Mylan visé par une enquête après avoir décuplé le prix d'un médicament

Par latribune.fr  |   |  481  mots
Le prix de l'EpiPen de Mylan est passé de 100 dollars à plus de 600 dollars en quelques années aux Etats-Unis.
Le procureur de New York soupçonne le laboratoire américain d'avoir mis en place des pratiques anticoncurrentielles pour vendre l'EpiPen, un traitement contre les chocs allergiques graves dont le prix a été multiplié par six en quelques années.

"Un examen préliminaire montre que Mylan Pharmaceuticals pourrait avoir introduit des clauses potentiellement anticoncurrentielles dans les contrats de ventes de l'EpiPen passés avec de nombreux organismes gérant les écoles locales", affirme Eric Schneiderman, procureur de l'Etat de New York, dans un communiqué publié le 6 septembre.

Et de poursuivre:

"Si Mylan a mis en place des pratiques anticoncurrentielles ou violé les lois antitrust, avec pour intention et but de limiter la concurrence, nous le tiendrons responsable", poursuit le procureur qui affirme allouer les ressources nécessaires à cette enquête "cruciale".

Polémique sur le prix de l'EpiPen aux Etats-Unis

Le prix de l'EpiPen, un auto-injecteur d'épinéphrine fréquemment prescrit aux enfants ayant de sévères allergies alimentaires par exemple, est passé de 100 dollars à plus de 600 dollars en quelques années aux Etats-Unis.

Révélée fin août, cette information a causé un tollé jusque dans la classe politique, notamment de la candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, qui s'est dite scandalisée par la hausse exponentielle du coût de ce traitement jouissant d'un quasi-monopole aux Etats-Unis.

Le geste de Mylan ne convainc pas

Devant les protestations, Mylan a annoncé dans la foulée des mesures pour rendre ce médicament plus abordable mais sans pour autant convaincre. Le groupe a décidé par exemple de distribuer des cartes de paiement permettant de couvrir environ 50% du prix de l'EpiPen, vendu par paquets de deux.

"Aucune vie d'enfant ne devrait être mise en danger parce qu'un parent, une école ou un assureur-santé ne peut s'offrir un simple appareil médical sauvant des vies en raison des pratiques anticoncurrentielles d'un laboratoire pharmaceutique", dénonce Eric Schneiderman.

Contacté par l'AFP, Mylan rejette des allégations de pratiques anticoncurrentielles et affirme qu'"il n'y a pas de condition d'achat" préalable pour bénéficier de son programme EpiPen proposé aux écoles. Celui-ci prévoit notamment la fourniture gratuite d'auto-injecteurs d'épinéphrine.

"Plus de 700.000 auto-injecteurs ont déjà été distribués gratuitement à 65.000 écoles participant au programme depuis le début", se défend encore le groupe.

Mardi, peu perturbée par l'ouverture de cette enquête, l'action Mylan prenait 0,43% à 40,22 dollars en fin de séance au Nasdaq.

Multiplication des scandales sur le prix des médicaments

Le débat sur le prix des médicaments fait rage depuis plusieurs mois aux Etats-Unis et plusieurs auditions ont déjà été organisées au Congrès sur ce thème. Les laboratoires Turing avaient notamment augmenté il y a un an de quelque 5.000% le prix d'un médicament, le Daraprim, utilisé contre le paludisme et des co-infections du sida.

Un autre laboratoire, le canadien Valeant, qui avait aussi augmenté rapidement le prix de plusieurs de ses médicaments, a été la cible d'accusations de manipulations comptables et a vu son titre fortement chuter en Bourse.

(Avec AFP)