,8% en 2012) et se situe en-dessous de celle d'Audi, la filiale « premium » du groupe Volkswagen qui dépasse les 10% et du constructeur de voitures de sport Porsche à 18%. Il n'empêche. Cette marge fort honorable demeure supérieure à celle du groupe Volkswagen dans son ensemble (6%) et des activités automobiles de Renault (1,3%). Le résultat net du groupe munichois, historique quant à lui également, a pour sa part progressé de 4,5% à 5,34 milliards.

Le directoire et le conseil de surveillance proposeront lors de l´assemblée générale des actionnaires, prévue le 15 mai 2014, d'augmenter en conséquence le dividende à un record de 2,60 euros par action ordinaire. La distribution totale s'élèvera à 1,707 milliards d'euros. Le taux de dividende reste inchangé à 32%.


Avec ce coupé quatre portes, BMW n'oublie pas ses belles voitures performantes traditionnelles.

Des ventes obstinément en hausse

La firme munichoise - qui fabrique dans vingt-huit usines de treize pays, mais essentiellement outre-Rhin, en Chine et aux Etats-Unis - a accru l'an dernier ses livraisons dans le monde de 6,4% à 1.963.798 unités, frisant pour la première fois la barre des deux millions (avec ses marques BMW, Mini et Rolls Royce). Sur les deux premiers mois de 2014, les ventes ont encore crû de 6,6%.

Le seul label BMW a accru ses livraisons l'an dernier de 7,5% à 1.655.138 exemplaires. La Série 3 (à partir de 30.000 euros), la voiture de gamme moyenne traditionnelle de la firme dont les origines remontent à la 1.602 du milieu des années soixante, représente le tiers des ventes, avec des ventes en hausse de 23% à plus d'un demi-million. C'est sans doute la plus connue des BMW. Le 4x4 très compact  X1 a progressé de 9,2% à plus de 160.000 unités. A l'autre bout de la gamme, la très luxueuse et élégante BMW Série 6 (coupé, coupé à quatre portes et cabriolet) a vu ses ventes progresser de 19% à des volumes évidemment plus faibles (27.687 unités) vu des tarifs supérieurs à 80.000 euros.


La nouvelle Mini arrive actuellement dans les concessions. Elle reprend les gênes stylistiques du modèle de 1959.

Chine, Etats-Unis et Brésil

La marque anglaise Mini, en plein renouvellement de sa voiture emblématique, a connu pour sa part une petite hausse des volumes  (+1,2%) à 305.030 unités. Mini, en mal de capacités dans son usine britannique d'Oxford, va devoir produire à partir de cet été à Born, aux Pays-Bas, dans une ancienne usine Mitsubishi.  Rare d'être sous-capacitaire à l'heure où PSA, Renault, Opel, Ford, se débattent au contraire dans des surcapacités.

Le label « British », acquis en 1994 avec la reprise de Rover et Land Rover, est le seul rescapé d'une dramatique aventure anglaise qui a coûteé très cher à  BMW. Faute de pouvoir être sauvé, Rover a été en effet recédé six ans plus tard par BMW, après des milliards de pertes, avant de disparaître corps et biens, et le spécialiste des 4x4 Land Rover s'est retrouvé dans l'escarcelle de Ford qui l'a ensuite revendu à l'indien Tata. BMW a gardé donc seulement Mini, ayant le coup de génie de relancer la marque en 2001 avec des produits « chics et mode », dont le style évoque immanquablement le modèle emblématique originel de 1959.

Rolls-Royce, label de prestige acquis pour a part au terme d'une longue lutte avec Volkswagen qui a gardé Bentley, a réalisé aussi un nouveau record de ventes pour la quatrième année consécutive, à 3.630 unités (+1,5%) l'an passé, avec des véhicules à partir de 267.500 euros !

En 2013, le groupe BMW s'est maintenu sur son premier marché, l'Europe, avec 859.546 ventes demeurées stables. En Asie, le bavarois a dépassé le demi-million (+17,3% à 578.678 unités). Aux Etats-Unis, il a progressé de 8% à 376.636 exemplaires. N'oublions pas que le groupe y dispose d'une usine très importante en Caroline du sud qui a démarré en 1994, laquelle fabrique pour le monde entier les très réputés 4x4 X3, X4, X5, X6. La Chine, où les capacités de production seront portées prochainement à 400.000 unités annuelles, et les Etats-Unis représentent 20% environ chacune des ventes de BMW. Celui-ci va par ailleurs ouvrir une usine au Brésil en fin d'année. Pour s'implanter réellement sur ce marché.
Enfin la branche moto, clé puisqu'elle est au coeur de l'histoire de la firme germanique, elle a enregistré aussi un volume de ventes record en 2013 (+8,3% à 115.215 unités).

Les effectifs du consortium allemand ont augmenté quant à eux de 4,2% en 2013 à 110.351 salariés. 4.500 personnes ont même été recrutées en Allemagne l'an passé…