L'Espace Renault fait-il un flop ?

Par Nabil Bourassi  |   |  662  mots
48% des Espace vendus au premiers semestre l'ont été en France.
Le modèle emblématique de la marque automobile française a vu ses ventes baisser de 30% au premier semestre, deux ans seulement après sa commercialisation. Renault compense en revanche largement avec sa nouvelle gamme de SUV (Kadjar et Koleos).

C'est tout un pan de l'histoire de Renault qui s'incarne en un seul modèle : l'innovation, le haut-de-gamme et le leadership ! Mais ce petit bout d'histoire pourrait bien faire partie du passé. Près de deux ans après son lancement, les ventes de l'Espace Renault sont en chute libre. Au premier semestre, il ne s'en est vendu que 11.700 unités soit 30% de moins que sur la même période de l'année précédente (17.000). On est loin des performances des modèles précédents qui se vendaient en moyenne à 35.000 exemplaires, voire à 60.000 unités sur la troisième génération.

Un lancement retardé de quatre ans

Renault a pourtant soigné ce modèle. Son renouvellement prévu initialement pour 2010 avait même été retardé de plusieurs années. Le constructeur français voulait attendre la reprise économique, mais également peaufiner un produit encore trop monospace sur un marché déjà trop tourné vers les SUV... Résultat, Renault révèle la nouvelle mouture de l'Espace en septembre 2014 (pour une commercialisation en mars 2015) avec un concept totalement rénové. À l'époque, on parlait d'une « crossoverisation » de l'Espace afin de coller le modèle à la nouvelle tendance. Force est de constater que le pari a échoué, l'Espace plonge comme plonge le segment des monospaces. Seul le Scénic semble résister à la déconvenue du segment des monospaces avec 53.185 immatriculations au premier semestre contre 48.700 un an auparavant avec la génération précédente.

L'Espace n'a pas plus convaincu les familles puisque ce sont les flottes qui ont constitué l'essentiel des ventes du nouveau modèle à plus de 50%. C'est d'ailleurs la baisse des livraisons aux flottes qui a contribué à la baisse des ventes au premier semestre. « Les grands comptes ont bouclé leur acquisition d'Espace en 2017 porté par un effet nouveauté », nous explique-t-on chez Renault. Enfin, si ce modèle n'avait pas vocation à aller au-delà des frontières européennes, il s'avère que le marché français a constitué 48% des ventes sur ce semestre.

Un impact économique très relatif

Certes, Renault ne dévoile pas les objectifs de vente. Il est toutefois hautement improbable que la marque au losange ait pu tabler sur des volumes aussi faibles deux ans seulement après sa commercialisation. L'impact économique pourrait néanmoins être bien moindre que ce que l'on peut imaginer. D'abord parce que la plateforme de l'Espace est largement partagée et donc amortie par les divers modèles du groupe et de l'alliance. Ainsi, sur cette fameuse plateforme CMF on y trouve la Talisman, Mégane, le Kadjar et le Koleos, mais également le Nissan Qashqai et le X-Trail. Ensuite, Renault précise que les deux tiers des ventes réalisées sont faites sur les finitions les plus élevées, dont 47% sur la finition Initiale Paris, la finition la plus chère. Enfin, la marque au losange indique que l'Espace reste leader du segment E en France et représente même deux fois les ventes du numéro deux. Un argument certes très franco-français, mais qui témoigne de la difficulté de performer sur ce segment très complexe.

Des volumes largement compensés par les SUV

Pas de panique à bord... Car si les ventes sont décevantes, Renault n'est pas pour autant perdant au global puisque la marque a brillamment rénové son offre sur le segment des SUV afin de pallier à ce déficit. Ainsi, le Kadjar s'est vendu à plus de 83.000 unités au premier semestre tandis que le Koleos s'est vendu à 31.300 exemplaires. Une excellente performance pour Renault qui était totalement absent des SUV auparavant (hormis l'ancienne génération de Koleos qui n'avait pas convaincu), et qui se retrouve donc avec des volumes inédits sur cette partie du spectre du catalogue. On note cependant que Peugeot fait bien mieux avec son 3008 vendu à 115.000 exemplaires au premier semestre, en attendant le 5008 à peine commercialisé (juin) et déjà vendu à plus de 21.000 unités...