Tesla réussit l'exploit de livrer ses voitures, mais pour combien de temps encore ?

Par Nabil Bourassi  |   |  677  mots
(Crédits : Aly Song)
A contre-courant de l'ensemble des constructeurs automobile, la marque américaine poursuit ses livraisons en France malgré le confinement. Ceci grâce à des process innovants de livraisons sans contact. Cette méthode ne pourra néanmoins pas durer si le confinement devait durer.

Comme toujours, Tesla sort du lot... Dans le contexte catastrophique d'un marché automobile aux abois, la marque automobile américaine spécialisée dans les voitures 100% électrique a fait état d'immatriculations en hausse au premier trimestre... Mieux, elle a dépassé les attentes avec 88.400 voitures livrées, contre 80.000 anticipées par les spécialistes.

La "livraison sans contact"

C'est bien mieux que les 63.000 livraisons enregistrées un an auparavant, mais nettement moins que les 112.000 du trimestre précédent. Mais, cela reste toutefois une performance de taille dans un contexte de confinement sur des marchés importants comme la Chine, l'Italie ou la France. Tesla a réussi à contourner la contrainte de ce régime qui interdit les déplacements et ferme les concessionnaires automobiles, en proposant des "livraisons sans contacts" à ses clients. Un doute sur l'application du décret instaurant le confinement a, un temps, hypothéqué l'opportunité de poursuivre les livraisons alors que la fermeture des concessions était devenue obligatoire. Le CNPA, le syndicat qui représente les professionnels de l'automobile, a fait préciser par l'Etat que le régime du confinement autorisait néanmoins les "activités de livraisons et de retraits de commandes". Pour récupérer ces véhicules, les clients doivent toutefois justifier de "l'achat de fournitures nécessaires à l'activité professionnelles" dans leur attestation dérogatoire de déplacement.

Lire aussi : Industrie automobile: après l'hécatombe, les constructeurs peuvent-ils rebondir ?

Plusieurs procédés ont été expérimentés comme la livraison avec déverrouillage à distance via une clé dématérialisée sur une application smartphone. Pour Tesla, ce procédé est facilité par la taille de son réseau qu'il possède en intégralité en France (soit cinq centres de services) et par des volumes de ventes qui n'implique pas des logistiques monstrueuses. En raison de sa taille, Tesla a pu être réactif et flexible dans la réponse donnée à ce régime exceptionnel.

Un carnet de commande très fourni en France

D'autant que sur le marché français, Tesla disposait fin décembre d'un carnet de commandes plus fourni que d'habitude car de nombreux clients ont passé commande avant le 31 décembre pour profiter du bonus de 6.000 euros sur certains de ses modèles avant qu'il ne passe à 3.000 euros le 1er janvier. Mais si le procédé de livraisons sans contact est innovant, il ne permet pas de livrer tous les véhicules commandés. Le process est effectivement plus long, et des clients ont préféré surseoir à la livraison le temps du confinement.

Tesla dispose d'un stock qui lui permettra de continuer à livrer ses clients pour les semaines à venir, même ceux qui ont commandé récemment sur Internet puisque l'achat 100% digitalisé est possible sur le site de la marque.

Sauf que Tesla pourrait voir son stock s'assécher en cas de prolongement des régimes de confinement puisque la principale usine du groupe, celle de Fremont en Californie, est suspendue depuis la mi-mars. Pis, Tesla pourrait ne pas être réapprovisionné une fois les confinements levés en Europe si celui-ci se poursuit aux Etats-Unis où le Covid-19 est arrivé bien plus tard.

Résilience commerciale... Et boursière !

En tout état de cause, la crise du coronavirus montre que l'entreprise fondée par Elon Musk reste résiliente. Les doutes sont définitivement levés sur sa capacité à augmenter ses cadences de production, là où elle pêchait encore face à des process industriels encore trop peu rôdés il y a deux ans à peine. La capitalisation boursière est en retrait de 31% depuis un mois, soit presqu'autant que le reste du secteur. Mais même sans cela, Tesla continue à être valorisée près de 100 milliards de dollars, contre moins de 27 milliards de dollars pour General Motors. Ainsi, le titre garde pour acquis la forte hausse de ces derniers mois: +21% depuis le 1er janvier, et même +119% en six mois. Même la confiance des marchés en Elon Musk est résiliente en ces temps d'incertitudes...