La vente en ligne de substances illicites décolle en Europe

Par Henriette Jacobsen, Euractiv  |   |  599  mots
Les ventes « secrètes » en ligne se déroulent surtout sur des sites qui ne sont pas accessibles via des navigateurs ordinaires et de nombreux outils permettent de dissimuler les identités des utilisateurs et l'emplacement physique des serveurs. (Photo: comprimés d'amphétamine MDMA (ecstasy), une drogue dite récréative mais aux effets incontrôlables)
Les ventes de substances illicites sur Internet augmentent, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Une tendance qui a pour effet de multiplier l’éventail de produits disponibles. Un article de notre partenaire Euractiv.

Si la plus grande partie des drogues et produits illégaux est toujours achetée en personne, les ventes en ligne sont sur le point de révolutionner le marché, grâce aux nouvelles technologies, à la mondialisation et à l'innovation commerciale, assure l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA).

Les ventes en ligne pourraient donc bientôt avoir le même effet sur le marché des substances illicites que eBay, Amazon et PayPal ont eu sur les marchés légaux, estiment les experts de l'EMCDDA dans un nouveau rapport, Internet et les marchés des drogues (en anglais).

Evolution numérique

« Presque tous les types de produits illégaux peuvent aujourd'hui être achetés sur Internet et livrés par la poste, sans aucune interaction directe entre vendeur et client », explique Dimitris Avramopoulos, commissaire européen à la migration, aux affaires intérieures et à la citoyenneté. « Le marché illicite évolue et nos moyens de lutte doivent évoluer de la même manière. »

Les ventes « secrètes » en ligne se déroulent surtout sur des sites qui ne sont pas accessibles via des navigateurs ordinaires et de nombreux outils permettent de dissimuler les identités des utilisateurs et l'emplacement physique des serveurs.

Les médias sociaux et applications sont à présent également de plus en plus utilisés, souligne le rapport. Des ventes ont ainsi lieu dans des petits groupes sur les réseaux sociaux, grâce à la langue vernaculaire du secteur.

Il y a dix ans, les produits médicinaux les plus souvent achetés en ligne étaient des produits thérapeutiques naturels ou à base de plantes, des produits de désaccoutumance au tabac et des produits de beauté ou d'amélioration des performances sexuelles. Plus récemment, l'EMCDDA a vu augmenter en flèche les ventes de médicaments visant à gagner du muscle ou perdre du poids.

Marché virtuel de la drogue

« Qu'il s'agisse de vente dans l'espace public ou dans l'appartement d'un dealer, l'achat de drogue est traditionnellement associé à des personnes en chair et en os et à des lieux précis. Si la majorité des échanges se font encore dans le monde physique, les marchés virtuels sont en pleine croissance et offrent un éventail de produits plus large aux acheteurs », explique Alexis Goosdeel, directeur de l'EMCDDA.

Cette évolution est particulièrement « inquiétante », parce que la maîtrise du numérique est de plus en plus répandue et que l'éventail de produits disponibles est de plus en plus large, souligne-t-il.

[Cet article est également disponible en anglais.]

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CONTEXTE

L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) existe depuis 1993. Cette agence européenne décentralisée a été inaugurée à Lisbonne en 1995.

L'EMCDDA a pour mission de donner à l'UE et à ses États membres une vision factuelle des questions liées à la drogue et aux substances illicites et des éléments concrets sur lesquels baser le débat.

Les législateurs se servent des données fournies par l'EMCDDA pour élaborer des lois et stratégies informées sur la drogue. L'agence aide également les professionnels et praticiens à déterminer les meilleures pratiques et à délimiter de nouveaux sujets de recherche.

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PROCHAINES ÉTAPES

  • 5 avril : L'EMCDDA, Europol et le commissaire aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, présenteront le nouveau rapport sur Internet et les marchés de la drogue.

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DOCUMENT DE RÉFÉRENCE

   EMCDDA

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Par Henriette Jacobsen, EurActiv.com (traduit par Manon Flausch)

(Article publié le 12 févr. 2016)

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