L'usine Nissan du Mississippi va enfin pouvoir organiser son scrutin syndical

Les syndicalistes américains de l'automobile se battent depuis trois ans pour organiser un référendum qui doit permettre de constituer (ou non) un syndicat dans cette usine où ils ils qualifient les conditions de travail de très difficiles. Nissan se défend d'enfreindre la loi, expliquant que la sécurité et le bien-être au travail font parti de ses priorités.
Nabil Bourassi
En octobre 2016, Danny Glover (deuxième à gauche) est venu soutenir les ouvriers de l'usine Nissan de Canton dans le Mississippi. Au milieu, Christian Hutin, député du Nord, soutient également le mouvements.

L'usine Nissan de Canton sera donc bientôt fixée... L'UAW (principal syndicat américain de l'industrie automobile) a enfin obtenu le quorum nécessaire pour obtenir un référendum d'entreprise qui permettra de déterminer si cette usine du Mississippi pourra avoir une représentation syndicale. Ce scrutin aura lieu les 31 juillet et 1er août prochain. Les ouvriers doivent adresser au National Labor Relations Board une pétition signée par 30% des salariés. Le NLRB autorise alors la tenue d'un référendum.

Cela fait trois ans que l'UAW accuse la direction de l'usine d'empêcher la tenue de ce scrutin. Le syndicat raconte que celle-ci menaçait de représailles les salariés qui apportaient leur soutien à cette initiative. Une accusation niée par la direction et par le groupe. Nissan estime être en conformité avec la loi. Le groupe rappelle d'ailleurs que l'UAW a déjà essuyé plusieurs échecs lors de référendum de constitution d'un syndicat sur d'autres sites.

Opération coup de poing à Paris

Les ouvriers de Nissan s'étaient pourtant mobilisés pour demander la fin de la politique de représailles de la direction de l'usine. Ils ont été jusqu'à manifester à Paris, sous les fenêtres des bureaux de Carlos Ghosn, alors PDG de Nissan. Ils avaient également demandé à l'Etat français d'intervenir en vertu de son statut de premier actionnaire de Renault, lui-même premier actionnaire de Nissan. Ils avaient alors été reçus par le député du Nord, Christian Hutin, à l'époque vice-président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Celui-ci avait engagé un voyage dans le Mississippi où il a pu rencontrer des ouvriers mais également des élus locaux. La direction de l'usine lui a adressé une fin de non-recevoir.

| Lire aussi : Pourquoi les ouvriers américains de Nissan appellent la France au secours

En octobre dernier, les ouvriers de Nissan avaient tenté une nouvelle opération coup de poing en revenant à Paris, cette fois accompagnés de l'acteur américain Danny Glover. Des ouvriers étaient présents pour décrire les conditions de travail dans l'usine Nissan de Canton.

« Les employés de Nissan veulent des salaires équitables pour tous les salariés, de meilleures garanties, mettre fin aux quotas déraisonnables de production et aux conditions dangereuses de travail dans le Mississippi » a déclaré Nina Dumas, une technicienne de Nissan qui travaille dans l'usine depuis cinq ans. « L'entreprise ne respecte par nos droits. Il est temps de former un syndicat à Canton ».

Nissan se défend

A l'occasion de l'Assemblée générale des actionnaires de Renault en juin, un actionnaire a interrogé Carlos Ghosn sur cette affaire. Celui-ci a alors assuré que la loi et les réglementations étaient parfaitement respecté dans cette usine. Contacté par La Tribune en octobre dernier, un porte-parole de Nissan US s'était défendu de violer la loi:

"Dans toutes les installations Nissan partout dans le monde, la décision de rejoindre ou de ne pas rejoindre un syndicat est entièrement du ressort de l'employé et nous respectons ce droit. Ainsi, les employés de l'usine Nissan de Smyrna dans le Tennessee ont voté, à deux reprises, contre une représentation de l'UAW. À Canton, il n'y a jamais eu suffisamment de marques d'intérêts pour organiser un tel scrutin. Il a également rappelé que "la sécurité et le bien-être font partie des plus hautes priorités de la direction de Nissan".

Verdict le 1er août sur l'issue du référendum qui doit autoriser ou non, la création d'un syndicat dans cette usine.

Nabil Bourassi

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