Moratoire CO2 : PSA et Renault taisent leur divergence et lancent un audit

Par Nabil Bourassi  |   |  512  mots
Les deux constructeurs automobiles français avaient marqué leur divergence quant au soutien à un texte demandant des aménagements sur l'application de la nouvelle réglementation CO2 en Europe. Ils vont lancer une étude d'impact de cette nouvelle contrainte, dans le contexte de grave crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus.

Renault et PSA vont-ils finir par faire front commun face à la réglementation CO2 ? D'après nos informations, ils ont en tout cas trouvé un terrain d'entente en mettant en place une mission d'évaluation de l'impact de la crise du coronavirus sur le secteur automobile et ses conséquences sur les objectifs CO2, mis en place depuis le début de l'année par la Commission européenne.

L'ACEA a déjà tranché

A l'issue de cet audit, que les constructeurs vont conduire en collaboration avec les pouvoirs publics, ils décideront alors de soutenir ou non, de concert, une demande d'aménagements de cette réglementation très contraignante.

Cette semaine, l'Association des constructeurs européens d'automobile a adressé un courrier à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, pour réclamer un moratoire sur cette réglementation, ainsi que La Tribune l'avait annoncé la semaine dernière. Ce courrier rédigé par Mike Manley, président de l'ACEA, mais également patron de Fiat Chrysler Automobiles, a fait l'objet de longues tractations entre constructeurs. Les uns étant opposés à un moratoire estimant qu'il réduirait à néant les immenses efforts fournis pour être dans les clous cette année, tandis que d'autres ont fait valoir que les amendes encourues, des centaines de millions d'euros, voire des milliards, seraient intenables compte tenu des pertes qu'ils s'attendent à enregistrer cette année avec la crise du coronavirus.

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Bercy en soutien

Pour rappel, les constructeurs doivent respecter un objectif de 95 grammes de CO2 par kilomètres et par voitures vendues. La Commission européenne infligera une amende de 95 euros par gramme supplémentaire et par voiture vendue, à la fin de l'année.

La France a illustré cette divergence puisque PSA a défendu l'idée d'un statu quo tandis que Renault aurait davantage plaidé pour des aménagements sur les effets de cette réglementation dans un contexte de crise. A Bercy, on a accueilli plutôt favorablement l'idée d'un moratoire, estimant que des amendes trop lourdes pourraient contaminer toute la chaîne de valeurs, et donc des PME et ETI qui seront déjà largement affaiblies par la crise du coronavirus. Le CNPA qui défend ce tissus d'entreprises avait ainsi pris fait et cause pour un tel moratoire. Il restait toutefois à dégager un consensus au niveau des deux constructeurs tricolores.

Une initiative trop française ?

L'étude d'impact que les constructeurs sont en train de mettre en place doit permettre de déterminer les réels besoins d'aménagement, ou du moins leur nécessité. Pas certain toutefois qu'ils soient déterminants puisque l'enjeu de la réglementation CO2 se joue à l'échelle européenne et ne répondra pas au seul périmètre des constructeurs automobiles français. Les tractations pourraient donc se poursuivre pour parvenir à un consensus plus large que le seul écosystème Hexagonal.

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