Jeep, le fleuron de Fiat-Chrysler convoité à prix d'or

Par Nabil Bourassi  |   |  661  mots
Avec le nouveau Compass, Jeep espère atteindre les deux millions de véhicules dès 2018.
Certains analystes estiment la filiale de Fiat-Chrysler spécialisé dans les 4X4 à près de 30 milliards de dollars. La marque américaine dispose d'une image de marque inestimable dans ce segment extrêmement porteur. Jeep jouit également d'une véritable dynamique grâce à un plan produit ambitieux et très offensif à l'international. La marque espère atteindre les 2 millions d'immatriculations en 2018, loin des 330.000 voitures vendues en 2009 au plus fort de la crise...

Si le groupe porte le nom de Fiat et de Chrysler, ce n'est pas pour ces marques que les acquéreurs sont les plus intéressés... Ces deux marques pataugent depuis des lustres dans leur incapacité à se repositionner et à rénover leur plan produit. Non, la vraie pépite de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) s'appelle Jeep. Une marque qui a tout pour plaire !

À l'heure du boom des SUV, Jeep est probablement la marque la plus légitime au monde sur ce segment avec son passé de véritable 4X4 au sens baroudeur du terme.

Jeep c'est près de 1,4 million de voitures vendues dans le monde (2016), soit un tiers des ventes de FCA. Pourtant, la marque américaine revient de loin. En 2009, en pleine tempête financière américaine, la marque n'avait vendu que 330.000 voitures...

Un plan produit ambitieux

Ce dynamisme, il ne le doit pas seulement au redressement du marché américain, le plan produit y est pour beaucoup. L'arrivée du Renegade en 2015 a permis à la marque de s'imposer en Europe en doublant ses ventes en moins d'un an. Ce petit SUV permet également d'être plus offensif au Japon ou en Inde, des marchés très intéressés par ce petit SUV. L'arrivée du nouveau Compass, dévoilé fin 2016, mais qui arrivera en Europe en septembre, doit également relancer les ventes de la marque puisqu'il s'agit du cœur de gamme de Jeep. Ce SUV de segment C, la catégorie la plus large, est celui qui devrait apporter le plus de volumes d'autant que cette version va cette fois dépasser les frontières américaines et revenir en Europe, mais pas seulement, l'Amérique Latine et la Chine sont dans le viseur. Si bien que chez Jeep on espère faire du Compass le levier de croissance qui permettra à la marque d'atteindre les 2 millions de voitures dès 2018 !

Lire aussi notre analyse : Un constructeur chinois au volant de Fiat-Chrysler ?

Le plan produit ne s'arrête pas là... Un nouveau Wrangler est attendu dans les mois prochains, probablement avec une déclinaison pick-up. Bien entendu, le Cherokee et le Grand Cherokee n'échapperont pas à cette vague de renouvellement, mais plutôt à horizon 2019-2020. Mais Jeep ne veut pas s'arrêter là et voudra proposer un autre SUV de segment B pour étoffer son offre sur ce segment à gros volumes, et réfléchit également à un grand SUV de 7 places pour les États-Unis et la Chine. « Jeep va devenir un généraliste du SUV », selon l'expression d'un porte-parole de la marque.

La Chine dans le viseur

Jeep coche donc toutes les cases puisqu'il s'agit d'une marque très forte, située sur un segment en très forte croissance et à très forte marge, avec une offre en plein renouvellement et surtout très internationalisée. En Chine, Jeep est proche du seuil de 1% de parts de marché avec 106.000 immatriculations en 2016. Mais avec une croissance de 105%, Jeep espère poursuivre sa dynamikque et réaliser une véritable percée sur cet immense marché de 25 millions de voitures.

Pas étonnant que Great Wall soit intéressé par Jeep. Le groupe chinois est le premier constructeur de SUV du pays asiatique avec sa marque Haval, mais il est encore trop petit, la concurrence est rude et les marges étroites. Du haut de ses 1,5 million de voitures, Great Wall pourrait dégager de solides synergies industrielles en acquérant une marque comme Jeep. Sans parler de l'expertise qualité que la marque américaine lui livrerait. Mais Great Wall Motors, moins de 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires, devra débourser près de 30 milliards (selon l'estimation de Morgan Stanley) s'il veut mettre la main sur Jeep...

Si FCA jure n'avoir aucun contact avec Great Wall Motors... Il serait étonnant qu'aucune autre marque ne soit pas déjà en discussion avec la firme dirigée par Sergio Marchionne pour s'emparer de ce véritable bijou...