Renault Kwid : pourquoi ce succès indien n’est pas prêt d’arriver en Europe

Par Nabil Bourassi  |   |  694  mots
Depuis son lancement, cette petite voiture à la garde au sol remontée - histoire de lui donner une allure de SUV - a déjà été commandée à près de 150.000 exemplaires.
L'arrivée du Kwid, cette petite voiture à 3.500 euros, a permis à Renault de percer sur le marché indien, compensant l'essoufflement des ventes du Duster. La marque au losange a annoncé son arrivée sur le marché sud-américain, mais n'a pas encore tranché sur l'opportunité d'un lancement commercial en Europe dont l'équation économique est autrement plus compliquée...

Encore un nouveau succès pour Renault ! Dans le concert de lancements de la marque au losange, il y en a un qui fait naître de grands espoirs... Le Kwid, lancé en Inde en septembre 2015, a permis à Renault de gagner au premier semestre 2,3 points de parts de marché sur ce marché très difficile, pour caresser le seuil des 4% de parts de marché.

Depuis son lancement, cette petite voiture à la garde au sol remontée - histoire de lui donner une allure de SUV - a déjà été commandée à près de 150.000 exemplaires. Si le départ a été "canon", le rythme de ventes reste satisfaisant (plus de 56.000 commandes entre janvier et juillet), tant et si bien que la production peine à suivre la demande. Renault signale qu'il faut compter plusieurs mois d'attente pour être livré.

En 2007, Renault avait raté son entrée sur le marché indien

C'est un immense succès pour Renault, lui qui a toujours peiné sur le marché indien. La marque au losange avait totalement raté son arrivée dans cet immense pays de près de 1,2 milliard d'habitants, mais au marché minuscule de moins de 2 millions d'immatriculations par an. En 2007, la Logan badgée Renault était un échec cuisant alors même qu'elle était configurée pour conquérir les marchés émergents.

"Les ingénieurs de l'époque n'avaient même pas pris la peine de changer le sens des balais d'essuie-glaces alors que les indiens roulent à gauche", lance, ironique, un cadre du groupe sous couvert d'anonymat.

La marque au losange refuse toutefois d'abandonner et décide de frapper un grand coup en se relançant avec le Duster, son SUV conçu initialement pour sa marque Dacia mais décliné sur les marchés émergents sous le badge Renault.

Un Duster "2" pour contrer l'offensive du Breeza de Maruti ?

Excellent instrument de conquête, il connaîtra meilleure fortune en Inde que la Logan. Sauf que, les ventes de la voiture la plus vendue du groupe Renault dans le monde, s'essoufflent en Inde. Sur sept mois, les ventes ont baissé de près de 28%.

Désormais, le Kwid représente les deux tiers des ventes de Renault dans le pays. Un porte-parole du groupe explique que cette chute est consécutive à l'arrivée d'un Duster phase 2, ce qui a provoqué des reports d'achats. En conséquence, les équipes sur place s'attendent à une reprise des ventes du célèbre SUV dans le pays. Mais, la concurrence se veut plus agressive avec l'arrivée du Breeza de Maruti, un des plus grands constructeurs automobiles locaux.

Pour Renault, le Kwid pourrait devenir un outil de conquête commercial au même titre que le Duster. D'ailleurs, le groupe vient d'annoncer qu'il sera lancé au Brésil accompagné du Captur et du Koleos. Il s'agit d'étoffer l'offre SUV mais à la différence du Captur et du Koleos, le Kwid a été conçu sur un modèle à bas coût.

Sécurité/Prix: une équation économique pour l'instant insoluble

La problématique d'internationalisation du Kwid tient justement sur son équilibre économique. Vendu autour de 3.500 euros en Inde, cette petite voiture très low-cost n'est pas éligible, en l'état, aux normes de sécurité en vigueur en Europe.

Renault rappelle pourtant qu'il est "particulièrement attentif à la sécurité de ses clients" en insistant sur le fait qu'il a "notablement amélioré" la sécurité du véhicule par rapport aux premiers modèles testés.

"Nous apprécions les corrections apportées par Renault et nous attendons de pouvoir tester une nouvelle version améliorée avec airbags", a ainsi déclaré David Ward, sécrétaire général de Global NCAP, qui regroupe les différentes instances de tests de sécurité régionales (EuroNcap en Europe).

Il n'empêche, l'équation est difficile à résoudre car il faut équiper la voiture de manière à la rendre "homologuable" en Europe, tout en préservant la compétitivité du véhicule. Pour Renault, la question est donc loin d'être tranchée, et juge tout à fait possible que le Kwid ne soit jamais commercialisé en Europe...