Voiture connectée : l'UE veut faire du wifi la nouvelle norme face à la 5G

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Si l'Union européenne suit la proposition de la France, elle pourrait réviser le standard des voitures connectées sous un an au lieu de trois actuellement. (Crédits : Broadcom)
Afin d'accélérer le déploiement des voitures connectées, l'Union européenne doit soumettre, au mois de novembre, un projet de loi qui devrait faire du Wifi le nouveau standard de ce type de véhicule au détriment de la 5G. Mais constructeurs automobile, fabricants de puce et entreprises de télécommunication sont divisés sur le sujet. Deux groupes, l'un favorable à la norme wifi, l'autre partisan de la 5G, s'opposent.

La Commission européenne semble avoir tranché. L'exécutif aurait décidé de privilégier l'utilisation du wifi à la 5G pour les voitures connectées et devrait soumettre, le mois prochain, aux Etats et aux parlementaires de l'Union européenne (UE), un projet en ce sens. Son adoption est prévue pour 2019. Une annonce cruciale pour les constructeurs automobiles les opérateurs télécoms et les équipementiers de réseaux : le marché des voitures connectées à internet est estimé à plusieurs milliards d'euros par an et devrait encore croître à l'avenir avec les nouvelles possibilités offertes grâce au commerce en ligne et aux annonceurs publicitaires.

Deux normes, deux camps

Les voitures connectées sont déjà disponibles depuis plusieurs années en Europe mais la Commission veut accélérer leur déploiement et inciter les constructeurs à coopérer davantage pour mettre sur les routes des voitures plus sûres et plus efficaces. Les critères d'homologation qu'elle définira peuvent ainsi influer sur les achats des automobilistes et sur les montants des polices d'assurance. Aussi, si la Commission européenne semble avoir déjà entériné son choix, deux puissants groupes continue néanmoins de s'affronter sur ce dossier. Chacun rassemble des constructeurs, des fabricants de puces et des groupes de télécoms. D'un côté, Renault, Volkswagen, NXP, Autotalks et Kapsch TrafficCom, militent pour le standard wifi, qui, selon eux, a suffisamment été testé et standardisé dans le cadre de projets financés par les pouvoirs publics.

Aussi, le projet de loi de la Commission européenne pourrait octroyer un avantage certains à cette frange d'industriels qui a misé sur cette technologie, face à leurs concurrents ayant parié sur la future génération de réseaux mobiles. Parmi ces derniers, PSA, Daimler, Ford, Deutsche Telekom Ericsson, Huawei, Intel, Qualcomm ou encore Samsung plaident pour la technologie alternative de 5G, baptisée C-V2X, qui ouvre, selon eux, de plus vastes perspectives. Les partisans de la norme wifi ITS-G5, essentiellement destinée à l'interconnexion entre les voitures, la jugent plus adaptée aux besoins d'une communication rapide, notamment pour éviter les accidents. Dans le même temps, les adeptes de la norme 5 G C-V2X affirment qu'elle permet de relier les voitures et les objets se trouvant dans leur environnement, ce qui ouvre un champ plus large d'applications en matière de divertissement, de données de circulation et de navigation où la rapidité de la transmission et la qualité du signal ne sont pas aussi essentielles.

Un délais de révision ramené de trois à moins d'un an ?

Dans cette lutte à couteaux tirés, si le projet de la Commission ouvre la voie à la mise en circulation de voitures équipées de la technologie wifi ITS-G5, il prévoit toutefois un réexamen de la situation au plus tard trois ans après l'entrée en vigueur de cette mesure afin de tenir compte d'éventuelles évolutions technologiques comme... la 5G. De fait, cela signifie qu'il faudra des mois, voire des années à la technologie alternative de 5G pour obtenir une autorisation de la Commission même si ses partisans s'attendent à un délai plus court.

A ce sujet, la France, pourtant favorable à la technologie à base de wifi, a proposé un compromis désormais en discussion : il s'agirait d'introduire une clause contraignant la Commission européenne à revoir ses règles en moins de douze mois si une nouvelle technologie était approuvée. Pour sa part, la Commission européenne a refusé de s'exprimer sur ces projets. "Actuellement, la Commission cherche à définir le meilleur cadre européen pour favoriser les bons investissements en la matière et garantir une interopérabilité entre les systèmes existants et le développement de nouvelles technologies", a-t-elle dit. Si elle privilégiait le wifi, l'UE se distinguerait des Etats-Unis et de la Chine, qui voient davantage d'avenir dans la norme C-V2X.

(Avec Reuters)