Moteurs défectueux : Renault menacé d'une action en justice massive (400.000 véhicules concernés en France)

Par latribune.fr  |   |  805  mots
Les moteurs concernés étaient produits entre 2012 et 2016 à Valladolid (Espagne) et Sunderland (Royaume-Uni) à 400.000 exemplaires, et équipaient toute la gamme de Renault (Clio 4 -ci-desssus-, Mégane, Kangoo, entre autres) mais aussi des Dacia (Duster, Dokker, Lodgy), le Mercedes Citan ou des Nissan (moteur 1.2 DIG-T pour le Juke, Qashqai 2 et Pulsar). (Crédits : DR)
Un vice caché sur le moteur de Renault 1.2 TCe? Et qui pourrait présenter un danger? L'affaire soulevée par l'UFC-Que Choisir en 2019 resurgit avec la menace lancée hier par un avocat qui tente d'ouvrir une action collective contre le constructeur français. Les marques Renault, Dacia, Nissan et même Mercedes sont concernées car ce bloc essence a été monté sur de nombreux modèles entre 2012 et 2016 (Clio 4, Scénic 3, Kadjar, Kangoo, Mégane, Captur, Duster 1, Lodgy, Juke 1, Qashqai 2, Citan...). Environ 4.000 victimes ont constitué un groupe Facebook.

C'est l'affaire du moteur Renault 1.2 TCe révélée en mai 2019 par l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir qui a resurgi dans le JDD samedi dernier 8 janvier avec l'interview de l'avocat qui veut organiser la défense des propriétaires victimes de problèmes mécaniques sur leur véhicule équipé de ce moteur.

Et hier, mardi 10 janvier, Me Christophe Lèguevaques, a donné une conférence de presse pour confirmer son intention de lancer une action collective contre Renault. Motif: les voitures équipées des moteurs essence 1.2 TCe et 1.2 DIG-t (série Euro 5 de type H5), fabriqués par Renault entre octobre 2012 et juin 2016, sont victimes d'une surconsommation d'huile, ce qui augmente les dépenses d'entretien mais aussi la pollution émise, et peut parfois occasionner une casse moteur entre 65.000 et 125.000 kilomètres.

Cette casse moteur peut entraîner une facture de près de 10.000 euros avait relevé l'UFC-Que Choisir qui dénonçait non seulement une prise en charge aléatoire de ces frais par la marque mais aussi le refus du constructeur de "mettre en œuvre une campagne de rappel ou procéder à une action corrective efficace et généralisée".

Des centaines de milliers de moteurs concernés

Cette action collective pourrait prendre beaucoup d'ampleur car elle concerne les marques Renault, Nissan, Dacia mais aussi Mercedes, a annoncé mardi leur avocat. En effet, ces moteurs produits à Valladolid (Espagne) et Sunderland (Royaume-Uni) à 400.000 exemplaires, équipaient toute la gamme de Renault (Clio, Mégane, Kangoo, entre autres) mais aussi des Dacia (Duster, Dokker, Lodgy), le Mercedes Citan ou des Nissan (moteur 1.2 DIG-T pour le Juke, Qashqai 2 et Pulsar).

En France, 133.050 véhicules en ont été équipés, selon Renault. L'UFC-Que Choisir n'a pas les mêmes chiffres et parle de "plus de 400.000 véhicules concernés", et d'un défaut qui a "également été identifié dans d'autres pays européens".

Un groupe Facebook de 4.000 automobilistes victimes

Pour appuyer sa démarche, l'avocat a cité quelques-uns de témoignages de ses clients tant sur l'aspect mécanique que du côté du SAV.

"Le voyant moteur de ma Clio IV s'est allumé, perte de puissance subite et la voiture s'est brutalement arrêtée sur l'autoroute", témoigne une automobiliste citée par l'avocat.

Il a cité cet autre témoignage:

"L'expertise est toujours en cours. Renault m'oppose un mauvais entretien du véhicule et notamment le non-remplacement des bougies en 2020 à seulement... 18.661 km".

Me Christophe Lèguevaques a conclu en accusant le groupe automobile:

Le constructeur "connaît le vice caché de ces moteurs et la dangerosité ainsi engendrée (...) mais il n'a "procédé à aucun rappel systématique des véhicules concernés pour de tenter de résoudre les problèmes."

D'abord un référé afin de préparer le lancement de l'action collective

Par cette prise de parole publique, ce spécialiste des actions collectives tente aussi de rassembler en ligne plusieurs centaines de clients concernés pour forcer Renault à mieux les indemniser. Car pour l'instant, seule une vingtaine s'est inscrite à la class action. Pour augmenter ce nombre, il compte sur les près de 4.000 propriétaires victimes qui sont déjà en contact via un groupe Facebook.

Dans le détail, maître Lèguevaques compte d'abord lancer un référé afin d'obtenir des informations sur ces moteurs de la part de la marque. Ceci afin de pouvoir citer Renault devant un tribunal "avec des éléments suffisants pour montrer que la responsabilité de la marque est engagée".

Le constructeur Renault tempère les accusations

Renault de son côté a confirmé avoir constaté une surconsommation d'huile sur "une faible partie des modèles". "On a fait du cas par cas", a souligné un porte-parole de la marque, qui rejettent en partie le problème sur ses clients:

"Si les clients ont été scrupuleux sur l'entretien, on a eu une prise en charge totale." (...) "90% des clients qui nous ont adressé des demandes ont bénéficié d'une prise en charge totale ou partielle."

Et Renault réfute en ces termes la demande de l'UFC-Que Choisir de procéder à un rappel global:

"Il n'y a pas eu de rappel global car le moteur "n'est pas considéré comme un élément de sécurité."

La réplique de l'UFC-Que Choisir à cette affirmation le 31 juillet dernier :

"Ce qui par ailleurs reste à prouver si le moteur casse alors que l'on roule sur autoroute à 130 km/h ou que l'on descend un col de montagne." 

(avec AFP)

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ANNEXE

Sur son site, l'UFC-Que Choisir a listé les véhicules concernés:

Renault (moteur 1.2 TCe 115, 120 et 130 ch)

  • Captur
  • Clio 4
  • Kadjar
  • Kangoo 2
  • Mégane 3
  • Scénic 3
  • Grand Scénic 3

Dacia (moteur 1.2 TCe 115 et 125 ch)

  • Duster
  • Dokker
  • Lodgy

Mercedes (moteur 1.2 115 ch)

  • Citan

Nissan (moteur 1.2 DIG-T 115 ch)

  • Juke
  • Qashqai 2
  • Pulsar

 (source: le Questions-Réponses de l'UFC-Que Choisir)