Servier : un nouveau médicament suspect

Par latribune.fr  |   |  557  mots
Copyright Reuters
Servier s'enlise. Alors que l'hypothèse d'une mise en examen du laboratoire se précise, Libération révèle ce mercredi que les effets secondaires d'un autre médicament du laboratoire, le Protelos, auraient été dissimulés.

"Servier, le labo à scandales", titre Libération ce mercredi. Selon ses informations, le laboratoire ne s'est pas contenté de falsifier les rapports sur les dangers du Mediator. Il aurait également dissimulé les effets secondaires du Protelos, un médicament contre l'ostéoporose, sur le marché depuis 2004.

Rédigé en 2010 par l'Afssaps, l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, à la demande de l'Agence européenne des médicaments (EMA), le document cité par le quotidien, conclut que des "violations" de la réglementation, parfois "graves" ont été commises par Servier. Certaines de ces violations affectent "de façon négative la sécurité ou le bien-être des patients ou posant un risque potentiel pour la santé publique". Parmi les effets indésirables non déclarés ou amoindris, il est question du syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse, "ptotentiellement mortel" et d'insuffisance rénale aiguë. Servier préfère parler d'effets "concurrents accessoires"....

Le rapport a été jugé si inquiétant que l'EMA a ordonné une réévaluation de tous les médicaments de Servier , ainsi qu'une nouvelle inspection du labo", affirme Libération. Une action en justice pourrait donc être entamée.

"La répétition des faits, au fur et à mesure qu'on avance dans le temps, montre qu'il s'agit de méthodes qui font partie d'une culture d'entreprise. C'est cela qui est grave pour le laboratoire Servier , qui par ailleurs s'enferme dans le déni concernant la façon dont il a introduit le Mediator sur le marché", a déclaré le député socialiste Gérard Bapt et président de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator et la pharmacovigilance sur i-télé.

Mise en examen imminente

Les juges d'instruction à Paris ont convoqué Servier en vue d'une possible mise en examen dans le cadre du Médiator. Me Hervé Temime, l'un des avocats du laboratoire, n'a toutefois pas voulu préciser la date. "Des convocations ont été envoyées en vue d'une mise en examen des laboratoires", a dit l'avocat.

Mardi, Le Figaro rapportait que le professeur Jean Charpentier, neurochirurgien ayant travaillé pour Servier dès la fin des années 1960, s'est dit devant les juges "très étonné de voir le Mediator sortir comme antidiabétique car cela n'a rien à voir sur le plan expérimental, ni sur le plan clinique".

Libération ajoutait que ce chercheur aujourd'hui à la retraite "a aussi confirmé que son rapport a été modifié pour supprimer toute référence à l'effet coupe-faim du Mediator ainsi que sa parenté chimique avec l'amphétamine". "Le mot amphétamine était à éviter pour présenter un dossier à l'AMM (autorisation de mise sur le marché)", a dit Jean Charpentier, cité par Le Figaro.

Des propos démentis par Hervé Temime, avocat de Servier, sur Europe 1 mardi matin. "Les laboratoires Servier n'ont pas trompé les autorités en masquant le fait que le Mediator était un coupe-faim, ce qu'il n'était pas", a-t-il dit.

Plus tard dans la journée, l'avocat annonçait pourtant à l'AFP que "des convocations ont été envoyées en vue d'une mise en examen des laboratoires", sans préciser ni la date, ni les chefs de mise en examen.

Le Mediator, prescrit comme antidiabétique à plusieurs centaines de milliers de personnes entre 1976 et 2009, est soupçonné d'avoir causé de 500 à 2.000 décès en France.