Réforme des professions réglementées : les pharmaciens contre-attaquent

Par latribune.fr  |   |  559  mots
L'IGF recommande, entre autres, d'étendre aux grandes surfaces la vente de médicaments sans ordonnance pour faire baisser les prix, afin de "rendre" 400 millions d'euros de pouvoir d'achat aux Français. Or, selon l'Ordre, "dans les faits le prix des médicaments à prescription facultative non remboursabes progresse moins vite que l'inflation".
L'Ordre des pharmaciens a publié vendredi sur son site internet sa réponse au rapport de l'Inspection général des finances qui servirait de base au gouvernement pour réformer les professions réglementées. Affirmant que celui-ci "est entaché par des erreurs dont le nombre et l'ampleur est édifiant", il estime aussi que sa "conclusion (...) est fausse".

Les pharmaciens réagissent. Dans un document de 107 pages mis en ligne vendredi, l'Ordre de la profession démonte point par point le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) sur lequel le gouvernement veut se baser pour réformer 37 professions "réglementées" à l'accès limité, parmi lesquelles figure notamment celle de pharmacien.

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"On accuse les pharmaciens de retenir du pouvoir d'achat aux Français: nous prouvons que cela est faux", explique la présidente de l'Ordre, Isabelle Adenot.

 "La conclusion centrale du rapport IGF est fausse"

Le gouvernement s'appuie notamment sur les conclusions de l'IGF qui recommande, entre autres, d'étendre aux grandes surfaces la vente de médicaments sans ordonnance pour faire baisser les prix, afin de "rendre" 400 millions d'euros de pouvoir d'achat aux Français. Mais, selon l'Ordre, "la conclusion centrale du rapport IGF est fausse: dans les faits le prix des médicaments à prescription facultative non remboursables progresse moins vite que l'inflation".

"Il est démontré, par une étude du tiers de confiance CELTIPHARM, avec une méthodologie rendue publique, sur une base de 3.000 pharmacies (échantillon représentatif) et de la totalité des médicaments à PMF non remboursables (plus de 2.000) que le prix de ces médicaments identiques entre 2009 et 2013 a augmenté (1%) moins vite que l'inflation (1,6%) et ce, alors qu'en 2011, le taux de TVA de ces médicaments a augmenté de 1.5%", affirme notamment le communiqué de presse accompagnant le document.

Par exemple, le prix moyen du citrate de Betaïne a baissé de 0,3% en moyenne par an, celui de l'Humex Rhume de 0,7%, et celui de l'Efferalgan Vitamine C de 0,2%, an, détaille le texte, précisant que "pour une totale transparence, les données sont publiées aujourd'hui en open data sur le site du gouvernement" ainsi qu'en annexe de la réponse de l'Ordre.

"Une compilation d'âneries"

Dans une interview au quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France de vendredi, Isabelle Adenot estime plus globalement que le rapport de l'IGF est "une compilation d'âneries".

"Le rapport est entaché par des erreurs dont le nombre et l'ampleur est édifiant et oblige à se poser la question du sérieux du travail de l'IGF", souligne l'Ordre dans son communiqué de presse.

L'Ordre dénonce ainsi l'utilisation "de données ou d'affirmations inexactes, de contradictions, d'études à la méthodologie non dévoilée, de panels non représentatifs".

Rappelant "qu'en dépit de demandes répétées le rapport IGF n'a jamais été rendu public par le Gouvernement", l'Ordre des pharmaciens annonce par ailleurs publier "aujourd'hui lui-même sur son site www.ordre.pharmacien l'annexe sectorielle du rapport IGF sur la profession de pharmacien titulaire d'officine".

Une logique "exclusivement financière"

La réponse insiste enfin sur "la logique exclusivement financière de l'IGF (qui) la rend inapte à comprendre le contexte dans lequel se déploie la profession de pharmacien et rend ses recommandations dangereuses pour les Français".

Et l'Ordre de conclure:

"Ceux qui sur la base d'une étude aberrante briseront une construction patiemment mise au point, adaptée aux réalités du pays, sécurisante pour les Français et efficace économiquement, joueront aux apprentis-sorciers. L'Ordre national des Pharmaciens défendra coûte que coûte les intérêts des Français."