L'affaire GM&S tourne à l'imbroglio entre l'Etat et les constructeurs

Par latribune.fr  |   |  584  mots
L'Etat a accusé PSA de ne pas participer au tour de table qui doit permettre le sauvetage de GM&S, la PME creusoise menacée de disparition. PSA a opposé un démenti formel, haussant le ton contre des "informations erronées" et mettant en garde contre une nouvelle action syndicale contre l'un de ses sites. A la veille de la décision du tribunal de commerce sur l'avenir de GM&S, ses salariés ont décidé d'accroître la pression en bloquant le site Renault de Villeroy.

L'affaire GM&S est-elle en train de tourner au vinaigre pour le gouvernement et les constructeurs automobiles français ? Alors que le gouvernement tente de sauver l'entreprise creusoise menacée de liquidation judiciaire, les constructeurs automobiles, eux, s'agacent d'être montrés du doigt et ce malgré leurs engagements financiers et industriels.

La tension monte entre PSA et le gouvernement

La tension est montée d'un cran hier après une communication du ministère de l'Economie indiquant que PSA n'était pas prêt à entrer dans le tour de table exigé par le repreneur potentiel, le groupe GMD, spécialiste français de l'emboutissage.

« L'Etat et le groupe Renault ont confirmé leur volonté de financer chacun 5 millions d'euros, soit un total de 10 millions, souligne Bercy dans son communiqué. Le groupe PSA a confirmé ce jour au ministre de l'économie et des finances qu'il ne souhaitait pas participer à ce financement. Il manque donc 5 millions d'euros pour faire aboutir la reprise », peut-on lire dans le communiqué du ministère.

Ce à quoi, PSA a aussitôt répondu par la voie d'un communiqué envoyé tardivement lundi... « Le groupe (PSA, ndlr) regrette que des informations erronées aient pu être diffusées par le Ministère », écrit le premier groupe automobile français. Et de rappeler qu'il s'est « toujours engagé à investir dans GM&S avec un plan précis de 4 millions d'euros permettant de générer un chiffre d'affaires de 36 millions d'euros. PSA est de loin le support le plus important exprimé dans ce dossier ».

Décision imminente du tribunal de commerce

Le tribunal de commerce doit statuer ce mercredi sur le plan de reprise proposé par GMD et qui prévoit de sauver 120 des 277 emplois du site. Les salariés de GM&S ont donc décidé d'accroître la pression. Ce mardi matin, ils ont décidé le blocage du site Renault de Villeroy. Ils réclament un engagement plus important des constructeurs automobiles français mais également des indemnités plus larges pour les salariés qui seront licenciés dans le cadre du plan de reprise.

Le risque est que cette affaire lasse les protagonistes des discussions. PSA a ainsi menacé de se retirer : « La mise en œuvre de ce plan n'est envisageable qu'en l'absence de toute nouvelle action des salariés de GM&S envers un de ses sites qui serait considérée comme une nouvelle agression vis-à-vis de ses 70.000 salariés français. Une telle action délierait le Groupe PSA de tout engagement. » Pour rappel, les salariés de GM&S avaient bloqué, début juillet, le site PSA de Sept-Fons provoquant de lourds dommages dans la chaîne d'approvisionnement industriel de PSA. Le groupe avait même eu recours à des hélicoptères pour acheminer des pièces essentielles à la poursuite de sa production.

Un enjeu local essentiel

Chez le repreneur stéphanois, l'enthousiasme n'est plus le même. Dans un courrier adressé à Carlos Tavares, consulté par Le Monde, Alain Martineau, PDG de GMD, explique : « Cette reprise est uniquement motivée par des conditions d'aménagement du territoire, de difficultés sociales et de perturbations qui sont toutes du ressort des pouvoirs publics. » Autrement dit, la reprise de GM&S est davantage commandée par des exigences politiques locales et nationales, que par une logique industrielle et économique. Il faut dire que l'enjeu pour la Creuse est immense puisque c'est le premier employeur local qui risque de disparaître...