Un responsable de l'EMA dit qu'"un lien clair" existe entre thromboses et vaccin AstraZeneca

Par latribune.fr  |   |  500  mots
"Parmi les personnes vaccinées, il y a un nombre de cas de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes supérieur à ce à quoi nous nous attendrions. Cela nous devrons le dire" a assuré Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l'Agence européenne des Médicaments (EMA) dans son interview publiée mardi dans le quotidien italien "Il Messagero". (Crédits : SERGIO PEREZ)
Début mars, après des cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées avec le produit d'AstraZeneca, plusieurs pays (Danemark, Norvège, Islande, puis France, Allemagne, Italie, Espagne...) avaient suspendu le vaccin. Une première enquête préliminaire de l'Agence européenne des médicaments (EMA) ayant conclu qu'il n'existait aucun lien, les vaccinations avaient repris. Mais le doute a persisté à l'EMA, et l'interview de ce responsable explicite en partie la position que devrait tenir l'Agence à l'issue de sa réunion du 6 au 9 avril, et dit aussi l'inquiétude concernant notamment "un nombre (anormal) de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes".

Dans une interview au quotidien italien Il Messaggero publiée ce mardi, un responsable de l'EMA confirme l'existence d'un "lien" entre le vaccin AstraZeneca et les cas de thrombose observés après son administration. Alors que l'EMA doit se réunir sur le dossier du 6 au 9 avril, Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l'Agence européenne des Médicaments (EMA) affirme ainsi:

"Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu'il y a un lien avec le vaccin. Ce qui cause cette réaction, cependant, nous ne le savons pas encore."

Il ajoute:

"Pour résumer, dans les prochaines heures nous dirons qu'il y a un lien, mais nous devons encore comprendre comment cela se produit."

Un nombre anormal de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes

Depuis plusieurs semaines des suspicions sont apparues sur de possibles effets secondaires graves, mais rares, après l'observation chez des personnes vaccinées avec AstraZeneca de cas de thromboses atypiques.

Marco Cavaleri précise:

"Nous cherchons à obtenir un tableau précis de ce qui se passe, à définir de manière précise ce syndrome dû au vaccin (...) Parmi les personnes vaccinées, il y a un nombre de cas de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes supérieur à ce à quoi nous nous attendrions. Cela nous devrons le dire."

La difficile équation avantages/risques

Des dizaines de cas ont déjà été recensés, dont plusieurs se sont soldés par un décès. Au Royaume-Uni, il y a eu 30 cas et sept décès sur un total de 18,1 millions de doses administrées au 24 mars.

Jusqu'ici, l'EMA soutenait qu'"aucun lien causal avec le vaccin n'est prouvé", même s'il est "possible", et que les avantages de la vaccination contre le coronavirus l'emportent toujours sur les risques.

Pour Paul Hunter, spécialiste en microbiologie médicale de l'université d'East Anglia interrogé par l'AFP, "les éléments de preuves penchent plutôt dans le sens que le vaccin Oxford-AstraZeneca soit bien la cause".

Valse hésitation sur l'âge recommandé pour le vaccin AstraZeneca

Par précaution, plusieurs pays ont décidé de ne plus administrer ce vaccin en-dessous d'un certain âge, comme la France, l'Allemagne et le Canada. La Norvège et le Danemark ont carrément suspendu son utilisation pour l'instant. L'EMA avait dans premier temps autorisé ce vaccin à toute la population âgée de plus de 18 ans, mais la France l'avait réservé aux plus de 65 ans en l'absence de données sur son efficacité en dessous de cet âge, plus ensuite l'avait élargi sans limite d'âge, puis, nouveau retour en arrière, aux plus de 55 ans.

|Lire le communiqué de la HAS : Covid-19 : la HAS recommande d'utiliser le vaccin d'AstraZeneca chez les 55 ans et plus

De son côté, AstraZeneca a assuré en mars qu'il n'y avait "aucune preuve de risque aggravé", et assuré samedi que "la sécurité des patients" constituait sa "principale priorité".

(Avec AFP)