L'usine Nissan du Mississippi n'aura pas de représentation syndicale

Par latribune.fr  |   |  431  mots
Les ouvriers de Nissan sont venus à plusieurs reprises manifester à Paris pour contraindre l'Etat français à agir en tant que premier actionnaire de Renault, lui-même premier actionnaire de Nissan.
Les syndicalistes essuient une sévère défaite en ne recueillant que 38% des suffrages en faveur d'une représentation syndicale dans cette usine installée dans l'un des Etats les plus pauvres des Etats-Unis. L'UAW, puissant syndicat automobile américain, a accusé la direction de l'usine d'avoir multiplié les intimidations contre les salariés en vue de ce scrutin. Cette affaire avait fait grand bruit en France où les représentants syndicaux étaient venus manifester à plusieurs reprises...

Le constructeur automobile japonais Nissan a mis en échec une tentative du syndicat du secteur automobile américain UAW de s'implanter dans une usine du Mississippi (sud) après un conflit qui a révélé les divisions politiques et raciales qui frappent les Etats-Unis.

Lors d'un scrutin organisé jeudi et vendredi, environ 60% des quelque 3.400 travailleurs autorisés à y participer ont rejeté l'ouverture d'une section syndicale sur le site de Canton, selon les résultats diffusés par le National Labor Relations Board (NLRB), l'autorité fédérale en charge des relations sociales. Environ 3.000 employés à temps partiel et temporaires de l'usine n'étaient pas autorisés à se prononcer.

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L'usine, où 80% des ouvriers sont noirs, est située dans l'une des régions les plus pauvres des Etats-Unis.

L'UAW veut poursuivre le "combat"

Les salariés favorables à l'ouverture d'une section syndicale sur le site ont promis de continuer leur combat. L'UAW (United Auto Workers) a accusé Nissan d'avoir mené une féroce campagne anti-syndicats. Le président de l'UAW Dennis Williams a concédé un revers pour les travailleurs mais refusé de parler de défaite, accusant "Nissan et ses alliés anti-travailleurs" d'avoir usé de manoeuvres "odieuses" pour semer "la peur, la désinformation et l'intimidation". Selon Gary Casteel de l'UAW, Nissan "mène une des plus agressives campagnes anti-syndicats qu'on ait jamais vue dans l'historie moderne américaine".

Nissan satisfait du résultat

Le constructeur, allié au groupe automobile français Renault, a estimé que ce résultat "place Nissan en position concurrentielle pour l'avenir". Dans un communiqué, il a appelé l'UAW à cesser de vouloir syndicaliser les salariés du site. Le groupe japonais a démenti des accusations selon lesquelles il aurait menacé de licencier des salariés en raison de leurs activités syndicales ou de fermer l'usine si les travailleurs votaient pour la création d'une section syndicale.

Une lutte en France

Les représentants syndicaux de l'usine sont venus à plusieurs reprises en France manifester (photo ci-dessus) dont en octobre 2016 avec l'acteur Danny Glover. Ils estimaient que Renault, premier actionnaire de Nissan, mais également l'Etat français, premier actionnaire de Renault, pouvaient agir en leur faveur. Ils avaient été reçu par Christian Hutin (troisième en partant de la gauche), député du Nord, et à l'époque vice-président de la Commission des affaires sociales de l'assemblée nationale. Celui-ci est allé à la rencontre des ouvriers Nissan de Canton à l'été 2016, mais la direction de l'usine a refusé de le recevoir.