Algérie : les groupes de BTP français boudent le marché du logement

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  463  mots
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En dépit des appels du pied d'Alger, les groupes français du BTP ne veulent pas s'engager sur le marché de la construction des logements en Algérie. Outre un marché très compétitif, ils craignent les retards de paiement de l'Etat algérien.

Les groupes français boudent le marché du logement en Algérie. Les appels lancés par le gouvernement algérien aux étrangers pour participer au programme de réalisation de deux millions de logements sont restés sans écho auprès des entreprises françaises, malgré la crise qui sévit en Europe. Contrairement à l'Espagne, au Portugal et à la Chine, qui ont obtenu un quota de 50.000 logements pour leurs entreprises, les groupes français se sont montrés jusqu'ici peu intéressés par la construction de logements en Algérie.

Officiellement, les entreprises de l'Hexagone sont peu compétitives devant leurs rivales espagnoles, portugaises, turques et surtout asiatiques. "Nos entreprises ne sont pas compétitives dans la construction de logements en Algérie en raison des prix bas. En revanche, les groupes français sont intéressés par la réalisation de bâtiments administratifs ou hôtels haut de gamme où l'offre financière ne prime pas", explique une source française.

L'Algérie, mauvais payeur ?

En Algérie, l'offre financière prime dans le choix des entreprises pour la réalisation de logements. "Les entreprises cassent les prix au départ pour obtenir des projets pour ensuite obtenir des révisions à la hausse, avec la complicité de l'administration fortement corrompue", explique un entrepreneur algérien. Le peu d'intérêt affiché par les groupes français au logement algérien n'est pas seulement lié à leur compétitivité. Il s'explique aussi par la mauvaise réputation de l'Etat algérien auprès des entreprises et des investisseurs étrangers : retards dans les paiements, instabilité juridique, réglementation des marchés publics floue, difficultés de rapatrier les dividendes, corruption généralisée, manque de fiabilité des études des grands projets, environnement économique hostile, pressions judiciaires, etc.

Les exemples sont nombreux. Par exemple, Vinci a vécu une mauvaise expérience avec le chantier de la première ligne du métro d'Alger, inaugurée il y a une année. L'Algérie avait longtemps refusé de payer le géant français du BTP. Il aura fallu l'intervention de Jean-Pierre Raffarin, chargé du suivi des investissements français en Algérie, pour débloquer la situation. D'autres entreprises comme TSO (Travaux du sud-ouest), Colas Rail ont eu d'énormes difficultés à se faire payer en Algérie. Même les Chinois, réputés proches des Algériens, n'ont pas été épargnés. Le groupement Citic-Crcc, qui a obtenu en 2006, la réalisation de deux tronçons de plus de 600 kilomètres de l'autoroute est-ouest pour plus sept milliards de dollars, peine à obtenir d'Alger les payements sur des travaux supplémentaires réalisés. Ces travaux ont été pourtant ordonnés par le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul.