Nouvelle alliance Renault-Nissan : les derniers obstacles sont levés

Par latribune.fr  |   |  723  mots
Renaut et Nissan vont enfin revoir les modalités du contrat qui les unit après des discussions qui durent depuis des mois. (Crédits : Valentyn Ogirenko)
Lors d'un conseil d'administration de Nissan qui s'est tenu  lundi, les directeurs indépendants du constructeur japonais ont, selon l'AFP, « donné leur feu vert » à une refonte de l'alliance Renault-Nissan. Un conseil opérationnel de l'alliance est prévu le 26 janvier et les accords devraient être signés « la semaine suivante ». Renault devrait réduire sa part au capital de Nissan à 15% et le constructeur japonais va prendre jusqu'à 15% du capital d'Ampère le futur pôle électrique de Renault.

Les blocages sont levés. Plus de 20 ans après leur mariage en 1999, Renault et Nissan vont enfin revoir les modalités de leur alliance qui les unit après des discussions qui durent depuis des mois. Selon l'AFP, lors d'un conseil d'administration de Nissan lundi, les directeurs indépendants du constructeur japonais ont « donné leur feu vert », Un conseil opérationnel de l'alliance est prévu le 26 janvier à Tokyo pour finaliser les accords et ces derniers devraient être signés « la semaine suivante », selon cette même source. « Nous ne commentons pas les spéculations », a réagi une porte-parole de Nissan.

En fin de semaine dernière, l'agence Reuters assurait que le conseil qui s'est réuni lundi allait valider le moyen pour Nissan de préserver les brevets technologiques du groupe japonais dans la réorganisation engagée par son partenaire français. Un point crucial qui permet d'ouvrir la voie au très attendu accord global sur le rééquilibrage de l'alliance. Tout n'est pas calé, mais il n'y a plus rien de bloquant.

Le dossier Renault-Nissan a, par ailleurs été au menu des discussions lundi dernier à Paris entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Fumio Kishida, alors que l'État français possède 15% du constructeur tricolore. Et un courrier du ministre français de l'Économie Bruno Le Maire à ses homologues du ministère nippon de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) a été déterminant pour achever de rassurer certains administrateurs indépendants de Nissan sur les intentions de Paris, selon la même source.

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Dans ce rééquilibrage, le groupe français prévoit de réduire sa part au capital de Nissan à 15% contre 43,7% actuellement.  Ainsi, pour la première fois depuis leur mariage, les deux groupes se retrouveraient sur un pied d'égalité, chacun détenant 15% du capital de l'autre et avec autant de droits de vote.

De vives tensions après la chute de Carlos Ghosn

Ce rééquilibrage est perçu des deux côtés comme un moyen de normaliser et de rendre plus efficaces les relations entre les deux groupes qui ont connu de vives tensions par le passé, comme après la chute du patron de l'alliance Carlos Ghosn, arrêté fin 2018 au Japon.

Les quelque 28% du capital de Nissan que Renault s'engagerait à vendre seront d'abord placés dans un trust créé à cet effet. Car leur valeur de marché actuelle est très inférieure à celle inscrite dans les comptes du constructeur français, qui attendra des jours meilleurs pour les céder.

Nissan va investir dans le futur pôle électrique de Renault

Ensuite, Nissan va également prendre jusqu'à 15% du capital d'Ampere, le futur pôle électrique de Renault devant être introduit ultérieurement en Bourse. Le montant exact et les technologies que Nissan apportera dans Ampere restent encore à définir, « mais ce n'est pas bloquant » désormais pour signer un accord. Les discussions sur ce point ont longtemps achoppé sur le partage de la propriété intellectuelle (IP) et des brevets.

Mitsubishi, troisième partenaire de l'alliance franco-japonaise a déjà souligné qu'il ne se positionnerait pas sur « Ampere » tant que les discussions avec Nissan ne seront pas bouclées.

Dans une industrie automobile mondiale engagée dans une course à marche forcée à l'électrification, les technologies associées sont en effet un enjeu stratégique pour les entreprises comme pour la France et le Japon. L'Etat français, principal actionnaire de Renault, soutient les discussions en cours, mais à condition qu'elles aident « au renforcement et au développement de la stratégie d'avenir du groupe (Renault) et de l'alliance », soulignait Emmanuel Macron dans une interview aux Echos, à la veille du Mondial de l'auto. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait aussi insisté à son tour pour dire qu'il attendait des garanties sur le maintien de projets communs en matière industrielle et technologique.

Enfin, concernant Horse, le futur pôle regroupant à l'étranger les activités de Renault dans les moteurs thermiques avec le chinois Geely, Nissan, selon la source de l'AFP,  n'a plus d'objections depuis quelques mois, des restrictions d'usage pour certaines de ses technologies ayant été aménagées.

(Avec agences)