Voiture autonome : Cruise, la filiale de General Motors, rappelle ses véhicules après un accident

Par latribune.fr  |   |  1044  mots
De nombreux constructeurs travaillent à rendre les voitures autonomes, il reste encore du chemin avant d'arriver à un résultat satisfaisant. (Crédits : Reuters)
Cruise a rappelé 80 voitures aux Etats-Unis et en a changé le logiciel après une collision d'un véhicule de sa flotte n'ayant pas correctement prédit la trajectoire d'un autre véhicule. L'accident symbolise la difficulté des constructeurs à fiabiliser les voitures autonomes.

Cruise, la filiale de General Motors spécialisée dans la conduite autonome, première à avoir obtenu l'autorisation de transporter des passagers payants à bord de ses robotaxis à San Francisco, a envoyé en début de semaine une notice à l'agence américaine en charge de la sécurité routière (NHTSA), qui en a pris acte dans une lettre datée de mercredi.

Cruise y explique qu'une de ses voitures a été percutée le 3 juin à l'arrière par un autre véhicule après avoir soudainement freiné alors qu'elle tournait vers la gauche pour éviter d'entrer en collision frontale avec cet autre véhicule arrivant sur le carrefour.  Selon un rapport remis à une agence californienne, deux personnes ont été légèrement blessées.

La police a déterminé que l'autre véhicule était le principal responsable de l'accident dans la mesure où il n'était pas sur la bonne voie et roulait à une vitesse supérieure à la limite. La NHTSA n'a toutefois pas complètement exclu la responsabilité de Cruise, estimant que son logiciel pouvait, « dans certaines circonstances quand il tourne à gauche sans protection, conduire le système de conduite autonome à mal prédire la trajectoire d'un autre véhicule ou à n'être pas suffisamment réactif au soudain changement de direction d'un conducteur ».

 Tesla est dans la tourmente

Des ennuis qui font écho à ceux de Tesla. L'agence en charge des véhicules à moteur en Californie (DMV) a accusé début août le constructeur de mentir aux consommateurs sur ses technologies de conduite autonome, et a déposé des plaintes auprès d'un tribunal administratif de l'Etat.

Tesla « a fait ou diffusé des déclarations fausses ou trompeuses, et non fondées sur des faits », a déclaré le DMV dans ces plaintes déposées le 28 juillet, a indiqué le Los Angeles Times. Les voitures Tesla n'ont jamais pu, « et ne peuvent aujourd'hui pas, fonctionner comme des véhicules autonomes », selon le document cité par le média américain.

Le DMV reproche à Tesla un langage publicitaire qui donne à ces systèmes des performance plus larges qu'ils n'en ont réellement. Une victoire de l'autorité californienne face au constructeur de véhicules électriques pourrait avoir des conséquences sévères, allant jusqu'à la révocation des licences autorisant Tesla à fabriquer ou vendre ses voitures en Californie, indique encore le LA Times, qui précise que les mesures envisagées concernent plutôt la précision des informations que le fabricant devra fournir à ses clients.

De plus, selon un rapport publié en juin par l'Agence américaine de la sécurité routière, des véhicules de marque Tesla équipés du logiciel de conduite autonome ont été impliqués dans 273 accidents aux États-Unis.

En juin, le patron de Tesla, Elon Musk, avait souligné l'importance de la conduite entièrement autonome pour l'entreprise, ajoutant que sans cela, la valeur de son entreprise serait « proche de zéro ».

Apple n'y est pas

Cruise et Tesla ne sont pas les seuls à convoiter ce marché. Mais le très secret projet de voiture d'Apple est encore très loin d'aboutir après huit ans de grandes ambitions et changements de direction. Contrairement à ses concurrents, la marque à la pomme entend commercialiser des voitures déjà entièrement autonomes.

Selon le site spécialisé The Information, qui dit avoir parlé à une vingtaine de personnes ayant fait partie du projet, Apple, qui n'a jamais admis travailler sur un projet de voiture autonome, a péché dans plusieurs domaines, mais c'est surtout le logiciel d'autonomie, censé détecter les potentiels obstacles et ajuster la conduite en conséquence, qui lui pose problème.

Le projet, baptisé Titan, aurait souffert de trop grandes ambitions, comme d'essayer de construire une voiture complètement nouvelle, et de nombreux départs de cadres expérimentés, notamment à cause du manque de soutien des dirigeants. Apple teste ses prototypes avec un chauffeur de secours à Los Angeles, San Diego et autour du Lac Tahoe. Mais en début d'année, l'un d'entre eux a failli renverser un piéton à 25 km/h, et une enquête interne a déterminé que l'incident aurait eu lieu sans l'intervention in extremis de l'employé au volant.

Volkswagen pourrait rentrer dans la course

La concurrence est aux aguets. En abandonnant une fraction de son contrôle sur Porsche, Volkswagen pourrait ainsi obtenir les milliards nécessaires pour financer ses investissements dans la voiture électrique, connectée et autonome. Le groupe de Wolfsburg ne cache pas vouloir utiliser cette manne pour se mettre au niveau de l'Américain Tesla et de ses concurrents chinois, plus avancés dans ces domaines.

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DES NAVETTES AUTONOMES CIRCULENT DANS L'INDRE

Plusieurs communes de l'Indre expérimentent jusqu'à fin 2022 un service de navettes automatiques présenté comme une première mondiale. Sans jamais dépasser les 50 km/h, un fourgon rose, vert et bleu traverse la Brenne et ses étangs, sans conducteur. Néanmoins, pour des raisons de sécurité, un « opérateur » se place tout de même derrière un volant qui tourne tout seul. Il reprend par exemple la main quand la navette doit dépasser un véhicule mal garé. Quant aux pédales, elles s'enfoncent et se relèvent sans y toucher, le tout sur un trajet de 17 kilomètres parcourus en 36 minutes.

Gratuit pour les usagers, le service, en place jusqu'au 31 décembre, a coûté près de 800.000 euros, investis pour moitié par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) dans le cadre du programme Expérimentations navettes autonomes (ENA).

« On ne cherche pas une expérimentation technique mais plutôt sociétale », explique Jean-Bernard Constant, responsable numérique à la communauté de communes Coeur de Brenne. « Il y a 150 expérimentations en France. En revanche très peu sur la ruralité. Et autant de kilomètres sur voie ouverte, c'est une première mondiale. » Il ajoute : « On a des habitants qui n'ont pas du tout de solution de mobilité et qui l'utilisent de façon régulière. L'étape suivante, c'est que l'opérateur derrière le volant soit derrière un écran et gère plusieurs navettes. Là on aura une vraie logique de développement territorial d'avenir ».

(Avec AFP)