Comment le diesel s'est effondré en seulement quelques années

Par Nabil Bourassi  |   |  425  mots
Sur le marché automobile français, le diesel a passé la barre des 50% de véhicules vendus à partir de l'an 2000. Après avoir culminé à 77% des ventes en 2008, la courbe a commencé à s'inverser à mesure que progressait l'information de la population sur les méfaits pour la santé des émissions polluantes liées à la combustion de ce carburant.
Pour la première fois depuis 2000, les ventes de diesel sont passées sous la barre des 50% au mois de janvier. Si la tendance se confirme sur l'année, elle pourrait faire mentir les prévisions d'un basculement bien plus tardif, en 2020. Les particuliers, eux, ont déjà largement abandonné le diesel, et ce, depuis 2014...

C'était une tendance de fond bien établie, ce n'était donc plus qu'une question de temps... En janvier, la part du diesel dans les ventes de voitures neuves a basculé sous la barre des 50%, à 47,87% pour être plus précis. Pour rappel, cette motorisation est devenue majoritaire en 2000, culminant à 77% des ventes en 2008... Ce basculement met un terme à près de dix-sept années de domination du diesel sur les autres motorisations.

Depuis 2012, cette part n'a cessé de dégringoler, et beaucoup plus vite que les spécialistes l'attendaient. Il y a encore moins de deux ans, les analystes et instituts de prévisions tablaient sur un diesel en-dessous des 50% pas avant 2020... Si la tendance du mois de janvier se confirme sur l'ensemble de l'année, alors cette échéance aura eu trois années d'avance.

Chez les particuliers, la bascule, opérée il y a déjà deux ans, s'accélère

D'après les données livrées par AAA Data, ce basculement avait été accompli par les particuliers dès 2014 et n'a fait que s'accélérer depuis puisque la part des diesel dans les ventes aux particuliers n'a pas dépassé 33% en janvier. En 2012, il représentait 65% des ventes à particuliers.

C'est depuis la classification de ses émissions polluantes en catégorie cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé que le diesel a commencé sa vertigineuse chute. Les scandales de moteurs truqués de Volkswagen (septembre 2015), les soupçons sur des diesel Renault (janvier 2016), n'ont fait qu'ajouter au rejet de cette motorisation.

Mais plus encore, c'est le changement de braquet des politiques publiques qui a porté le coup fatal au diesel : l'harmonisation des fiscalités sur le carburant, l'alignement des régimes de TVA pour les véhicules d'entreprises, le durcissement des bonus malus, les politiques de restriction de circulation et ses innombrables polémiques... Les acheteurs particuliers se sont très rapidement détournés des diesels. Ces politiques doivent se poursuivre dans les années à venir, et pourrait ainsi amplifier le phénomène.

Le diesel ne disparaîtra pas

Jusqu'où ? De nombreux analystes estiment que le diesel ne disparaîtra pas, qu'il est en train de subir un rééquilibrage après avoir atteint un niveau anormalement haut. Avec ses 77% de diésélisation, la France faisait figure d'exception mondiale. En oscillant autour de 50%, l'Hexagone revient autour des standards européens. Reste à savoir s'il ne va pas poursuivre sa baisse, car la France reste hautement diésélisée si on la compare au reste du monde.